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RDC : Matata revenu pour «braver l’injustice»

L’ancien Premier ministre dénonce et qualifie le rapport de l’Inspection générale des Finances, qui fonde son interpellation, de truffé de mensonges et contrevérités. Il affirme n’avoir jamais pris un seul centime destiné à ce projet agroindustriel ni n’avoir la prétention de voler…

Selon les lois et règlements en vigueur en RD-Congo, toute personne accusée en justice est présumée innocente jusqu’à ce que le tribunal l’acquitte ou la condamne. C’est le cas de l’homme à la cravate rouge, Matata Ponyo, trainé aujourd’hui devant le Tribunal dans le dossier du parc agro-industriel de Bukanga Lonzo. Sur invitation de la justice à comparaitre, l’ancien Premier ministre a mis fin à son long séjour en Guinée Conakry pour rentrer à Kinshasa dimanche 9 mai, «braver l’injustice», selon ses propres mots. A sa descente d’avion à l’aéroport international de N’Djili, les services de sécurité n’ont pas voulu le laisser s’exprimer devant les journalistes. Le sénateur a pu les réunir dans son cabinet de travail pour se dédouaner des allégations pesant sur lui concernant le présumé détournement des fonds alloués au parc Agroindustriel de Bukanga Lonzo. Les premiers mots sortis de sa bouche sont défensifs.

L’ancien Premier ministre dénonce et qualifie le rapport de l’Inspection générale des Finances, qui fonde son interpellation, de truffé de mensonges et contre-vérités. Il affirme n’avoir jamais pris un seul centime destiné à Bukanga Lonzo ni n’avoir la prétention de voler. «Je ne crains pas la justice. J’ai foi en elle puisque je ne me reproche de rien, voilà pourquoi je suis rentré dans mon pays», a-t-il confié aux chevaliers de la plume présents dans ses bureaux douillets Kiyo ya Sita, en plein centre des affaires de Kinshasa, déplorant l’instrumentalisation de la justice au travers «un rapport mensonger qui distille des contre-vérités dans le but de nuire à sa personne».

Par ce retour au pays, refusant de se soustraire à la justice, Matata dit confirmer son leadership courageux, martelant qu’il n’y a pas «de progrès sans leadership». Il a laissé entendre que par amour à son pays, il a décliné plusieurs offres juteuses des institutions internationales ce, après avoir quitté la fonction du Premier Ministre, rien que pour la RD-Congo. «Pendant 7 ans d’exercice de hautes fonctions de la République, dont deux années au ministère des Finances et cinq années à la Primature, Matata Ponyo Mapon a œuvré pour la bonne gouvernance et les résultats ont été visibles, les meilleurs d’ailleurs depuis 1960», s’est-il vanté. Et d’ajouter: «C’est inacceptable un pays comme le nôtre, 60 ans après, qu’on continue à parler du néocolonialisme, ce n’est pas quand-même les Belges qui demandent à une institution comme l’Inspection générale des Finances de produire un rapport plein de mensonges contre un fils de ce pays». Puis: «Si j’avais peur, je ne serais pas de retour. Je ne crains rien. Sinon, je ne serais pas de retour». Puis encore: «notre existence ne se fonde pas sur la jouissance. Moi, je suis venu à l’humanité pour offrir le progrès, le bien être». Quant à la demande de la levée de ses immunités, Matata Ponyo ne reste pas muet.

«Si le respect de la vérité était respecté, on ne peut pas demander la levée de mes immunités parlementaires du fait que le dossier de l’IGF sur lequel fonde l’action judiciaire contre moi est un dossier truffé de contre-vérités et mensonges grossiers», a-t-il dit,  promettant à l’opinion de mettre à nu ce rapport. Dans certains milieux, le dossier Matata est présenté comme une démarche politique visant à écarter de la course un autre potentiel candidat Président de la République après Vital Kamerhe. Tend-on vers un procès d’Etat? Les tenants de cette thèse l’insinuent en évoquant les réalisations de Matata Ponyo susceptibles d’être brandies comme des arguments de campagne en face de n’importe quel concurrent. Ils parlent entre autres de la création de Transco et Congo AirWays; le lancement du projet Esprit de vie, la construction de l’aérogare modulaire de N’Djli et de l’Immeuble Intelligent, le siège actuel du gouvernement; ainsi que la réfection de la dizaine d’immeubles devenus aujourd’hui le QG d’une quinzaine de ministères, de la Cour constitutionnelle, du CSAC, etc.

Octave MUKENDI 

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