Dossier à la UnePolitique

RD-Congo: dialogue ou rien!

Le Secrétaire Général des Nations Unies, Ban Ki-Moon et Christian Clages, Chef de la Division africaine subsaharienne au ministère fédéral allemand des Affaires africaines
Le Secrétaire Général des Nations Unies, Ban Ki-Moon et Christian Clages, Chef de la Division africaine subsaharienne au ministère fédéral allemand des Affaires africaines
De Ban Ki-moon à Tom Priello en passant par Manuel Domingos Vicente et Christian Clages, toutes les grandes chancelleries se sont prononcées en faveur d’un dialogue politique, d’une «transition politique» et de la tenue des élections à «bonne date» en RD-Congo
La semaine qui s’achève a été très riche en déclarations liées à la situation politique en RD-Congo. Toutes les grandes chancelleries allant jusqu’au numéro un des Nations unies ont donné de la voix. Jamais comme auparavant! Principalement au menu: la tenue des élections et le dialogue politique. Sur le dialogue, toutes les grosses écuries, alors toutes sont unanimes, le qualifiant de la «voie royale pour une transition politique et un processus électoral apaisés».
A toutes ces déclarations, il faut ajouter celles des partis et regroupement politiques tant de la MP que de l’Opposition. Si la MP a, dans sa dernière livraison, lancé presqu’un ultimatum aux Opposants qui tergiversent encore, alors que le SG de l’UDPS, Bruno Mavungu, lui, estime que le passage de Ban Ki-Moon à Kinshasa suffit pour donner assez de crédit au dialogue et garantir la participation de son parti -en attendant le communiqué qui viendra certainement de Bruxelles-, le G7 en featuring avec la Dynamique de l’Opposition se sont produits le samedi, réitérant leur refus au dialogue dans son format actuel et récitant mot à mot ce qu’ils ont retenu du discours du SG des Nations unies à Kinshasa. En fait, ce qui les arrange, ce qui va dans le sens de leurs attentes et aspirations. Malhonnête tout de même de la part de ces cadres nationaux car cela dénature le discours tenu à Kinshasa par le Sud-coréen. Retour sur une semaine riche en actualité politique.
Si le Vice-président angolais, Manuel Domingos Vicente, n’était pas très attendu sur la question liée au dialogue en RD-Congo, ce n’était pas du tout le cas pour le Secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon. Après les tentatives avortées de médiation entreprises par Saïd Djinit, après la mission d’exploration d’Edem Kodjo réalisée entre Kinshasa et Bruxelles sans un grand succès, après différentes communications des uns et des autres contre ou pour le dialogue, après que Kodjo a transmis à Dlamini Zuma le rapport de sa mission d’exploration, après le communiqué conjoint signé par les Nations unies, l’OIF, l’Union africaine et l’Union européenne appelant toutes les parties au dialogue et désignant Edem Kodjo comme facilitateur, après toute la polémique suscitée…il fallait forcément un recadrage du SG des Nations unies, à défaut de tenter de nouveau à concilier les vues. Voilà qui a amené Ban Ki-Moon à Kinshasa.
En dehors de la participation à l’ouverture de la Conférence internationale sur les investissements privés dans le secteur des Grands lacs, le voyage du patron de l’ONU en RD-Congo était hautement politique. Après ses rencontres avec les délégués de l’Opposition, de la Majorité et de la Société civile, le Sud-coréen a rencontré le Chef de l’Etat RD-Congolais avant de se livré à la presse dans l’auditorium du Fleuve Congo hôtel de Kinshasa: «la majorité des gens que j’ai rencontrée est favorable au dialogue. J’en ai fait part au Président Kabila et je l’ai encouragé à convoquer ce dialogue». Puis: «il n’y a pas une autre voie pour avoir un processus électoral apaisé si pas le dialogue».
Le patron des Nations unies ne s’est donc pas dédit comme l’attendait une certaine opinion opposée au dialogue. Un message clair adressé non seulement à la classe politique RD-congolaise et à la Société civile, mais aussi à tous les délégués et représentants des organisations internationales qui étaient dans sa suite.
Le ton est donné! Fini ce temps où chacun pouvait venir à son tour faire un show médiatique et vendre cher son nom aux médias tant internationaux que locaux. L’ONU veut désormais que tout le monde parle un et un seul langage: le dialogue! C’est ne pas pour rien que le dernier communiqué a été signé par presque toutes les organisations internationales classiquement impliquées dans les affaires de la RD-Congo.
 
Mobilisation pour la RD-Congo de Kabila
Un peu plus tôt dans la journée de mercredi, c’est le Vice-président angolais, Manuel Domingos Vicente, représentant personnel d’Edouardo Dos Santos, président angolais et président en exercice de la CIRGL, de lancer un vibrant appel au dialogue. Appelé à prononcer le discours du président de la CIRGL à la Conférence internationale sur l’investissement privé dans la région des grands lacs, l’Angolais n’a pas tari d’éloges sur toutes les avancées enregistrées dans la sous région. Des avancées qu’il faut à tout prix consolider afin de permettre à la sous région de décoller.
Selon Vicente, le chemin royal pour y arriver reste le dialogue. D’où le sens de son appel lancé concomitamment à la classe politique RD-congolaise, au Burundi, au Soudan du sud et à la République centrafricaine. Le vendredi, c’était le tour de l’Allemagne et des Etats Unis d’entrer en danse. Présent dans la capitale, le Chef de la Division africaine subsaharienne au ministère fédéral allemand des Affaires africaines a répété: «le dialogue est la voie indiquée pour une transition apaisée en RD-Congo». Puis: «j’ai demandé aux amis de l’Opposition de rencontrer Monsieur Kodjo en vue de participer à ce dialogue au nom de l’intérêt de la Nation».
Et à ceux qui croient encore en un dialogue convoqué par la Communauté internationale, la réponse a été non: «l’ONU qui a nommé M. Kodjo pour la facilitation a démontré combien elle est engagée dans ce processus. Il faut l’écouter», a ajouté Christian Clages, affirmant non seulement parler au nom de son pays, «le plus important de l’Union européenne» mais aussi au nom des tous les amis européens de la RD-Congo.
Quelques minutes plus tard, au centre culturel américain, c’est Tom Periello, l’envoyé spécial de Barack Obama dans la région des Grands qui s’illustre. Discours uniforme avec l’Allemand. «Dialogue, transition politique apaisée et élections à bonne date», peut-on retenir en substance. Une grosse messe venait d’être dite, pourront dire certains. En faveur de qui? De la RD-Congo! L’unanimité autour du dialogue est là! La balle est désormais dans le camp du Président de la République et garant de la nation, Joseph Kabila, pour mettre en place le comité préparatoire des ces assises.
Ceux qui sont prêts prendront place à bord du navire. Ceux qui ne voudront pas y prendre place resteront sur le quai…peut être pour toujours. L’histoire récente de notre pays renseigne que certaines personnes n’ont toujours pas été là lors des grands rendez-vous concernant la vie de notre Nation. C’est ne pas tout le monde qui a été à Lusaka au début du dialogue inter congolais. C’est ne pas non plus tout le monde qui a été présent à Pretoria ou à Sun City, d’où est venu l’accord historique qui a débouché sur le partage du pouvoir et la réunification du pays. Quatorze ans plus tard, rien n’indique non plus que tout le monde sera au rendez-vous. L’essentiel, c’est d’avancer…avec ceux qui sont en mouvement.
La Communauté internationale conseille vivement un calendrier électoral consensuel et la tenue des élections à bonne date. En 2011, l’Union européenne avait conseillé à la classe politique RD-congolaise de prendre une année de plus pour bien préparer les élections. Les mêmes, encore les mêmes acteurs qui chantent aujourd’hui les délais constitutionnels avaient rejeté cette proposition, un peu comme ils rejettent aujourd’hui le dialogue, pour plus tard dénoncer un scrutin chaotique. Si l’on n’y prend garde, l’histoire risque bien de se répéter.
Henry MBUYI
 

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page