Le ministre des Hydrocarbures, Aimé Ngoie Mukena a réceptionné lundi à bord du bateau Emmanuel, la station pilote de dégazage du golfe de Kabuno, sur le lac Kivu, des mains du responsable de l’entreprise Limnological engineering dans les perspectives de rayer le Lac Kivu sur la liste de « lacs tueurs ».
Selon une dépêche de l’Agence congolaise de presse datée du 7 mars, le ministre des Hydrocarbures a indiqué que cette réception s’inscrit dans le cadre de la phase prototype, saluant cette initiative relancée par le gouverneur Julien Paluku en 2007, pour débarrasser le lac Kivu du gaz carbonique meurtrier dont la concentration est élevée au niveau du golfe de Kabuno.
« Cette station constitue une étape importante au vu de son efficacité inégalable », s’est réjoui le ministre des Hydrocarbures avant d’appeler toute la communauté de se l’approprier par le fait que les vies humaines en dépendent.
Les autorités provinciales du Nord et du Sud saluent la matérialisation du dégazage sur le lac Kivu
Peu avant les gouverneurs Marcellin Cishambo Ruhoya et Julien Paluku ont, l’un après l’autre, salué à leur tour la matérialisation du dégazage du Lac Kivu sur l’impulsion du Chef de l’Etat, Joseph Kabila Kabange.
« Rendre ce jour ce site opérationnel est plus que salutaire pour les populations de deux Provinces », s’est rejoui le chef de l’Exécutif provincial du Sud-Kivu pour qui le dégazage du Lac Kivu va épargner d’une mort par asphyxie non seulement les hommes mais aussi les oiseaux au vu de la forte concentration en dioxyde de carbone enfoui dans le golfe de Kabuno.
Le Gouverneur Julien Paluku a notamment loué la détermination du Chef de l’Etat par le biais du Ministère en charge des Hydrocarbures avant de reconnaitre qu’il s’agit de plus de deux millions de vies humaines qui vont être épargnées dans la sous-région comprise entre la RDC et le Rwanda, les deux pays ayant en partage les eaux du lac Kivu.
« En cas d’une explosion ce sont des milliers de vies humaines qui en pâtiraient », a fait observer Julien Paluku pour qui la mise en œuvre du dégazage constitue un salut pour les populations riveraines du lac Kivu. Pour M. Michel, responsable de l’entreprise Limnological engineering, sa firme a déjà fait ses preuves au Cameroun au niveau des lacs Monoun et Nyos.
Au regard de la menace de la forte concentration du gaz carbonique dans le golfe de Kabuno, il a estimé à plus de trois milliards de m3, à une faible profondeur de douze mètres. Cette firme a besoin de la mobilisation de toutes les sensibilités surtout qu’avec son expérience tout va être mis en œuvre pour éradiquer toute sorte de catastrophe à partir des eaux du Lac Kivu. Tout savoir sur golfe de Kabuno.
Situation géographique du golfe de Kabuno
Le golfe de Kabuno est situé au Nord-ouest du Lac Kivu, dans les eaux territoriales de la province du Sud-Kivu avec des eaux possédant des caractéristiques physicochimiques distinctes de celles du reste de ce lac partagé entre le Nord, le Sud-Kivu et la République du Rwanda. La teneur en gaz carbonique ou dioxyde de carbone -CO2- dissous dont la concentration est proche de la saturation à partir de 12 mètres de profondeur pourrait être à la base d’un problème environnemental et sécuritaire dans la région environnante du golfe notamment à Sake du coté du Nord-Kivu et Minova dans le Sud-Kivu.
Une explosion possible du gaz carbonique pourrait entrainer la mort par asphyxie de la population estimée à plus de deux millions d’âmes ainsi que des dégâts très importants sur la biodiversité à l’instar des lacs Monoun et Nyios au Cameroun qui avaient fait respectivement 37 victimes en 1984 et 1746 victimes en 1986. La concentration du gaz carbonique qui devrait diminuer avec le dégazage, dans l’eau du golfe de Kabuno est 1,5 litre de CO2 dans un litre.
Avec le dégazage le Gouvernement vise la réduction d’explosion gazeuse en éliminant progressivement et de manière inoffensive les gaz dissous dans les eaux du Golfe de Kabuno pour les rejeter dans l’atmosphère. Pour séquestrer le gaz dans l’atmosphère, le Gouvernement a procédé au reboisement de 400.000 plantules couvrant une superficie de 650 hectares au Nord-Kivu et 350 hectares au Sud-Kivu en raison de 0,8% de gaz carbonique libéré.
Frezia KABAMBA
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