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RAM: Nicolas Kazadi confirme le détournement

Le ministre des Finances est catégorique: il n’a jamais vu l’once d’un centime récolté dans le cadre du RAM -Registre d’appareils mobiles. C’était le mardi 17 janvier sur les antennes de la radio Top Congo. Contrairement aux autres recettes nationales, les fonds du RAM ont totalement échappé au contrôle de l’argentier national qui, malgré tout, a tenté de dédramatiser: «Il est vrai que ce n’est pas ce qui est conseillé globalement. Mais notre système est ainsi fait. Tout concourt à l’action du gouvernement».

Insuffisant pour éteindre un feu déjà ardent. Pour Nicolas Kazadi, pas question de commenter une affaire dont il ne maitrise ni tenants, ni aboutissants. «Il faudrait demander au ministère des PTNTIC et à l’ARTPC», a-t-il coupé court face aux questions répétées sur ce dossier érigé en scandale national. Les propos de Nicolas Kazadi sont cinglants et contredisent à tout point de vue la version du camp Kibassa qui a longtemps soutenu que les fonds étaient logés au Trésor public avant de se raviser et d’indexer l’ARPTC -Autorité de régulation de la poste et télécommunication.

RAM, en dépit de sa nature ambiguë, demeurait une sorte d’imposition fiscale dont les fonds devraient atterrir dans le compte du trésor. A défaut de cela, le détournement, à la lumière des propos de Kazadi, a été confirmé.

«Ce qui se conçoit bien, s’énonce clairement»

Ce couac dans la gestion des fonds publics, Nicolas Kazadi espère rapidement le régler afin de rétablir le compte unique du Trésor, dans le cadre du programme avec le Fonds monétaire international -FMI. En attendant, le mal est consommé, personne ne peut tracer les fonds du RAM, même pas le ministère des Finances. Une situation qui met en mal la lutte acharnée contre les détournements, chère au Président Tshisekedi.

Imposition parafiscale aux apparences d’un monstre, le RAM n’a jamais été clairement défini. Tantôt redevance, tantôt taxe et même rémunération d’un service de l’ARTPC, le RAM a longtemps été présenté par le ministre Kibassa comme la recette magique pour contourner la circulation des appareils contrefaits dans le pays. A son lancement, le service poursuivait 3 objectifs: lutter efficacement contre la contrefaçon des appareils mobiles en déconnectant les appareils identifiés comme non-conformes, combattre le vol des appareils mobiles en bloquant les appareils déclarés volés ou perdu, et optimiser la sécurité et la qualité de service des réseaux mobiles sur le territoire national.

Malheureusement, dès ses premiers jours, le RAM a affiché des hésitations et s’est chargé de tout, sauf atteindre les objectifs fixés. A Kinshasa, le RAM a contribué à l’installation des hotspots Wi-Fi dans 3 universités kinoises ainsi qu’au rond-point Kintambo magasin. Aujourd’hui encore, les appareils contrefaits circulent librement dans le pays comme si RAM n’avait jamais existé.

«Ce qui se conçoit bien s’énonce clairement», disait l’auteur français Rivarol. Tel n’a jamais été le cas du RAM. Acculé, Augustin Kibassa avait fini par perdre le nord devant les députés nationaux. «La taxe RAM a permis d’accompagner la gratuité de l’enseignement», avait-il finalement déclaré à l’Assemblée nationale, détournant totalement le RAM de son objectif initial. Dans cette suite d’incohérences, une affaire portant sur la réhabilitation des universités dans le pays est venue mettre à nu la vaste «escroquerie» orchestrée par quelques têtes couronnées du régime.

Suspendu en mars 2022 après 20 mois de prélèvement, le RAM continue de faire parler de lui. Plusieurs voix s’élèvent pour réclamer plus d’éclairages sur la destination des fonds perçus, estimés à plus d’USD 300 millions.

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