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Luhaka-Kodjo: une affaire des pots-de-vin

Thomas Luhaka, le VPM en charge des PT-NTIC et son ancien Dircaba, Ndukuma Kodjo
Thomas Luhaka, le VPM en charge des PT-NTIC et son ancien Dircaba, Ndukuma Kodjo
L’argent sale en provenance du consortium franco-américain Entreprise Telecom et Agilis international l’a emporté sur la collaboration entre le vice-Premier ministre et ministre des Postes, télécommunications et Nouvelles technologies de l’information et de la communication et son directeur de cabinet adjoint, accusé d’escroquerie
L’affaire fait grand bruit dans la ville haute. A la base, le communiqué publié par le directeur de cabinet du vice-Premier ministre et ministre des Postes, télécommunications et Nouvelles technologies de l’information et de la communication -PTNTIC- annonçant la révocation du directeur de cabinet adjoint, Ndukuma Kodjo. Mais le communiqué de Luhaka ne précise pourtant pas le motif pour lequel il s’est décidé de se séparer de son technicien, son homme de confiance, un amoureux du travail bien fait… comme en témoignent ses anciens collègues de service.
Un véritable mystère qu’aucun média n’avait réussi jusque-là à percer. Mais après le recoupement de plusieurs sources, la vérité tombe à la rédaction d’«AfricaNews». Il s’agit d’une affaire des gros sous! De l’argent que le Consortium franco-américain Entreprise Telecom et Agilis international, censé lutter contre la fraude sur les appels internationaux entrants, aurait reversé au VPM Luhaka au titre de «retro-commission». Il s’agit en réalité d’un scandale des pots-de-vin.
Kodjo, l’homme de confiance de Luhaka, était chargé de «retirer puis ramener à son boss son enveloppe reçue des mains d’un certain Jean-Jacques Tuba, un flic et ancien diplomate qui représente localement le consortium», confie une source du premier sérail de Luahaka. La scène se serait passée dans un restaurant en ville, assène un témoin: «comme par hasard, je les -NDLR: Jean-Jacques, Kodjo et un troisième individu qui avait l’air d’un flic- ai aperçus dans un restaurant… l’ambiance y était conviviale. Mais de manière attentive je les ai entendus chuchoter d’argent, des grosses sommes. Jusqu’à ce que Jean-Jacques en a donné une grosse somme à Kodjo».
Selon notre recoupement fait, cette somme -un peu plus d’USD 100.000- était destinée à Luhaka. Mais aux dernières nouvelles, elle n’est jamais arrivée à destination. L’ancien directeur de cabinet adjoint se serait décidé de s’en servir. Il savait que c’était de l’argent sale et que son boss ne saurait l’amener devant un juge avec une histoire de corruption. Fatigué d’attendre son enveloppe qui n’arrivait pas, le VPM se décide alors d’inviter ses «créanciers» à son cabinet pour leur réclamer son «dû». Quelle ne fut pas sa surprise que d’apprendre que son dircaba avait déjà été servi. Et que ce dernier ne lui avait jamais rien dit.
«Depuis un moment, Kodjo se plaignait déjà de la cupidité de Luhaka. Il travaillait dur mais ne bénéficiait presque de rien. Luhaka bouffait seul la rétrocession et de manière systématique», avise un proche de l’ancien dircaba. Exacerbé par ce qu’il a qualifié de «trahison», le VPM aux PTNTIC n’a pas mieux trouvé que se débarrasser de son ancien proche collaborateur et d’en informer le monde entier via un communiqué de presse mais sans évoquer le motif qui l’a poussé à le faire. Aucun mot de la part du représentant du consortium franco-américain, considéré comme corrupteur et source du mal.
Tous les efforts déployés dans ce sens sont restés vains. Des sources proches de cette entreprise censée lutter contre la fraude parlent d’un paiement d’environ USD 2 millions effectué il y a peu dans ses comptes par le ministère des Finances. Une partie de cette somme a été par la suite reversée au VPM en charge des PT-NTIC via son ex dircaba qui s’en est servi sans modération. Voilà la pomme de discorde entre Luhaka et son ancien homme de confiance. L’argent de corruption a été plus fort que le professionnalisme, que la collaboration, que la fraternité… Selon un expert du secteur, le consortium franco-américain est une «véritable arnaque».
Il se fait payer des millions de dollars sans aucun rendement. Les minutes sur les appels internationaux entrants baissent chaque mois à cause de la fraude. L’Etat perd des millions d’USD alors qu’eux se font grassement payer. A une certaine période, sur demande de l’ancien ministre aux PTNTIC ces paiements ont été gelés aux Finances pour faible rendement dans la traque contre les sim-box, renseigne un proche de l’ARPTC. C’est donc Luhaka qui les a aidés à se faire de nouveau payer gracieusement d’autres millions de dollars. D’où les pots-de-vin qui lui ont été versés. Plusieurs observateurs ont sans succès dénoncé l’opacité qui règne autour de cette mafia. L’Etat perd des millions de dollars. Le Consortium lui en gagne et en partage un peu avec le VPM pour couvrir ses lacunes.
Tino MABADA

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