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Quand une réponse de Mende est recadrée…

Lambert Mende, porte-parole du gouvernement
Lambert Mende, porte-parole du gouvernement
La réponse du ministre des Médias à une question en rapport avec une campagne initiée par Tryphon Kin-kiey et l’exploitation que les médias en ont faite imposent une mise au point    
Encore une petite phrase qui crée la frustration et la polémique! Lors de sa dernière sortie médiatique, le ministre des Médias et porte-parole du gouvernement, Lambert Mende Omalanga, qui s’était délecté en répondant à une question sur une campagne initiée par Tryphon Kin-kiey Mulumba n’a pas manqué de provoquer la chienlit. Pour lui, tout RD-congolais est libre de dire ce qu’il pense, liberté d’expression oblige. «…La Majorité vous dit des choses, le Gouvernement vous dit des choses,…et vous, vous allez chercher le point de vue obscur d’un obscur cadre de la Majorité…», a répondu Mende devant la presse.
Une phrase de trop, s’indignent certaines personnes s’accordant à dire qu’une campagne librement initiée par une autorité morale d’un parti politique membre de la Majorité présidentielle et député national représentant d’une frange de la population qui l’a élu ne peut pas faire l’objet d’un débat. D’aucuns n’ont pas hésité à affirmer qu’une telle réponse, relayée bien sûr par la pléthore des médias, ces médias tueurs présents à cette conférence de presse renvoie une image très négative d’un gouvernement qui risque de se désintégrer. Une mise au point s’imposait. «Il ne revient pas à un porte-parole du gouvernement de répondre à une question se rapportant à une initiative privée d’un membre de la MP», a-t-on réagi. A d’autres d’ajouter: «le ministre est allé trop loin…».     
Dans chaque régime, il existe toujours des hommes de poche du chef, considérés comme les fidèles des fidèles. L’histoire très récente de la France nous enseigne un peu plus. Si François Fillon -ex Premier ministre de Sarkozy-, Nadine Morano et autres ont laissé tomber leur boss face aux démêlés qu’il a avec la justice française, d’autres par contre comme Brice Hortefeux, Jean-François Copé, Alain Jupé ou encore Michèle Alliot-Marie sont restés fidèles. Jusqu’au bout, ils ont estimé leur soutien sans faille à Nicolas Sarkozy, qu’ils voient d’ailleurs revenir très bientôt sur la scène politique. Ce climat n’est pas très loin de celui de la RD-Congo, où la succession du Raïs hante tous les esprits. Les mots sont désormais choisis. Les sorties ne sont plus hasardeuses. Mais il y en a qui ont encore le courage de s’afficher Kabilistes et s’assument. Parmi eux, Kin-kiey Mulumba, auteur d’une campagne reprise dans certains tabloids kinois.
«Totondi Kabila nanu te, Kabila posa na yo esili te» a intéressé une journaliste présente au point de presse de Mende, qui l’a liée à un présumé projet de maintien de Kabila au pouvoir au-delà de 2016. Mende s’y est bien lancé, reconnaissant à chaque citoyen la latitude d’affirmer ses convictions politiques. Mais si la journaliste avait juré de piéger le porte-parole du gouvernement, elle n’a pas raté son coup. «…La Majorité vous dit des choses, le Gouvernement vous dit des choses,…et vous, vous allez chercher le point de vue obscur d’un obscur cadre de la Majorité…», lui a répondu Mende. Du coup, textos, appels, mails ont relayé.
La cohésion du gouvernement voire de la MP est mise à mal, estime un cadre kabiliste, précisant que Mende et Kin-kiey sont des collègues députés, membres d’un même groupe parlementaire… S’en suit une mise au point pour recadrer la réponse de Mende: «En sa qualité d’autorité morale d’un parti politique membre de la MP, le Parti pour l’action -PA-, et député national représentant une frange de la population qui l’a élu et de membre du Bureau politique de la Majorité présidentielle, Kin-kiey est en droit d’affirmer ses convictions politiques et personne ne peut s’en plaindre».
Le crabe n’a pas manqué de manifester tout son soutien à l’œuvre du Raïs, alors que le moment paraissait si compliqué. A une époque où presque tout le monde disait qu’il était minuit moins pour le régime de Kabila…à une période où presque tous les ténors de la MP s’étaient recroquevillés sur eux-mêmes, chacun envisageant individuellement son avenir politique avec ou sans Kabila! Fidèle à ses convictions, l’élu de Masi s’est jeté à l’eau, initiant une campagne traduisant l’expression populaire d’une population qui n’en a pas du tout marre des réalisations de Kabila.
Un courage légendaire qui suscite admiration et respect auprès de ceux qui ont encore un peu d’honnêteté et de loyauté vis-à-vis du boss. Et même dans l’opinion…les uns ont applaudi, alors que les autres ont boudé. Normal, même Jésus-Christ, le fils de Dieu lui-même n’avait pas du tout fait l’unanimité. Brave, Kin-kiey n’est pas du genre à reculer devant la pression et les critiques acerbes. Pour lui, seule la conviction et l’engagement politique comptent.  «To tondi Kabila nanu te. Kabila posa na yo esilite», Kin-kiey y croit encore comme dur comme fer.
HMK   

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