Le safari électoral du candidat n°3 à la présidentielle, Moïse Katumbi Chapwe, sera à l’étape de Kinshasa, la capitale, ce samedi 9 décembre 2023. Le boss d’Ensemble pour la République, auréolé des soutiens de Matata Ponyo, Franck Diongo, Seth Kikuni, Jean-Claude Vuemba et Delly Sesanga, va communier ce week-end avec les Kinois et discuter autour de son programme qui vise «la fin de la misère» d’un peuple longtemps laissé-pour-compte par la classe dirigeante.
Au terrain Sainte Thérèse de N’Djili, dans la chaude Tshangu, qui, au gré des régimes, a conservé sa réputation de bastion de l’Opposition, Katumbi et ses alliés attendent prêcher l’évangile d’un «Congo nouveau». La désormais «dream team de l’Opposition», sous le lead de Katumbi, se pointe dans la capitale, après avoir conquis la quasi-totalité du Congo profond avec un record de près de 25 étapes.
Pour une communion plus parfaite avec les Kinois, l’équipe du #3, par la bouche du porte-parole d’Ensemble pour la République, Me Hervé Diakiese, a annoncé, le mercredi 6 décembre dernier, qu’elle va saisir la RTNC, la chaîne nationale, pour la retransmission en direct du meeting de ce samedi. Elle souhaite que cette retransmission ait lieu «dans les mêmes conditions et temps d’antenne accordé à Félix Tshisekedi: de l’aéroport jusqu’au lieu du meeting».
Et ce, conformément à l’article 111 de la Loi électorale qui dispose: «Pendant la durée de la campagne électorale, les candidats disposent pour la présentation de leurs programmes, d’un temps d’antenne égal aux médias audiovisuels, et gratuit en ce qui concerne les médias publics». Au lancement de sa campagne, le dimanche 19 novembre dernier, le président sortant, Félix Tshisekedi, avait réquisitionné la chaîne nationale pour retransmettre en direct son premier meeting de campagne, tenu le même jour au stade des Martyrs. Cette retransmission avait suscité un tollé au sein de l’opinion publique, dénonçant la confiscation de la télévision publique et la violation des textes qui régissent les médias publics en temps de campagne électorale. Notamment la réglementation établie en 2015 qui, en son article 6, n’autorise pas aux médias publics de couvrir et de diffuser les «activités non liées à la gestion de la chose publique accomplies par les membres d’institutions de la République candidats aux différents scrutins».
Alors que l’émoi était encore vif, le camp présidentiel a trouvé ce justificatif: «La télévision congolaise publique est commerciale et vend ses espaces en fonction». Moins d’un mois après, voici Katumbi à la porte de la RTNC pour solliciter la retransmission de son meeting de campagne depuis Kinshasa.
Le Grand Bandundu conquis
L’artillerie du #3, avant d’atteindre Kinshasa, est actuellement à la conquête du Grand Bandundu. Mercredi à Kikwit, l’ancien gouverneur a sonné l’offensive contre le bilan de Félix Tshisekedi. Depuis le début de la campagne électorale, le président sortant a passé son temps à faire la contre-campagne de Katumbi, son principal adversaire, plutôt que de battre effectivement campagne pour son propre compte en présentant le bilan de ses cinq années passées à la tête du pays. Preuve, selon Katumbi, que ce bilan est catastrophique. «Parce qu’ils n’a pas de bilan, le nom de Moïse Katumbi est devenu son bilan, leur slogan, leur fonds de commerce. Ici à Kikwit, il n’a rien fait. Le projet Kakobola dont il se vante est un vieux projet initié par son prédécesseur et financé par des partenaires», a cogné le candidat n°3 devant une foule déchaînée.
A Kikwit, l’évangile selon Katumbi a été adopté. «Ils ont beau inventer des nationalités contre toi, ils ont beau te faire passer pour un étranger, nous avons décidé de t’élire tel que tu es parce qu’ils n’ont rien fait pour nous», a scandé un peuple assoiffé de changement, réuni à l’esplanade de la cathédrale Saint François-Xavier.
Katumbi, lui, refilant son costume d’«homme de la VAR», a rappelé à ses potentiels électeurs le gâchis du régime Tshisekedi. «Courant, routes, eau, hôpitaux, écoles, emplois, vie chère… Ils ont initié quel projet pour vous?».
Une fois élu Président, Katumbi entend mettre en place «un plan de lutte contre les érosions» pour la ville de Kikwit. Il prévoit également de construire les routes reliant Kikwit à tous les autres territoires de la province du Kwilu. «Je vais construire les hôpitaux et les stades. Le député gagne 21.000 dollars par mois alors que le policier se contente de 3.000 dollars après 5 ans -50 dollars le mois, NDLR- contre 4500 dollars -environ 75 dollars le mois, NDLR- pour l’enseignant. Ils sont méchants. Je vais corriger ces injustices sociales en réduisant les émoluments des députés et en améliorant les salaires des fonctionnaires et agents de l’État», a juré le candidat de «Congo ya makasi» qui ambitionne également de réhabiliter la bourse des étudiants et promouvoir l’entrepreneuriat des jeunes. Il a également réitéré, à Kikwit, son engagement de ne toucher aucun salaire.
Signe de communion entre l’homme qui n’a jamais autant porté son prénom de «Moïse» et le peuple, ce dernier lui a rappelé en chœur que Félix Tshisekedi n’est même pas venu dans cette province tout au long de ce mandat. «Ne crains rien, Katumbi. Nous sommes derrière toi. Nous sommes avec toi. Ce jour-là, nous ne partirons pas des centres de vote tant qu’ils n’auront pas affiché les résultats te proclamant vainqueur», ont-ils promis.
Jeudi, il a atteint, avec mille et une difficultés, le territoire d’Idiofa. Plusieurs fois obligé de descendre pour désembourber sa jeep 4×4 d’un sillon faisant office de route, Katumbi a connu, sur les 150Km qui séparent la ville de Kikwit du territoire d’Idiofa dont 90 en terre et en état piteux, le calvaire qu’endurent les populations locales. Sur sa route, le #3 s’est payé plusieurs escales pour inspecter l’état des infrastructures routières et échanger avec les riverains. Au village Intswem, les élèves de l’Institut Ngyele l’ont prié de visiter leurs salles de classe qui frisent l’âge de la pierre taillée. Séance tenante, Katumbi a répondu à la doléance de ces écoliers de construire des salles en matériaux durables et équipées.
Arrivé au lieu du meeting après avoir marché sur une distance de 3 km, précédé à la tribune par Boris Mbuku, cadre d’Ensemble pour la République et député du coin depuis 2006, Katumbi a esquissé quelques mots en kikongo avant de triturer la gouvernance de Félix Tshisekedi. «Est-ce qu’ils vous ont donné les routes et les écoles ces cinq dernières années? Vous ont-ils visités durant toute la législature? Ont-ils installé des réseaux de distribution d’électricité et d’eau? Ont-ils construit des universités, un stade ou un marché? Ont-ils pu stabiliser le taux de change ou améliorer le pouvoir d’achat des fonctionnaires et autres agents de l’Etat? Mais ils vous ont, comme partout ailleurs, servi des promesses somnifères», a-t-il tapé en introduction. Puis, le #3 a activé, avec cette population déçue, la VAR, démontrant noir sur blanc le chaos laissé par Tshisekedi. A Idiofa, la population, répondant à la négative à toute les questions de Katumbi, a dit avoir vomi le pouvoir de Félix Tshisekedi pour faire chorus avec l’homme engagé à mettre un terme à l’injustice sociale.
«Je suis venu par route pour voir de mes yeux la souffrance vous imposée. Après le 20 décembre, cette souffrance sera terminée. Cette route sera bitumée et modernisée. La voirie urbaine sera aménagée. Je m’engage à tout refaire à zéro. On vous a fait souffrir avec cette route digne du calvaire, des salaires de misère pour les fonctionnaires et agents de l’Etat. Je vais construire un marché pour vous», a promis celui qui se présente comme le nouveau «champion» d’Idiofa, non sans appeler cette population à brandir un «carton rouge» contre le régime actuel «Votez pour moi, je serai un président d’actions. Je suis venu libérer le peuple d’Idiofa et tous les enfants de la RDC», a-t-il sollicité alors qu’Idiofa a promis de lui offrir le plein de voix.
En ajoutant le Grand Bandundu sur la liste de ses conquêtes, Katumbi est plus que jamais lancé vers l’assaut final, lui qui a conquis le Grande Orientale, l’Ituri, le Nord et Sud Kivu, le Sankuru et le Grand Equateur, totalisant à ce jour autour de 25 étapes.