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Présidentielle : après 10 jours de campagne, avantage Katumbi ! (Enquête CASE)

A mi-parcours dans cette campagne électorale en RD-Congo, l’heure est au bilan d’étape pour les candidats alignés aux élections du 20 décembre. A la présidentielle, ils étaient 26 sur les starting-blocks mais seuls 23 restent encore en lice, après les désistements de Matata Ponyo, Seth Kikuni et Franck Diongo. Sur terrain, seuls une poignée bat réellement campagne et deux sortent du lot. Naturellement, le président sortant Félix Tshisekedi, mais aussi Moïse Katumbi, son plus sérieux adversaire. C’est ce que renseigne le «Monitoring des intentions de vote sur les 10 premiers jours de campagne électorale en RD-Congo», publié vendredi par la Commission africaine pour la supervision des élections -CASE.

«Sur les 26 candidats officiellement engagés dans la course présidentielle, 8 se sont nettement démarqués dans un activisme de campagne engagé», rapporte CASE qui a suivi les différents candidats «dans leur capacité de mobilisation, leur message de campagne et les écueils observés sur leur parcours de tournée de mobilisation» durant le premier tiers de la campagne électorale.

De son étude, la structure, créée en 2009, conclut à une bipolarité de la campagne électorale avec «deux principaux candidats [qui] occupent le sommet des poids lourds». Il s’agit notamment de Félix Tshisekedi, président sortant, et de Moïse Katumbi, candidat du parti Ensemble pour la République. CASE fait remarquer que la campagne de Katumbi, candidat n°3 à la présidentielle, est émaillée de «plusieurs incidents provoqués par le pouvoir». De son côté Félix Tshisekedi a vu, selon CASE, sa campagne mal partir avant de commencer à se stabiliser.

«Candidat redoutable et insubmersible», Katumbi mène, selon le rapport du monitoring de CASE, une campagne «fulgurante avec ses propres moyens». Le candidat n°3 ne semble pas improviser dans cette période de marketing politique. «Katumbi est un candidat longtemps préparé à l’élection présidentielle en RD-Congo», note CASE. Homme de terrain, le chairman d’Ensemble pour la République a un passé politique et sportif qui plaide en sa faveur, avec des multiples actions caritatives en faveur des vulnérables: hôpitaux, déplacés de guerre, groupes sportifs et autres victimes des catastrophes.

Félix Tshisekedi, de son côté, peut notamment s’appuyer sur un créneau de partis politiques membres de l’Union sacrée de la nation. Le président sortant a, selon CASE, «l’avantage de disposer d’immenses ressources financières et une logistique de campagne propre». Malgré tout cela, il a débuté très timidement dans le Kongo-central et le Maniema notamment. «Tshisekedi fait aussi face à son bilan quinquennal peu reluisant sur le terrain», fait remarquer CASE.

En effet, selon le rapport de CASE, Félix Tshisekedi «a multiplié des attitudes et agissements qui ont négativement impacté sa popularité politique». Il y a dans ce lot, la confiscation des provinces au profit de ses proches, la caporalisation des Assemblées provinciales ou encore la monarchisation des gouverneurs. Ces cinq dernières années, les détournements ont également été érigés en mode de gestion et la justice instrumentalisée. Les multiples promesses non tenues, le tribalisme à outrance et le discours de Mbuji-Mayi ont également plombé l’image du Président.

Devant ce cocktail explosif, CASE conclut à la victoire de Katumbi, «opposant martyrisé par les deux régimes successifs de Joseph Kabila Kabange et de Félix Tshisekedi». Parmi ses atouts, sa «gouvernance remarquable» à la tête du Katanga durant 9 ans. «Il fut la première autorité à conquérir efficacement les droits de l’État dans l’exploitation des minerais de la province. Il dispose de plusieurs actions visibles sur l’ensemble du pays», avance le rapport de CASE.

Fort de ces éléments, CASE estime en effet que le challenger ferait même mieux que le détenteur du pouvoir. «Dans sa forme actuelle, la campagne électorale présidentielle en RD-Congo donne Moïse Katumbi Chapwe gagnant au scrutin du 20 décembre 2023 avec 62% de voix. Le suivant, Félix Tshisekedi pourrait être en incapacité de remporter l’élection au regard de plusieurs faiblesses politiques accumulées tout au long de son mandat», explique CASE.

Ces dix premiers jours de campagne, Katumbi a notamment atteint 78% de mobilisation, selon le rapport CASE, contre 49% pour son adversaire. Martin Fayulu et ses 32% complètent le podium. En termes de logistique, Katumbi arrive une nouvelle fois de plus en tête avec 83% contre 65 pour le président sortant.

Toutefois, nuance le rapport, cette conclusion «est susceptible d’évoluer», notamment si Katumbi engrange de nouvelles adhésions politiques dans l’opposition. Dans ce cas, avance CASE, «il améliorerait sa cote de popularité électorale en ramenant à la hausse son score à l’issue des scrutins». Autre sujet de crainte pour le camp Tshisekedi, le climat délétère au sein de l’Union sacrée, où des fissures perceptibles profiteraient au candidat Katumbi.

Avec un record de participation des partis politiques -910- et des candidats -environ 75.000-, les scrutins de 2023 ont également permis de constater que la quasi-totalité de «candidats transfuges du FCC et reconvertis en Union Sacrée s’abstiennent de mettre l’image du président Tshisekedi sur leurs supports de campagne». Ces leaders «connus et hautement placés ont été désillusionnés dans leurs fiefs respectifs». Parmi eux, Julien Paluku, Modeste Bahati ou encore Vital Kamerhe.

Pour établir son rapport, CASE «a suivi les différents candidats dans leur capacité de mobilisation, leur message de campagne et les écueils observés sur leur parcours de tournée de mobilisation».

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