«Nous avons décidé de nous engager dans ce processus malgré tout ce qui se dit. C’est parce que nous croyons à la capacité du peuple congolais de pouvoir non seulement aller voter mais à défendre son vote», a déclaré le Prix Nobel de la Paix après avoir déposé son dossier à la CENI…
Il l’a dit et il l’a fait. Le Docteur Denis Mukwege a officialisé sa candidature en déposant, le mardi 3 octobre, son dossier au Bureau de réception et traitement des candidatures -BRTC- situé au siège de la Commission électorale indépendante -CENI-, en vue de briguer la magistrature suprême. Le Prix Nobel de la paix 2018, sans nul doute l’invité surprise de ces scrutins, s’est ensuite entretenu, à l’instar des 6 autres candidats Président de la République, avec le Président de la CENI, Denis Kadima Kazadi, assisté du rapporteur Patricia Nseya Mulela. A cette occasion, le patron de la Centrale électorale lui a donné un aperçu du processus électoral en cours.
Au sortir de cette entrevue, celui qu’on surnomme «le réparateur des femmes», allusion faite aux soins qu’il administre aux femmes victimes des violences sexuelles dans l’est du pays à l’’hôpital Panzi basé à Bukavu, a livré ses profondes motivations à la presse. «Sur plusieurs plans, notre pays va très mal. Aujourd’hui, nous sommes devant une crise existentielle. Il est occupé par des forces étrangères plus de 100 groupes armés à l’Est et dans ces conditions où on ne gère plus l’intégrité territoriale, il y a urgence. Nos richesses sont bradées et nous vivons dans une situation de prédation sans précédent, alors que tout le monde déclare que l’avenir de la planète est en République Démocratique du Congo, malheureusement le Congolais vit dans des conditions inhumaines. Hier, c’était l’uranium, aujourd’hui le développement électronique, c’est le Coltan RD(congolais et demain, ce sera notre cobalt pour la transition énergétique. Et devant cette situation, nous ne pouvons plus continuer à rester indifférents et laisser les autres gérer nos ressources en nous privant de tout. Le Congolais a toujours répondu absent par rapport à tout ce développement. C’est urgent aujourd’hui de pouvoir faire la part des choses, mettre tout simplement les Congolais sur orbite pour qu’ils soient les gestionnaires de ces biens», a-t-il déclaré.
Mukwege a affirmé s’engager aux côtés du peuple RD-congolais à qui il demande d’apprécier, le moment venu, la manière dont sera conduit le présent cycle électoral. «Avec le président de la CENI, nous avons fait le tour d’horizon par rapport à ce cycle électoral. C’était tout à fait normal qu’il puisse donner son point de vue au sujet de l’organisation des élections. Il appartient aussi à tout citoyen de pouvoir porter son jugement sur ce qui se fait. La finalité, c’est le résultat qui compte et nous attendons de voir comment ce processus va aboutir. Si ce sont les meilleurs qui gagnent, on va les applaudir, mais si c’est le contraire, on dira que nous ne sommes pas d’accord. Nous avons décidé de nous engager dans ce processus malgré tout ce qui se dit, c’est parce que nous croyons à la capacité du peuple congolais de pouvoir non seulement à aller voter, mais de défendre son vote. Nous disons tout simplement au peuple congolais si vous n’êtes pas d’accord avec la qualité de ce cycle électoral indignez-vous, résistez. Et si votre vote a été volé, vous avez le droit de faire une révolution démocratique, nous ne pouvons plus continuer à accepter ce qui s’est passé au cycle précédent. Sinon, nous entrerons dans un système où tout le monde saura que les élections ne servent à rien», a-t-il souligné.
Et d’ajouter: «Pour moi le fait de déposer ma candidature, de prendre la décision de quitter mon confort, c’est déjà une victoire pour moi. Je crois qu’aujourd’hui, je suis dans la position de dire que c’est maintenant au peuple de décider et il aura le choix au vu de tout ce que nous subissons de faire une rupture avec ce système qui a trop duré et s’engager sur un renouveau qui permet au peuple de pouvoir jouir de ses ressources. Le peuple congolais vit dans une forme d’esclavage qui ne dit pas son nom».
L’élection présidentielle est prévue le 20 décembre prochain en combinaison avec les législatives nationales et provinciales ainsi que l’élection des conseillers communaux.