Il n’a pas encore annoncé sa candidature. Mais Noël Tshiani Kabamba, fonctionnaire à la BM depuis 1991, est pressenti parmi les probables invités surprises de la présidentielle prévue en 2016. Les confrères du Potentiel l’ont cité parmi les probables candidats à cette élection.
Sa candidature n’est pas encore officielle. Mais le confrère Le Potentiel le cite parmi les présidentiables. Peu connu du grand public, ce probable invité surprise, un technocrate, est sans conteste l’un des cadres RD-congolais les plus brillants. Mais les connaisseurs de la vie politique RD-congolaise ne lui donnent aucune chance. «Dans un pays comme la RD-Congo, où la population est habituée aux leaders et partis politiques, se présenter à la présidentielle sous l’étique de technocrate n’est pas un atout, surtout quand on a longtemps vécu et évolué à l’étranger. Surtout quand on a un prédécesseur nommé Oscar Kashala», estime un observateur. Pourtant, pas de quoi décourager les fans de Noël Kabamba Tshiani Muadi-a-Mvita, sûrs des atouts de leur chouchou.
«Noël Kabamba Tshiani y croit dur comme fer. Il croit qu’ensemble avec tous les 75 millions de RD-Congolais, il peut sérieusement bouger les lignes. Parce qu’il suit de très près la situation de la RD-Congo et connait très bien ses problèmes. Parce qu’il doit tout au pays qui a supporté toutes ses études. Parce qu’ailleurs, des technocrates comme lui ont fait sensation. Parce qu’il croit que les RD-Congolais ont besoin d’un changement véritable. Parce qu’il est prêt à se faire connaitre à tous les compatriotes, au moment où le go sera donné», spécule-t-on.
Tshiani a déjà séjourné au Kasaï et au Bas-Congo les années précédentes, où il est allé au contact des populations de ces coins de la république. En séjour dans la capitale ce mois de mars, il serait en train de tâter le terrain kinois. Pour l’heure, pas de déclaration officielle ni officieuse de la part du probable prétendant, certainement obligé de respecter son statut de haut fonctionnaire à la BM.
Mais pourquoi seulement la magistrature suprême? Pourquoi pas la Primature? Pourquoi pas les finances ou la Banque centrale, ses domaines de prédilection, où il a refusé le second rôle mais les mêmes avantages que Jean-Claude Masangu en 1997, après avoir coprésidé avec ce dernier le comité de pilotage de la réforme monétaire qui a conçu le franc congolais, comme le témoigne une dépêche de Reuter parue ces années-là et encore en ligne sur le site «Silicon Investor»?
Réponse d’un spéculateur: «Quand on a plusieurs fois fait des suggestions et constaté que l’on n’est pas suivi, il faut soi-même prendre le fauteuil pour donner la direction, travailler pour changer l’image du pays, redonner l’espoir et le sourire à tout son peuple».
Message: si Tshiani décide d’annoncer sa candidature, son aura internationale de Tshiani ainsi que ses réseaux à la Banque mondiale et en Afrique de l’Ouest et Centrale seront, indéniablement, ses principaux atouts. On ne fait pas carrière dans le circuit financier international, notamment à la Citibank, à Republic national Bank of New York et à JP Morgan Chase Manhattan Bank, on ne fréquente pas la Banque mondiale -où il est engagé depuis 1991-, on ne peut avoir côtoyé Ellen Johnson Sirleaf, Boni Yayi ou Alassane Ouattara sans se faire un impressionnant carnet d’adresses.
Un Plan Marshall pour la RD-Congo
En décembre 1996, la dette commerciale du Sénégal a été annulée. Parmi les acteurs-clés, ce RD-Congolais, expert en matière de conversion de dette formée en Belgique, en France et aux Etats-Unis, à l’époque spécialiste du bouclage financier de ce troc atypique qui a fait des émules dans les pays du tiers monde. Au Cap vert, il a été chef de mission de la BM en charge du secteur financier et privé.
Tshiani, 57 ans cette année, se présente comme l’homme neuf. Il a longtemps travaillé sur le paradoxe RD-congolais: un pays doté d’impressionnantes ressources naturelles, avec 75 millions d’habitants et une position géostratégique à faire pâlir mais dont l’économie est peu compétitive et la population classée parmi les plus pauvres. Dans ses suggestions aux autorités du pays, il a toujours recommandé de lui administrer un traitement de choc. Son leitmotiv est de créer un Etat via la restructuration de l’Administration, des services de sécurité et de la justice, mais en faisant la pédagogie à tous ceux qu’il considère comme responsables du gâchis actuel. Puis combattre la corruption et la pauvreté. Puis encore: créer un environnement attrayant pour les investisseurs locaux et étrangers, permettant de créer des emplois, d’accroitre la production nationale et de redorer le blason du pays.
Un projet concocté depuis plus de deux décennies et relayé par quelques médias internationaux. Une sorte de Plan Marshall destiné, comme pour l’Europe, à sortir définitivement la RD-Congo de la zone de fortes turbulences, en créant des opportunités pour que les RD-Congolais se prennent eux-mêmes en charge.
La mise en œuvre de ce Plan, lit-on dans une édition de Jeune Afrique parue en 2004 -déjà-, «nécessitera 500 milliards de dollars sur les trente prochaines années. Le gouvernement contribuera pour 150 milliards, dont la moitié proviendrait du budget national et l’autre moitié des emprunts tant nationaux qu’internationaux. Le solde de 350 milliards serait apporté par le secteur privé». Somme colossale, n’est-ce pas? Le natif de Mupemba-Nzeu, à Ngandajika, dans l’actuelle province de Lomami, a toujours été de cet avis, précisant cependant que c’est nécessaire pour éviter de faire des changements cosmétiques, sans impact réel sur le niveau de vie des populations et indiquant que cette somme peut-être mobilisée grâce à des politiques saines menées par des institutions stables.
Par exemple, en démantelant le réseau qui s’empare, chaque année, de 85% des recettes minières, à en croire les statistiques du rapport Mbeki publié en 2013, soit USD 70 milliards. «La stratégie à long terme repose sur le secteur privé en tant que principal moteur de la croissance, et elle s’apparente à la politique de développement mise en œuvre par les pays asiatiques», a encore relayé Jeune Afrique.
Pour Tshiani, une paix durable constitue la condition préalable de réussite de ce Plan. «Le revenu national brut par habitant passerait à 4000 dollars en l’espace de trente ans. La RDC connaitrait le plein emploi dès la 15ème année de sa mise en œuvre; elle aurait même besoin de faire appel à la main d’œuvre étrangère qualifiée. Une telle réalisation confirmerait la RDC dans son rôle de moteur économique au sein de l’Afrique. Le recours à la main d’œuvre qualifiée d’autres pays constituerait l’élément stabilisateur pour la région des Grands Lacs. Les habitants des pays limitrophes pourraient venir travailler en RDC…», estimait-il déjà en 2004. Vieux de 25 ans et dédié à tous les RD-Congolais de la diaspora et ceux restés au pays, son projet mis à jour est contenu dans deux livres actuellement sous presse en Europe.
Achille KADIMA MULAMBA