Mardi devant le Conseil de sécurité des Nations unies et le weekend
dernier devant les Chefs d’Etats et des gouvernements de la SADC, le
vice-Premier ministre et ministre des Affaires étrangères, Léonard She
Okitundu, a mené avec conviction un plaidoyer visant à vider toutes
les spéculations autour d’une supposée volonté du Président Kabila
visant à retarder la mise en œuvre de l’Accord du 31 décembre 2017.
Un
succès, peut-on affirmer à cette étape, en témoigne le communiqué
final du Sommet de Mbabane qui demande explicitement à l’Opposition de
soumettre la liste de 3 candidats Premier ministre au Président de la
République en vue d’une nomination. Et mardi soir, heure de Kinshasa,
She était, cette fois-là, devant les représentants des pays membres
permanents et non permanents du Conseil de sécurité des Nations unies,
à New York. Une fois de plus, carton plein!
Depuis sa nomination à la tête du ministère des Affaires étrangères,
She Okitundu est de tous les rendez-vous diplomatiques. Objectif:
soigner au mieux l’image de la RD-Congo ternie par des campagnes
menées contre elle tant par les politiques que par certaines ONG.
Aussi, rompre avec cette diplomatie de la gueule du bois et de
l’imbroglio qui amis aujourd’hui le Président Kabila en difficulté
vis-à-vis des certains de ses partenaires internationaux.
Sur ce point, She, vieux briscard de la diplomatie, semble s’en sortir
pas mal, en témoignent ses différentes sorties tant en Europe qu’en
Afrique où tapis rouge lui a été déroulé. Fidèle, She Okitundu l’est.
Il est resté près de 10 ans sur le banc de touche, se contentant du
rôle d’un homme de l’ombre alors qu’il avait compétence et expérience
voulues pour occuper des fonctions de responsabilité. Dans sa
position, plusieurs auraient fait défection afin de se retrouver plus
tard interlocuteur de la MP et de ce fait, occuper des postes au nom
de l’Opposition.
Certaines personnes l’ont même annoncé traversant la
rue après qu’il a été bastonné aux élections législatives de 2011.
Basta! She sait que la patience… et surtout la fidélité payent. Ce
tempérament lui confère le profil d’un ministre des Affaires
étrangères idéal. En le nommant à ce poste, Kabila sait à quoi
s’attendre: l’harmonie et l’efficacité. En janvier, sa rencontre avec
le Président Hollande au Mali a changé beaucoup de choses. Alors qu’on
imaginait le pont totalement coupé entre Paris et Kinshasa, après la
rencontre de Bamako, François Hollande a dû voir autrement Kinshasa,
allant jusqu’à instruire son ministre des Affaires étrangères
d’organiser très prochainement une rencontre avec son homologue
RD-congolais à Paris.
Au vice-Premier ministre belge des Affaires étrangères, Didier
Reynders, Léonard She Okitundu avait apporté des explications claires
sur le processus électoral et les discussions en cours à la CENCO. A
Hoyo, au Congo-Brazzaville, ou encore à Luanda, en Angola, même
démarche, même détermination et même résultat.
Faire sexy, convaincre!
Avant de se rendre au Conseil de sécurité des Nations unies mardi, She
était le weekend, aux côtés du Premier ministre Samy Badibanga et
d’autres membres du gouvernement, au Swaziland, où se tenait le 36ème
Sommet extraordinaire de la SADC. Un sommet pourtant économique, mais
avec une bonne dose politique. Devaient y être examinés, les cas de la
RD-Congo avec la mise en œuvre de l’Accord de la Saint Sylvestre et du
Lesotho dont la chambre législative a été récemment dissoute. She a su
comment s’y prendre! En premier, le VPM qui a pris possession de sa
suite dans le très chic Countryard Hôtel de style british Royal Swazi
Spa, accompagné de son équipe stratégique, amorce les contacts avec
différents experts, en attendant les bilatérales prévues le lendemain.
Dans l’entretemps, confie un proche du patron de la diplomatie
RD-congolaise, des rendez-vous sont pris avec la Zambie et la Tanzanie
qui préside la troïka politique de la SADC. Histoire de mieux
expliquer la situation RD-congolaise souvent incomprise ou mal
présentée. Puis, vers 10 heures, alors que le soleil doux de Mbabane
illumine le patio de l’Hotel Royal Swazi, She reçoit le briefing des
ministres Aimé Boji du Commerce extérieur et Ilunga Leu de l’Industrie
qui ont pris quartier au Swaziland depuis le début des travaux. Les
ambassadeurs Bene Mpoko à Pretoria, point focal SADC, et Léon Ngandu,
itinérant Afrique du Chef de l’Etat, apportent la touche diplomatique
et politique. Juste après, vers 11heures, une première bilatérale avec
l’homologue zambien Harry Kalaba. Ensuite le ministre Tanzanie, patron
politique de la SADC. Dans le lounge du Royal Swazi Spa, les deux
homologues qui se sont familiarisés à Dar-es-Salam fin février
entourés de leurs sherpas et collaborateurs, engagent la conversation
bilingue -anglais-français.
Au menu, la mise en œuvre de l’Accord du 31 décembre signé à Kinshasa.
A la question du Tanzanien de savoir où en est-on aujourd’hui,
Okitundu répond: «les travaux ont été suspendus suite à une formation
des évêques en Suisse et au décès de Tshisekedi, mais ont repris ce
jour -jeudi 16 mars. Le Président Kabila après avoir reçu rapport de
la CENCO attend trois noms pour nommer le Premier ministre.
L’Opposition n’en veut pas et le Rassemblement est divisé en 3 ailes
distinctes». Et d’achever: «toutes les parties ont convenu de
respecter l’esprit et la lettre de la Constitution qui donne en son
article 78 un pouvoir discrétionnaire au Rais -Nyerere se faisait
appeler ainsi-, la majorité l’a réduit à 3 noms sinon c’est
l’Opposition qui nommerait alors ce dernier et le président ne le
serait plus». Message capté 5/5!
La retombée est dans le communiqué final ou les Chefs d’Etats et des
gouvernements de la SADC demandent à l’Opposition de présenter au
Président de la République une liste de 3 noms. Communiqué qui n’est
pas passé inaperçu au Rassemblement qui a exprimé poliment son
désaccord à cette résolution via un communiqué. Félix Tshisekedi,
signataire de ce communiqué, pourtant réputé pour la brutalité de son
langage, a dû faire preuve de beaucoup des tacts, certainement déçu de
voir balayés d’un revers de la main tous ses efforts diplomatiques
engagés auprès des certains Chefs d’Etats membres de la SADC, tel le
Sud-africain Jacob Zuma.
Mardi aux Nations unies, une même dose la part du VPM RD-congolais.
Dans son adresse avant la réunion à huis clos, She commence par
retracer le processus du dialogue en RD-Congo, partant de celui de la
Cité de l’OUA et aboutir à celui de la CENCO, qui fait aujourd’hui
polémique. «Il n’existe aucune manœuvre dilatoire de la part du
gouvernement pour retarder les élections», assène-t-il d’entrée de
jeu. Et d’ajouter: «le Rassemblement est appelé à présenter une liste
comportant au moins trois noms des candidats à ce poste -NDLR: poste
de PM- parmi lesquels le Chef de l’Etat aura à en nommer un
conformément à l’article 78 de la Constitution».
Et au chapitre sécuritaire et électoral, le patron de la diplomatie
RD-congolaise a fortement taclé la MONUSCO qui n’a réalisé que 2 vols
sur les 20 prévus dans le Nord-Ubangi pour appuyer la CENI. «Il est
inadmissible, en effet, de constater que la mission de paix des
Nations unies, la plus importante au monde, se trouvant dans mon pays
depuis environ deux décennies, ne soit pas en mesure, avec les moyens
dont elle dispose, de parvenir à mettre un terme à une situation de
crise qui perdure depuis plusieurs années», achève LSK qui préconise
une évaluation de l’efficacité de la mission et un retrait coordonné
et définitif des troupes onusiennes.
HMK
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