Au cours du briefing hebdomadaire du 10 juillet, le patron de la territoriale a fait des promesses, à moins de 6 mois des élections et trois semaines des Jeux de la Francophonie dans un contexte où Kinshasa et ses environs respirent dans la méfiance…
Quelques jours après la sortie du Président de la République au cours de laquelle il a attribué une mauvaise note à la Justice, jugée incapable de rencontrer sa vision tandis que le secteur de la défense nationale tarde, lui aussi, de donner satisfaction et risque de lui priver des voix dans la partie orientale du pays, son vice-Premier ministre et ministre de l’Intérieur, Peter Kazadi, s’est présenté, lundi 10 juillet, au briefing hebdomadaire, presqu’obligé de sortir de son cocon pour aborder 3 patates chaudes liées à l’insécurité: Kuluna, kidnappings et Mobondo.
En quasi mission de restauration de confiance à la fois envers la population et envers les délégations attendues pour la quinzaine de la Francophonie, le ministre de l’Intérieur a reconnu que le phénomène «Kuluna» a la peau dure à Kinshasa. «La mission qui m’a été confiée était de l’éradiquer», a-t-il indiqué, tout en reconnaissant l’impuissance de la Police suite, selon lui, au manque de motivation. «Avec une Police motivée, les résultats sont là», a-t-il fait remarqué, annonçant «le retour de l’autorité de l’Etat», pas seulement à Kinshasa, mais à travers toute la RD-Congo.
Abordant le chapitre «Mobondo», cette crise née d’un conflit interethnique à Kwamouth, Maindombe, dans le Grand Bandundu, et aujourd’hui aux portes de la capitale, le n°2 du gouvernement Sama a salué les efforts fournis. «Kwamouth est aujourd’hui presque pacifié grâce au concours des forces de sécurité mixte appelées inter force, composées des éléments de la Police et de plusieurs unités de l’armée», a-t-il annoncé.
Toutefois, a-t-il reconnu, du chemin reste à parcourir pour préserver les vies humaines, centre de la stratégie du gouvernement dans une approche holistique. En d’autres termes, le gouvernement agit à la fois sur le front de la force mais aussi sur le front du dialogue communautaire.
«La commission mise en place a permis de récupérer plusieurs éléments Mobondo qui sont des jeunes gens qui se sont sentis dépossédés de leurs terres», a poursuivi Peter Kazadi, annonçant dans la foulée la tenue dans les prochains jours d’un Forum de paix. Ces échanges devrons réunir entre autres les autorités traditionnelles des territoires ayant subi des attaques de la milice Mobondo «pour essayer de trouver une solution pacifique» pour une crise ayant une «dimension sociale».
Phénomène kidnappings: un procès au goût d’inachevé
Dans un autre registre, le n°1 de la sécurité nationale s’est réjoui de la condamnation des personnes poursuivies pour enlèvements. Avocat de son état, Kazadi a évoqué un «procès facile» dans la mesure où «presque tous les prévenus sont passés aux aveux». Accusé par certaines langues de protéger les vrais barrons de ces enlèvements qui seraient impliqués dans un réseau de trafic d’organes, Kazadi a dit attendre les preuves de l’existence de ce réseau alors qu’un audio en circulation libre fait état d’un échange virulent entre lui et un interlocuteur qui se présente comme «communicateur du Président de la République».
Dans cet enregistrement, l’interlocuteur de Peter Kazadi sermonne ce dernier et l’accuse de travailler contre le Président. Interrogé à ce sujet, le VPM Kazadi a authentifié l’enregistrement et évoqué un «souci de redevabilité» envers un citoyen. Kazadi s’est montré catégorique et a démenti tout cas d’amputation d’organe à Kinshasa, invitant les victimes, s’ils existent, à se manifester pour prouver le contraire. A l’en croire, les enlèvements à Kinshasa sont perpétrés par «des bandits qui s’en prennent à de paisibles citoyens, les tuent et leur causent des dommages corporels».
Rien à craindre donc selon lui pour la tenue des Jeux de la Francophonie dans la capitale RD-congolaise, d’autant plus que des mesures de sécurité supplémentaires seront bientôt publiées. A six mois des élections, la sécurité appert clairement comme un des domaines clés, aux côtés de la Justice, pour donner des arguments solides à Félix Tshisekedi en prélude de la prochaine campagne électorale. Son lieutenant en charge de la sécurité semble désormais décidé à produire de bons résultats en déclarant la guerre à l’insécurité alors que la «Justice a détruit la nation». Si ce chantier échoue, après celui de la Justice, en attendant que les résolutions de Luanda et Nairobi donnent les résultats escomptés, difficile pour le Régime de prétendre à un bilan flatteur.
Octave MUKENDI
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