
Il est le seul, à part le Président Félix Tshisekedi, à connaître le calendrier de la patrouille financière. Jeudi, l’Inspecteur général-chef de service de l’inspection générale des finances -IGF-, Jules Alingete Key, poste un message révélateur jeudi sur Twitter. «La bonne gouvernance résulte toujours d’un long processus d’application, de maîtrise et d’intériorisation des règles et procédures de gestion. Les veilles habitudes ont toujours tendance à revenir si la thérapeutique n’a pas été suffisante», écrit ce haut fonctionnaire, convaincu quelques semaines plus tôt que «le manque de discipline en matière de gestion publique et la boulimie des prédateurs dans la course à l’enrichissement personnel ont été des vecteurs importants dans la cacophonie financière en République démocratique du Congo».
Jules Alingete n’effectue pas une sortie hasardeuse, justifient des sources recoupées dans la ville, précisant que ses services ont été alertés sur des messes noires dans plusieurs structures de l’État, convoquées par des mandataires et autres fonctionnaires hostiles à la patrouille financière de l’IGF.
Selon ces sources, ce tweet est signe que l’Inspecteur général-chef de service de l’IGF n’entend pas lâcher prise, au moment où sa machine de surveillance donne de plus en plus de résultat et nombre de partenaires et observateurs saluent son apport dans la mobilisation des recettes. Ces sources rappellent qu’au mois de juillet 2022, les trois régies financières du pays, notamment la Direction générale des recettes administratives, judiciaires, domaniales et de participations -DGRAD-, la Direction générale de l’impôt -DGI- et la Direction générale des douanes et des Accises -DGDA-, ont mobilisé 1 701,9 milliards de Francs congolais soit 117% par rapport aux assignations du mois estimées à 1.458,8 milliards de Francs congolais.
Ce chiffre est en hausse de 63,86% par rapport aux 1087 milliards de Francs collectées en juin. Elles rappellent également que, dans l’ensemble, le gouvernement a dit avoir mobilisé entre janvier 2022 et juillet 2022, soit sept mois seulement d’exercice, «tout ce que le pays a pu mobiliser en 12 mois pour l’exercice 2021», soulignant un «état satisfaisant de mobilisation des recettes publiques». Ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement pendant plusieurs années sous Joseph Kabila, le député national Lambert Mende avoue être impressionné et donne ses arguments pour expliquer ces performances.
«La peur du gendarme financier a pu se manifester à travers un peu plus de discipline dans la gestion et encadrement des finances de l’Etat», dit-il sur page du confrère Stanis Bujakera, saluant «l’action de rigueur imposée par le style Alingete sous la direction du Chef de l’État».

À l’instar de Lambert Mende, le stratège et analyste économique Al Kitenge a aussi des mots flatteurs à l’endroit de Jules Alingete et ses équipes. Il a le sentiment que «l’IGF a fait un travail de redorer l’image de marque de l’autorité de l’État». Habitué à couvrir les croisades de l’IGF depuis leur lancement par Jules Alingete, Bujakera lui-même y va aussi de ses explications sur son compte Twitter.
«La redynamisation de l’IGF, à l’initiative personnelle du Président Félix Tshisekedi, s’est matérialisée par l’abandon du contrôle ponctuel -a posteriori- et le passage vers le contrôle concomitant appelée la ‘’patrouille financière’’ qui doit être maintenu», soutient-il. Puis: «Depuis un certain temps, l’IGF a pris l’option d’agir de manière préventive contre les malversations des finances publiques. Elle déploie de ce fait, les inspecteurs dans plusieurs entités pour des missions d’encadrement des dépenses. Il s’agit de la patrouille financière».
Puis encore: «Les résultats de cette nouvelle pratique sont légion. Des mesures disciplinaires ou correctrices ont été apportées à l’issue de ces missions de contrôle: suspension de certains mandataires et agents, changement des postes, changements de procédure interne au sein des entités. Dans certains cas, des poursuites judiciaires ont été engagées contre des personnes». Mende, Al Kitenge, Bujakera et bien d’autres citoyens de la République démocratique du Congo plaident pour l’appropriation du travail de ce garde-fou «vital» nommé Inspection générale des finances.
Tino MABADA