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Patrick Muyaya: «Nous donnerons tout pour défendre notre pays»

«Ce que nous voulons, c’est la paix. Mais nous ferons la paix avec celui qui veut la paix, à condition d’être sincère avec nous et de ne pas avoir d’agenda caché. Comme pour souligner la place que la RD-Congo attache à cette paix, le ministre de la Communication et Médias a rappelé le sens du périple entrepris par Félix Tshisekedi au lendemain de son investiture comme président de la République, à travers tous les neuf pays qui nous entourent. L’objectif était de faire la paix et promouvoir la stabilité de la région, en passant l’éponge sur le passé. Mais pour l’instant et en attendant, nous ferons tout pour défendre notre pays». C’est dans ce contexte qu’il convient de situer les propos tenus le lundi 30 mai par le ministre en charge de la Communication et Médias et porte-parole du gouvernement, Patrick Muyaya Katembwe, lors d’un briefing spécial sur l’évolution de la situation sécuritaire au Nord-Kivu et la traque des terroristes M23 soutenus par le Rwanda.

Dans le briefing co-animé avec le porte-parole de l’Armée nationale, Léon-Richard Kasonga, et celui de la Police nationale, Pierrot Muanamputu, le ministre Patrick Muyaya a eu les mots qu’il faut pour saluer la mobilisation de tous les RD-Congolais autour de leur armée nationale, les FARDC, dans leur détermination à restaurer la paix à l’Est du pays en boutant dehors l’ennemi, d’où qu’il vienne. «Je voudrais, au nom du gouvernement, remercier tous les RD-Congolais, partout où ils se trouvent, parce qu’ils se sont mobilisés spontanément. Au moment où nous commençons cet exercice, il y a des compatriotes qui sont à la Gare centrale pour dire non à cette énième déstabilisation», a déclaré Patrick Muyaya. 

Puis, complété par les deux généraux, il a tracé les contours de cette énième attaque subie par les positions des FARDC autour du camp Rumangabo par les soi-disant éléments du M23, mouvement derrière lequel se cache le Rwanda, et dont il porte les revendications comme l’a si bien signifié le porte-parole du gouvernement. «Comment peut-il en être autrement dès lors que ce mouvement, dont on sait qu’il a été totalement défait et dépouillé en 2013, arrive aujourd’hui à s’équiper militairement sans être soutenu par quelqu’un d’autre. Dans les conditions qui étaient les siennes après sa débâcle de 2013, le M23 ne pouvait mener une telle attaque contre les FARDC sans avoir quelqu’un derrière», a indiqué le lieutenant général avant de se poser la question de savoir d’où lui sont venues toutes les armes sophistiquées utilisées contre les FARDC.

A l’aide d’une carte géographique, ce porte-parole de l’Armée a, dans ses explications, rappelé les positions qu’occupaient les troupes RD-congolaises avant d’être surprises par l’attaque de l’armée rwandaise derrière le M23. En outre, il a tracé l’itinéraire des assaillants qui laisse clairement voir qu’ils étaient venus de quelque part. Donc, du Rwanda.

Cette thèse de l’implication rwandaise sera beaucoup plus plausible avec la présentation aux journalistes des photos de deux soldats rwandais, venus de leur pays et capturés sur le territoire RD-congolais par la population. Interrogés sur les mobiles de leur présence en RD-Congo et surtout leur implication dans ces hostilités, ils ont dit sans ambages que l’objectif est d’occuper le camp Rumangabo, a informé le porte-parole des FARDC. De son côté, Pierrot Muanamputu a salué les performances du Conseil local de sécurité et de proximité qui établit un véritable partenariat entre la Police et les populations.

A l’en croire, c’est d’ailleurs au nom de cette collaboration que les deux soldats rwandais ont été capturés avant d’être remis aux autorités militaires. «Une armée ne gagne pas la guère si la population ne collabore pas. L’avantage que nous avons au niveau de ces zones opérationnelles, c’est que la population a compris que pour qu’on puisse se débarrasser de ceux qui sont venus briser la sérénité, il faut que nous puissions collaborer avec la Police et l’Armée. Et dans le cadre de cette collaboration, c’est le Conseil local de sécurité et de proximité», a fait savoir le porte-parole de la PNC.

A la question de savoir si oui ou non il faut négocier et avec qui, Patrick Muyaya a rejeté toute idée d’engager des négociations avec le M23, dans la mesure où, ce mouvement déjà identifié comme terroriste, sera traité comme tel. A cela s’ajoute que le M23 avait rejeté l’appel du Chef de l’Etat Félix-Antoine Tshisekedi, en séchant les assises de Nairobi sur la paix. Etant réfractaire à ce processus, il s’expose donc à la force, a indiqué Patrick Muyaya, précisant que le gouvernement reste plutôt ouvert aux négociations avec le Rwanda qui est un pays voisin, pourvu que ça soit dans un dialogue sincère et sans équivoque. Nul doute qu’en attendant qu’arrive ce moment de dialogue, la RD-Congo fera tout pour défendre son territoire. «A ce sujet, il est temps de faire la trêve avec l’hypocrisie… Nous ferons davantage pour donner le signal que vouloir la paix ne signifie pas être naïf et prêt à tout tolérer», a-t-il signifié à Kigali, sans exclure l’hypothèse de la rupture des relations diplomatiques avec ce pays comme l’exigent beaucoup de RD-Congolais.

Cependant, a-t-il martelé, «toutes les cartes sont sur la table». S’agissant toujours de ce pays voisin, le ministre Muyaya avait annoncé pour le mardi la convocation de l’ambassadeur du Rwanda en RD-Congo pour raison de notification. Comme le ministre en charge des Affaires étrangères, Christophe Lutundula, est en mission, le premier ministre pourra choisir parmi les ministres, un autre pour recevoir le diplomate rwandais, avait promis le porte-parole du gouvernement.

A la question de savoir si les FARDC ont la capacité de battre l’armée rwandaise, le porte-parole de l’Armée congolaise a appelé à ne pas sous-estimer une armée qui, il y a 3 ans, était créditée 8ème en Afrique, même si aujourd’hui, elle a perdu quelque trois places. Et d’ajouter que ce classement est dû, entre autres à la capacité des FARDC de battre les groupes armés comme ce fut le cas avec les LRA, FDLR, les Enyele, Kamwena Nsapu, etc., à leur capacité à former les hommes, et à leur logistique, etc. Concernant la situation sur le terrain, elle est sous contrôle. C’est en ce sens que la route Rutshuru-Goma a été rouverte à la circulation. Sur ces entrefaites, les FARDC s’emploient à la consolidation de leur position sur le terrain, à la protection des populations, puis à des patrouilles pour le nettoyage des résidus.JeJe MBUYAMBA

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