Quand on consulte les dépenses de l’Etat pour l’exercice 2015, on constate et on a l’impression que les crédits d’investissement sont accordés aux provinces selon qu’elles sont proches ou éloignées de notre Premier ministre
L’année qui vient de s’achever a été particulièrement dure pour Kinshasa, Kongo Central, l’ex-Province Orientale, les 2 Kivu et l’ex-Kasaï Occidental. Ces 6 provinces n’ont pas eu accès aux crédits d’investissement votés en leur faveur au budget de l’Etat.
Rien et alors rien ne leur a été versé à ce titre comme l’atteste le Tableau 11 du rapport de reddition des comptes. A l’inverse, le gouvernement Matata a privilégié le Maniema, sa province d’origine, qui a bénéficié, à elle seule, de 8.126.985.061 de francs congolais, soit environ USD 9 millions.
Pendant ce temps, l’ex-Equateur, l’ex-Kasaï Oriental et l’ex-Katanga n’ont droit qu’à des miettes. Exceptionnellement, l’ex-Bandundu a pu bénéficier de 7.733.157.451 de francs congolais alors que dans les prévisions linéaires lui octroyées initialement se chiffraient à 2.614.766.588 de francs congolais.
En RD-Congo, toutes les provinces sont-elles logées à la même enseigne? Est-ce que les provinces réputées plus gros contributeurs au budget de l’Etat sont-elles traitées conformément à leur statut? AfricaNews a usé de son droit de consultation et replongé dans les documents officiels, notamment le rapport de reddition des comptes, qui recense l’exécution du budget de l’Etat, afin de contribuer à ce débat.
On note le déséquilibre, l’injustice dans le paiement des crédits d’investissement alloués aux provinces. Sur un total général de 1.103.421.370.195 de francs congolais et des prévisions linéaires de 275.855.342.549 de francs congolais, Matata Ponyo, notre Premier ministre n’a payé que 18.978.117.778 de francs congolais. Et on constate que le Maniema, la province d’origine de notre Premier ministre, a eu droit à la plus grosse part numéraire: elle a bénéficié, à elle seule, de 8.126.985.061 de francs congolais, soit environ USD 9 millions, soit un taux d’exécution de 58,6%. Aucune autre province n’a eu droit aux crédits d’investissement de cette hauteur.
Ces chiffres contrastent nettement avec le traitement réservé aux trois provinces, plus grands contributeurs au budget de l’Etat, notamment l’ex-Katanga, Kinshasa et Kongo Central. Si la première s’est contentée de 1.842.806.428 de francs congolais contre 112.488.307.053 de francs congolais, soit 1,6%, les deux autres n’ont eu accès à rien. Un désavantage partagé avec l’ex-Kasaï Occidental, l’ex-Province Orientale, le Nord-Kivu et le Sud-Kivu. Dur, dur pour ces provinces de réaliser leurs projets d’investissement.
L’ex-Kasaï Oriental peut s’enorgueillir de se classer derrière le Maniema en termes de taux d’exécution -23,6-, il est tout aussi mal loti avec ses 1.070.319.010 de francs congolais sur des prévisions linéaires de 4.504.750.564 de francs congolais. Les responsables de l’ex-Equateur ont certainement dû se tordre les méninges avec un compteur arrêté à 204.849.828 de francs congolais, soit 1,5 de taux d’exécution. Soit encore 22.000 dollars américains. Soit, enfin, 409 fois moins que les fonds alloués au Maniema.
La conclusion est imparable: il y a deux poids deux mesures dans le paiement des crédits d’investissement votés en faveur de nos provinces. On a l’impression que ces fonds, ces droits sont accordés aux provinces selon qu’elles sont proches ou éloignées de notre Premier ministre. Un autre article publié dans ces colonnes avait déjà démontré que Kindu, le chef-lieu du Maniema, était jusque-là, l’une des destinations favorites du chef du gouvernement de la République. Difficile dans ces conditions de contribuer au renforcement de l’unité nationale.
AKM
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