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Finances publiques, resultats flatteurs: Adolphe Muzito salue l’action de Samy Badibanga

Le fait est suffisamment rare pour ne pas être relevé. Un ancien
Premier ministre qui salue l’action de l’un de ses successeurs, cela
n’arrive pas tout le temps dans ce pays où la critique subjective est
reine. En effet, dans sa 15ème Tribune intitulée «Vers un troisième
dialogue?», Adolphe Muzito analyse, notamment, les contraintes liées à
l’organisation des élections. Après avoir relevé que le gouvernement
Badibanga ne voulait pas du tout de la planche à billets «compte tenu
de ses effets sur le social de la population», l’ancien Premier
ministre ajoute: «le gouvernement Badibanga a réussi à équilibrer les
comptes du Trésor avec un solde positif de 5 milliards de FC fin
janvier 2017 en s’imposant une cure d’austérité de 100 milliards de
FC. Dans l’entretemps, il a fait face à un déficit calamiteux de près
de 500 milliards de FC lui légué par le précédent gouvernement à fin
2016». L’homme qui écrit n’est pas n’importe qui. C’est un connaisseur
de la science économique dont le passé plaide en sa faveur: inspecteur
des finances, ministre du Budget, Premier ministre.
Il est vrai que Muzito a dit en toute honnêteté ce que tout esprit
avisé et objectif peut constater. En effet, c’est sur les finances
publiques que le gouvernement dispose des marges de manœuvre pour agir
sur l’économie. Une fois investi, le gouvernement Badibanga s’est
attelé à une publication rapide des instruments de gestion des
finances publiques, à savoir le plan de trésorerie du secteur public
pour le premier trimestre dès la première quinzaine du mois de janvier
2017, suivi du plan d’engagement budgétaire. Les prévisions en
recettes et en dépenses ainsi que les soldes sont connues.
Tous les clignotants des finances publiques au rouge
L’exercice n’était guère aisé: outre le déficit de 500 milliards
relevés ci-haut, tous les clignotants dans le secteur des finances
publiques étaient au rouge. Le condensé d’informations statistiques de
la Banque centrale du Congo de janvier 2017 le rappelle si bien. En
effet, programmées à 282,4 milliards de CDF, les recettes ont été
mobilisées à hauteur de 242,9 milliards de CDF, dégageant un taux de
réalisation de 86,0 %. Ce qui fait que, rapprochées au niveau de
décembre 2015, les recettes de l’Etat ont enregistré une régression
significative de 21,2 %, d’une année à l’autre.
A l’exception des recettes provenant des pétroliers producteurs qui
ont connu un accroissement remarquable, toutes les autres rubriques
ont réalisé des replis comparativement à la période correspondante de
2015. En effet, les recettes collectées par la DGDA et la DGRAD ont
sensiblement baissé à concurrence de 38,1% et de 39,9% respectivement,
alors que celles mobilisées par la DGI ont connu une légère
contraction de 1,5%. Quant aux recettes provenant des pétroliers
producteurs, elles se sont fortement accrues de 103,3%.
En cumul annuel, les recettes ont atteint 3.633,1 milliards de CDF,
représentant certes un taux de réalisation de 91,7%. Cependant, il
faut les comparer aux 4.440,4 milliards une année plus tôt pour se
rendre compte qu’il y a eu une régression de 18,2%. Il sied également
de relever que tous les services mobilisateurs des recettes ont
réalisé des contreperformances. En effet, les recettes collectées par
les trois régies financières ont diminué de 24,0% pour la DGDA, de
12,9% pour la DGI et de 11,4% pour la DGRAD. Pour ce qui est des
ressources en provenance des «pétroliers producteurs», elles ont connu
une forte régression de 45,7%.
Résultats remarquables dès le premier mois d’exercice
Devant un tel tableau, il fallait commencer par équilibrer les comptes
du trésor. Pari gagné dès janvier 2017, c’est-à-dire le premier mois
d’exercice. Ensuite, le gouvernement s’est attelé à relever le niveau
des recettes publiques. Fin décembre 2016, Samy Badibanga réunissait
les directeurs des régies financières avec le ministre des Finances,
Henry Yav Mulang. Objectif: donner des instructions sur les nouvelles
méthodes de travail fondées sur des contrats de performance visant la
maximisation des recettes. La lutte contre la fraude comme
l’efficience dans la collecte de l’impôt sont ainsi renforcées.
Dès fin janvier, les résultats sont déjà au rendez-vous, et ils sont
remarquables: toutes les régies financières ont dépassé leurs
assignations, avec 99 milliards de francs de réalisation sur les 85
milliards de CDF attendus pour la DGDA, soit un taux de réalisation de
117%; 133 milliards de CDF réalisés contre 110 milliards de CDF
attendus pour la DGI, soit un taux d’exécution de 114%; et 41
milliards de CDF de recettes contre 36 milliards de CDF projetés pour
la DGRAD, soit un taux d’exécution de 117%.
Au total, sur les recettes de l’Etat projetées à 248 milliards de CDF,
les régies financières ont effectivement encaissé plus de 292
milliards de CDF, soit un taux d’exécution de 118%. Pour le reste,
l’exécutif s’est imposé une discipline de fer dans l’emploi de ces
ressources, ce qui lui a permis de dégager un excédent de plus de 5
milliard de francs là où il était attendu un déficit fin janvier 2017
de l’ordre de 6,7 milliards de CDF. Pourtant, côté dépenses, question
fondamentale des choix publics, aucune rubrique d’importance n’a été
gelée, comme certains pourraient être tentés de le croire.
Début du paiement de la dette longtemps ignorée
D’abord, il y a la préservation des acquis sociaux avec le versement
des salaires dont la masse est fixée à 162 milliards de CDF, et ce
dans le temps, y compris dans les territoires à accès difficile -ceux
où il n’y a pas de banque ou qui sont sujets à l’insécurité. Bien
plus, le gouvernement Samy Badibanga a commencé le paiement de la
dette intérieure: projetée à 7,2 milliards de CDF, elle a été liquidée
à hauteur de 8,4 milliards de CDF. A titre de comparaison, projetée à
20 milliards de CDF dans le budget 2016, cette rubrique n’a connu
aucune exécution tout au long de l’année écoulée, selon le condensé
d’informations statistiques de la BCC de janvier 2017.
De même, bien que non prévues dans les assignations, les interventions
humanitaires ont été réalisées à hauteur de 2 milliards de francs à
cause des inondations ayant causé de nombreuses victimes à Boma
d’abord, et à Kinshasa ensuite.
Concernant le processus électoral, la CENI a reçu 9,3 milliards de
francs sur les 28 de prévus. Il en sera encore ainsi en février 2017
pour la raison que son compte à la BCC dispose de suffisamment de
liquidités pour exécuter son programme. A partir de mars 2017, les
crédits à la CENI seront de 40 milliards de CDF, avant de passer à 100
milliards de CDF pendant les mois d’échéance fiscale -juillet et
novembre 2017.
Maîtrise de la gestion économique du pays dans un court délai
Le même effort a été enregistré en février 2017 où l’on enregistré un
autre excédent de  3,7 milliards de FC en janvier et février. Il en
résulte un excédent total de 9,6 milliards de FC, sans sacrifier
aucune dépense inéluctable telles que les salaires, les intérêts sur
la dette, les rétrocessions aux régies et les transferts aux
provinces. Bien entendu, toutes les régies financières ont dépassé
leurs assignations.
Il est vrai que tout n’est pas -et ne pouvait être- rose à seulement
deux mois d’exercice et en ayant hérité d’une situation aussi
difficile. Cependant, il est démontré que le gouvernement Badibanga
fait clairement preuve de maîtrise de la gestion économique du pays
dans un délai aussi court. C’est un exploit à encourager. Il reste à
espérer que ces excédents puissent aider à stabiliser la monnaie
nationale.
Belhar MBUYI

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