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Chérubin Okende: Kabisa conteste la méthode Mvonde

Criminologue de formation et de profession doublé de criminaliste, Boniface Kabisa a gravi tous les échelons de la Police judiciaire des Parquets jusqu’à la fonction d’Inspecteur général adjoint de la Police judiciaire des Parquets. Sur le plateau de «Congo Web TV», il a affiché son inquiétude de voir le PG de la Cour de cassation dévoiler les secrets des instructions pré juridictionnelles dans l’enquête sur le meurtre de Chérubin Okende…

Onze jours après le «crapuleux assassinat» de Chérubin Okende, député national et ancien ministre des Transports, voies de communication et désenclavement, l’enquête semble au point mort, en dépit des assurances gouvernementales. Alors que plusieurs voix s’élèvent pour exiger la célérité et l’efficacité de la procédure, le Procureur général de la Cour de cassation, Firmin Mvonde, préfère multiplier les sorties médiatiques, dévoilant certains contours de l’enquête criminelle tout en se dédisant. L’attitude laisse perplexe plusieurs spécialistes.

Criminologue et criminaliste, Boniface Kabisa a exprimé son étonnement sur un plateau de télévision. Ce spécialiste a dit ne pas comprendre le comportement du Procureur général près la Cour de cassation, pourtant maître de l’action publique. Il reproche à Firmin Mvonde d’avoir mis sur la place publique les démarches pré juridictionnelles, censées rester secrètes. «Ça risque de désorienter l’enquête», avertit-il. C’est une contestation de la démarche du PG Cassation. Rien d’autre.

Expert en apprentissage des méthodes de récolte des preuves en matière pénale, Kabisa condamne ainsi la gravité des actes posés ces derniers jours par le Procureur général près la Cour de cassation. «Qu’est-ce qu’il veut dire? Pourquoi il tient une conférence de presse? Pourquoi il doit mettre sur la place publique les démarches pré juridictionnelles qui doivent rester sécrètes?», s’interroge-t-il dépité, rappelant le «système inquisitorial» qui est d’application en RD-Congo.

«L’enquête et ses éléments sont secrets et ne peuvent être connus que de celui qui fait l’enquête et de sa hiérarchie», rappelle-t-il avec insistance, non sans avouer son «étonnement», sa «surprise» et son «inquiétude» quand il a vu le PG «exhiber ce type d’éléments sur la place publique». «Lorsqu’on n’a pas encore découvert l’auteur des faits, on ne peut pas mettre sur la place publique le peu d’indices qu’on a de peur de désorienter l’enquête», souligne-t-il.

De son regard d’expert, Boniface Kabisa rappelle qu’au cours d’une enquête, tout le monde devrait être suspect. «Je commence d’abord par me soupçonner moi-même, moi, l’enquêteur. Est-ce que je ne suis pas l’auteur de ces faits? Je dois justifier, moi, l’enquêteur, où j’étais. Qu’est-ce que je faisais? Pourquoi je ne pouvais pas être l’auteur, moi? Et si j’arrive à me soupçonner, qui je ne peux pas soupçonner? Tout le monde est suspect», assène-t-il.

Pour le journaliste Baudouin Amba Wetshi, Boniface Kabisa -qu’il a salué dimanche sur Twitter- «ne peut ignorer que la mort brutale du député Chérubin Okende a fait l’effet d’un coup de tonnerre. Les autorités judiciaires devaient ‘communiquer’ face à la psychose qui règne dans capitale».

Avant Kabisa, le secrétaire général du parti Ensemble, Dieudonné Bolengetenge, ainsi que les médias avaient eux aussi condamné cette manière de faire du PG de la Cour de cassation alors que Amesty International avait fait part de ses inquiétudes sur les garanties d’une enquête réellement indépendante.

Le corps sans vie et criblé de balles de Chérubin Okende a été découvert le 13 juillet aux premières heures de la matinée, sur le siège conducteur de son véhicule garé sur le Boulevard Congo-Japon -ex-Poids-lourds-, dans la commune de la Gombe. Quelques heures après cette macabre découverte, le PG de la Cour de cassation et le président du Conseil supérieur de la magistrature avaient animé un point de presse au cours duquel ils ont annoncé détenir un «premier suspect».

Quelques jours plus tard, le PG Mvonde est revenu à la charge pour démonter certaines de ses précédentes affirmations en plus de confirmer que le suspect détenu, le garde-corps du défunt, est propriétaire de l’arme d’où était issue la balle tirée sur Okende. Ce dernier, selon le PG Mvonde, tiendrait des discours qui «ne sont pas constants».

Natine K.

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