Le climat est morose en RD-Congo concernant les prochains scrutins. Les partis et regroupements politiques de l’Opposition dénoncent le fichier électoral élaboré par la Commission électorale nationale indépendante -CENI. Pour le Nouvel élan, parti d’Adolphe Muzito, ce fichier de 43.941.891 électeurs est faux parce qu’il ne comprend pas les électeurs de trois territoires, à savoir: les territoires de Rutshuru et Masisi, dans le Nord-Kivu, et celui de Kwamouth, dans le Maï-Ndombe. A la faveur d’une conférence de presse donnée à Kinshasa par Adolphe Muzito et ses collaborateurs, le Nouvel élan conteste ledit fichier et dit avoir saisi le président de l’Assemblée nationale, Christophe Mboso Nkodia Pwanga, lui demandant de ne pas recevoir le projet de loi portant répartition des sièges élaboré sur base du fichier électoral mis en cause.
Le fichier électoral jugé fiable par la mission mixte d’audit extérieur ayant abouti à l’élaboration d’un projet de loi sur la répartition des sièges à l’Assemblée nationale ne rencontre pas l’assentiment des acteurs politiques de l’Opposition. C’est le cas du Nouvel élan, parti politique d’Adolphe Muzito Mfumusi, qui a fustigé, le mardi 30 mai, à la faveur d’une conférence de presse à Kinshasa, «un fichier électoral corrompu ou partiel ne permettant pas de servir de base à la répartition des sièges ni de convoquer l’électorat pour les scrutins de décembre 2023».
En signe de contestation, le Nouvel élan a dit avoir saisi, par une correspondance, le président de l’Assemblée nationale, Christophe Mboso, lui demander de surseoir l’examen du projet de loi portant répartition des sièges pour la députation nationale en attendant un enrôlement complémentaire des électeurs dans les territoires non encore couverts par cette opération pour des raisons sécuritaires, à savoir: Kwamouth, dans la province de Maï-Ndombe, ainsi que Masisi et Rutshuru, dans le Nord-Kivu. Au cours de cette sortie médiatique, cette lettre mitonnée par le député national Paulin Mboma Boko a été lue par le Secrétaire général de Nouvel élan, Blanchard Mongomba, et largement commentée par Adolphe Muzito, lui-même.
Sans mettre des gants, le Nouvel élan, démontre, noir sur blanc, que le corpus électoral de 43. 945.891 d’électeurs ne concerne que les provinces couvertes par les opérations d’enrôlement des électeurs et ne doit pas être extrapolé sur l’ensemble de la République. Pour le Nouvel élan, puisque la CENI tient à organiser des élections sur l’ensemble du territoire national, il se dégage «un gap de 16 sièges, soit 1.220.314 électeurs ou 2,78% du scrutin présidentiel en moins, alors que la CENI tient, avec ce gap, à pouvoir tous les 500 sièges des députés nationaux».
A en croire Adolphe Muzito, ce corpus électoral aurait été divisé par le nombre de 500 sièges sans tenir compte du fait que trois territoires ne sont pas couverts par l’enrôlement. Un exercice qui a donc faussé le calcul pour la détermination du quotient des électeurs qui a servi de base à la répartition des sièges à l’Assemblée nationale. «La répartition des sièges se serait opérée sur base d’une certaine solidarité qui a fait octroyer un nombre de sièges sans base connue aux provinces partiellement couvertes par l’enrôlement.
De ce fait, la province de Maï-Ndombe s’en est tirée avec 11 sièges alors qu’en l’étape actuelle, elle ne compte que 6.000 enrôlés. Et le Nord-Kivu se retrouve avec 47 sièges alors qu’elle ne devrait en avoir que 34. Ce Nord-Kivu n’a eu que 3.026.907 enrôlés au lieu de 4.246.969», a dénoncé l’ancien Premier ministre.
Calcul du Nouvel élan
Pour Adolphe Muzito, bien que le nombre d’électeurs soit de 43.941.891 pour l’ensemble du pays, excepté les trois territoires, si la CENI, dans son calcul, maintenait l’hypothèse de 500 sièges pour l’Assemblée nationale, le quotient électoral serait minoré à 87.879. «Pour nous, ce quotient serait faux parce qu’il découlerait d’un total d’électeurs de 43.941.891 qui éludait les électeurs de Rutshuru, Masisi et Kwamouth représentant un total de 1.220.314 enrôlés. Ce quotient induirait une répartition erronée des sièges. Car, pour le Nord-Kivu, avec 47 sièges, le nombre des électeurs retenus devrait être non de 3.026.907 mais plutôt 4.245.969», a révélé le leader du Nouvel élan.
Pour ce parti, à considérer le corpus de 43.941.891, si la Centrale électorale calculait le quotient du siège sur 484 sièges, excluant les territoires de Rutshuru, Masisi et Kwamouth qui n’ont pas connu d’enrôlement, le quotient de 90.415,41 électeurs qui va se dégager, serait aussi erronée parce qu’il découlerait d’une division du nombre d’électeurs de 43.941.891 par un nombre des sièges -484- qui aura éludé les 16 sièges de Rutshuru, Masisi et Kwamouth, alors que ces sièges sont programmés aux élections du 20 décembre 2023. Voilà pourquoi Adolphe Muzito conteste cette manière de faire qui, selon ses propos, est passée par le retrait des sièges ailleurs pour doter des provinces non entièrement couvertes par l’enrôlement.
«Ce faisant, c’est l’ensemble du territoire national qui se trouve pénalisé par cette façon de faire». Le Nouvel élan note que le pays court au-devant des élections qui «se tiendraient avec un fichier électoral faux, sinon théorique ou fictif, mais partiel dans tous les cas». Il le qualifie aussi de provisoire. Il propose que la convocation de l’électorat prévue ce 25 juin soit postposée en attendant de compléter l’enrôlement dans les trois territoires non couverts, soit de recalculer le quotient électoral en fonction des circonscriptions effectivement couvertes par l’enrôlement afin de demeurer dans cette vérité sociologique là. Serait-il écouté, c’est toute la question.