«Je souhaite vivement que ces deux jours d’échanges et de délibérations offrent aux parties l’opportunité d’examiner et de proposer des solutions aux questions techniques et juridiques en suspens en vue de parvenir, selon une feuille de route et un calendrier à convenir, à un règlement complet et définitif de la question et d’ouvrir une nouvelle page de coopération dans l’histoire de ces trois pays frères…», a déclaré le Président de l’UA à l’ouverture des travaux
Sur invitation de la RD-Congo, assurant la présidence tournante de l’Union africaine -UA-, les pays impliqués dans la construction de Grand Barrage de la Renaissance -GERD- séjournent à Kinshasa pour poursuivre leurs négociations. A l’ouverture des travaux, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, Chef de l’Etat RD-congolais et Président en exercice de l’UA, s’en est félicité, encourageant ses hôtes d’aboutir à un compromis. «Je voudrais vous exprimer ma gratitude à toutes vos délégations, pour avoir bien voulu répondre à l’invitation de la République démocratique du Congo et de l’Union africaine. On ne peut comprendre la problématique de la construction du Grand Barrage éthiopien de la Renaissance sans reconnaitre le besoin croissant de la République arabe d’Égypte, de la République fédérale démocratique d’Éthiopie et de la République du Soudan pour leurs ressources en eaux transfrontières, et cerner l’importance du Nil en tant que source de vie et source de développement pour ces trois pays», a déclaré Tshisekedi.
Puis: «Certes, le lancement de la construction du GERD en avril 2011 a suscité plusieurs réactions, mais il a aussi mis en exergue le besoin d’établir un modèle de coopération régionale positive fondée sur les principes d’Intérêt mutuels pour sécuriser toutes les parties et permettre à leurs populations de s’épanouir davantage. C’est dans ce sens que la sagesse populaire partagée de part et d’autre de nos fleuves par les pays riverains devait tendre à les considérer non comme des barrières naturelles mais comme des boulevards bleus pour faciliter les échanges et des passerelles pour la jonction de nos intérêts et des projets de coopération régionale».
Puis encore: «Je pense personnellement que la décennie des rencontres et des négociations n’a pas été une décennie perdue. Bien au contraire, elle a servi à déblayer le terrain, à mieux cerner et comprendre nos préoccupations, appréhensions et ententes respectives. Certes la route est balisée et les points de repère posés, mais il s’impose encore à nous le défi de travailler en harmonie et de bien gérer le temps qui nous reste pour harmoniser les vues, notamment sur la nature de l’instrument dans lequel seront consignés les futurs arrangements à convenir».
Pour Tshisekedi, cet instrument tant attendu par des centaines de millions d’Egyptiens, Ethiopiens et Soudanais gagnerait à avoir comme objectif ultime la réalisation des droits humains à l’eau, à l’alimentation et à la santé des populations des trois pays et de leur droit au développement et à un environnement satisfaisant propice à ce développement, au-delà des droits des Etats à utiliser les eaux du Nil. «La dimension humaine est à placer au centre de ces négociations tripartites. A cet égard, outre d’autres tentatives passées ou en cours, il convient de considérer la Déclaration des principes de 2015 comme une base constructive pour l’ensemble des développements techniques et juridiques, et même pour une éventuelle mise en place d’un cadre permanent de concertation, ainsi que pour la mise en œuvre d’un faisceau des projets de coopération régionale profitables à toutes les populations», a rappelé Fatshi, insistant sur le fait que «le fleuve Nil doit demeurer une source féconde de vie et de prospérité partagée dans un processus gagnant-gagnant, respectueux des intérêts mutuels et réciproques des Etats et peuples concernés».
Et de poursuivre: «l’Agenda 2063 nous appelle, avec le concours de vous tous, à relever le défi de la poursuite de la campagne ‘’ Faire taire les armes: créer des conditions propices au développement de l’Afrique’’, campagne initiée sous la présidence de mon prédécesseur, le Président Cyril Ramaphosa, à qui je rends un hommage mérité pour tous les efforts fournis, malgré le surgissement impromptu et imprévisible de la Covid-19». Il a tenu le cap de la lutte implacable contre cette pandémie par une coordination heureuse des efforts continentaux en collaboration avec Africa CDC, mais aussi par la poursuite d’autres actions car, l’Afrique que nous voulons est une Afrique débarrassée des conflits et des crises. Selon Tshisekedi, la poursuite des négociations tripartites à Kinshasa a cet avantage de pouvoir sortir ces négociations du virtuel pour le présentiel physique, «face to face» comme disent d’aucuns.
Objectif: déclencher une nouvelle dynamique
«Elle peut être considérée comme une étape importante, un événement majeur, un pas décisif, mais elle ne constituera véritablement un tournant capital que par le contenu que tous ensemble, nous lui donnerons, si nous sommes animés par la détermination et le courage de surmonter les obstacles. Ainsi, la réunion de Kinshasa se fixe comme objectif de déclencher une nouvelle dynamique qui devrait nous permettre de franchir de nouvelles étapes et de les consolider, notamment par la mise en place d’une feuille de route consensuelle, fixant les objectifs, la périodicité et les lieux de nos rencontres, en tenant compte des contraintes temporelles. C’est pourquoi j’ai profité de cette fenêtre d’opportunité pour relancer la poursuite des négociations avec l’accueil, en présentiel de cette première réunion des parties que je souhaite fructueuse aux termes des échanges que vous allez bientôt engager», a-t-il souligné.
Et de renchérir: «je souhaite vivement que ces deux jours d’échanges et de délibérations offrent aux parties l’opportunité d’examiner et de proposer des solutions aux questions techniques et juridiques en suspens en vue de parvenir, selon une feuille de route et un calendrier à convenir, à un règlement complet et définitif de la question et d’ouvrir une nouvelle page de coopération dans l’histoire de ces trois pays frères, pays si indispensables à la consolidation de la paix dans tout le continent. Les divergences autour du Grand Barrage éthiopien de la Renaissance ne doivent pas être regardées comme une fatalité mais comme une chance pour un meilleur rapprochement de nos populations et l’ouverture de nouvelles opportunités de coopération transfrontalière et régionale. Elles doivent être aplanies et c’est pour cette raison que vous êtes là».
Prendre un nouveau départ
Par conséquent, le Président Tshisekedi invite tous les participants à prendre un nouveau départ, à ouvrir une ou plusieurs fenêtres d’espoir, à saisir toutes les opportunités, à rallumer le feu de l’espérance. «Il nous faut avec réalisme mais aussi détermination, trouver des issues heureuses et durables pour se parler et échanger régulièrement les informations, pour nous accorder sur la poursuite sans relâche du processus ainsi amorcé, sur la périodicité de nos rencontres, pour vider progressivement les points en suspens, pour arriver à un arrangement consensuel gagnant-gagnant, apaisant pour les uns et les autres», a-t-il conclu, en souhaitant aux participants pleins succès dans les travaux.
Octave MUKENDI