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Mushobekwa: «La Loi Tshiani va nous faire reculer»

L’ancienne ministre des Droits humains, cohérente avec elle-même, a dénoncé une démarche honteuse et extrémiste vouée à l’échec…

Une union sacrée se forme contre la proposition de loi de Noël Tshiani, visant à exclure une catégorie de RD-Congolais de la gestion de la Respublica et portée par un député national de l’Union sacrée de la nation chère au Président Tshisekedi. Sur Twitter, les voix continuent à s’élever pour dénoncer cette démarche «suicidaire». Marie-Ange Mushobekwa, députée nationale et ancienne ministre des Droits humains, a rejoint le mouvement, vent debout contre la possible adoption de cette loi dont l’examen a été inscrit dans l’agenda de la session de mars après un tour de passe-passe.

Tout en reconnaissant à Noël Tshiani le droit d’exprimer son opinion dans une démocratie, Mushobekwa a dit pas comprendre la corrélation entre la loyauté à son pays et la couleur de la peau d’un individu ou le pourcentage du sang de ce pays qui coule dans ses veines. «C’est plutôt une question de principe, de patriotisme, de conviction et d’attachement. Je suis pour un débat franc, mais je suis convaincue que nous allons beaucoup reculer si cette loi était votée au Parlement», a recadré l’ancienne journaliste.

Aussi, a-t-elle fait remarquer, la Loi Tshiani semble viser essentiellement les mulâtres -personnes nées de parents de race différente- que les personnes nées de parents noirs mais de nationalités différentes. Une ségrégation raciale que la députée ne tolère guère. «La personne qui propose la loi dit elle-même que les métis ne devraient pas accéder à certaines fonctions publiques en RD-Congo. A l’entendre parler, il vise principalement les mulâtres qu’il cite nommément sans gêne. Moi, je m’interdis de les citer pour rester cohérente avec moi-même dans la lutte contre le racisme et la xénophobie», a-t-elle dénoncé, expliquant la nuance entre métis et mulâtre.

Répondant à une certaine catégorie de l’opinion qui estime que Tshiani n’a pas inventé la roue en proposant de verrouiller l’accession aux hautes fonctions pays, Mushobekwa n’est pas allé par le dos de la cuillère: «Oui, dans tous les pays du monde, on a verrouillé la fonction du Président. N’y accède pas qui veut. C’est pourquoi en RD-Congo, il y a déjà plusieurs exigences: être RD-Congolais -la Constitution stipule clairement qui est RD-Congolais; avoir au minimum de 35 ans; caution d’USD 100.000, avoir résidé de manière permanente en RD-Congo les deux dernières années précédant les élections; n’avoir jamais été condamné pour corruption, crimes de guerre et/ou contre l’humanité, etc.».

Loin d’être opportuniste, Marie-Ange Mushobekwa est plutôt restée cohérente dans sa pensée au fil des années. En 2017 alors membre du gouvernement du gouvernement Tshibala, elle avait déjà pris à contre-pied le mouvement racial naissant dans le pays en qualifiant «d’honteux» la tendance à «lier la race à un choix politique». Cinq ans plus tard, la voilà de nouveau dans les premières loges de l’histoire alors que la RD-Congo joue sa survie attend que nation.

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