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Mukolo-Matata : l’étrange offre contenue dans la lettre du Procureur général près la Cour constitutionnelle

Qui en veut à l’ancien Premier ministre? Est-ce sa tête qui dérange ou c’est la procédure judiciaire qui change de roues? Des questions abondent alors que les immunités parlementaires ont été levées pour que le sénateur soit entendu dans le dossier de la zaïrianisation…

Malade parce qu’empoisonné, l’ancien Premier ministre -2012 à 2016-, Augustin Matata a sollicité l’autorisation pour des soins médicaux à l’étranger. Mais, le Procureur général près la Cour constitutionnelle lui propose une offre qui va à l’encontre des droits humains. «Tu vas partir mais accepte d’abord que je t’entende dans l’affaire Bukanga-Lonzo». Cette condition du PG peut-elle être qualifiée de chantage ou d’un refus de venir à la rescousse d’un malade? Voilà la question que les plus avertis se posent. «Les soins médicaux à l’étranger en échange de l’audition dans le dossier Bukanga-Lonzo. Un arrangement inédit dans l’histoire de la justice RD-congolaise», ne cessent-ils de s’indigner surtout quand tout le monde sait que le Sénat n’avait pas levé les immunités de Matata pour donner le feu vert sur ce sujet. 

Dans les salons huppés de la ville capitale, l’inquiétude ne fait que prendre corps dans la mesure où la RD-Congo qui est un Etat de droit où l’on devrait respecter les décisions prises par chaque institution pour la sauvegarde de la séparation des pouvoirs. «La décision de la plénière du Sénat en date du 15 juin 2021, en est une qui mérite respect et considération. A ce titre, le Parquet général près la Cour constitutionnelle ne peut l’ignorer et revenir sur le dossier Bukanga-Lonzo d’autant plus qu’il en a été notifié par la lettre du président du Sénat référencée n° 0219/CAB/PDT/SENAT/MBL/EM/pkg/2021 du 21 juin 2021», explique même un communiqué de presse du 12 août signé par Augustin Matata Ponyo.

Le même communiqué souligne clairement qu’un Etat de droit implique que l’on respecte les libertés de mouvement sans aucune restriction d’un sénateur élu et ce, conformément à l’article 220, alinéa 1er du Règlement intérieur du Sénat -Cfr article 109, alinéa 1er de la Constitution- qui dispose: «Le sénateur a le droit de circuler sans restriction ni entrave à l’intérieur du territoire national et d’en sortir». «Le sénateur a également droit aux soins de santé et d’évacuation sanitaire».

Alors pourquoi le PG près la Cour constitutionnelle doit-il fouler aux pieds toutes ces dispositions légales et règlementaires? Sûrement c’est pour un chantage, imagine-t-on dans les microcosmes politiques qui ont pris connaissance de ce communiqué signé depuis le 12 août dernier.  Augustin Matata est malade. Il veut se déplacer pour poursuivre son traitement par rapport à son empoisonnement. Et tout le monde le sait parce qu’il l’avait déclaré à haute voix. Mais conditionner l’autorisation par son audit dans l’affaire Bukanga-Lonzo étonne plus d’un spécialiste qui disent le droit. Et le vrai doit. En âme et conscience! Est-ce la tête de Matata qui dérange ou c’est la procédure judiciaire qui change de roues? Surtout quand on sait que les immunités parlementaires ont été levées pour être entendu dans le dossier de la zaïrianisation et que le Sénat avait rejeté le point de Bukanga-Lonzo.

Voilà des inquiétudes qui sont sur les lèves des vertébrés de la vieille classe politique. Dans son communiqué qualifié de mise au point, l’ancien Premier ministre a précisé: «A la suite de mes lettres n° SENAT/MPM/KM/06/2021/011 du 21 juin 2021 et n° SENAT/MPM/KM/07/2021/024 du 26 juillet 2021 adressées à l’Honorable président du Sénat, par lesquelles je sollicitais l’autorisation de sortie pour des raisons de santé, et lesquelles sont demeurées sans réponse, j’ai pris la responsabilité de m’adresser à Son Excellence Monsieur le Président de la République, Chef de l’Etat en date du 30 juillet 2021-par ma lettre n°SENAT/MPM/KM/07/2021/026 du 30 juillet 2021. A cet effet, j’ai été contacté par un Haut responsable de service public auprès de Son Excellence Monsieur le Président de la République qui m’a recommandé d’entrer en contact avec le Procureur général en vue de finaliser le processus d’autorisation de sortie qui devait intervenir le même jour. Accompagné de mon médecin, je me suis rendu ce lundi 9 août 2021 à 8 h 00 au Parquet près la Cour constitutionnelle», explique Matata Ponyo dans son communiqué.

L’ancien Premier ministre est malade. Victime d’un empoisonnement depuis le mois de juillet dernier, il est soumis à un traitement mais qui nécessite, selon l’avis de son médecin, un contrôle dans un centre spécialisé pour se rassurer d’une totale absorption du poison. Ce qui justifie, du reste, cette demande d’autorisation de sortie pour laquelle le PG près la haute cour conditionne par l’audit de Matata dans le dossier Bukanga-Lonzo.

Tino MABADA

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