
La ville de Lubumbashi a vécu le pire tout récemment, avec le meurtre de plusieurs jeunes de l’UNAFEC dans le quartier Kilobelobe. Selon le gouvernement provincial du Haut-Katanga dirigé par Jacques Kyabula, 8 jeunes ont péri dans ce meurtre dont les auteurs restent encore introuvables jusqu’à présent. Mais, à la faveur d’une messe de requiem dite vendredi 15 avril à Lubumbashi pour implorer la miséricorde divine pour ces jeunes victimes, l’évêque Fulgence Muteba a avancé le nombre de 45 morts avec liste à l’appui, contrairement au bilan officiel du gouvernement provincial.
«Quand frappe la mort, il est difficile de s’enfermer dans l’indifférence. Réalité tragique, la mort sème la désolation et brise l’harmonie sociale. Forts de la résurrection de notre Seigneur Jésus Christ, nous nous réunissons dans cette cathédrale pour prier pour nos jeunes frères ou enfants de la JUNAFEC qui nous ont quittés dans les conditions tragiques que nous connaissons tous, mais qui restent néanmoins encore à élucider. A travers cette célébration liturgique, comme Rachel, inconsolable, qui pleura ses enfants massacrés; comme Jésus qui pleura son ami Lazare, avant de le faire revenir à la vie, nous venons dans ce lieu saint pleurer ces jeunes, dont on a supprimé la vie avec méchanceté, et prier pour eux. Nous souvenons d’eux, nous nous rappelons ce qu’ils ont réalisé de bon, de beau et de vrai, dans leur vie sur cette terre, et, dans la foi en la résurrection, nous les confions à la miséricorde divine», a souligné Monseigneur Fulgence Muteba dans sa monition d’ouverture.
Au cours de son homélie, le prélat catholique a exigé une enquête sérieuse autour de ce drame en vue de rétablir les responsabilités et punir les auteurs de ce forfait. «Sur ce fond, je condamne avec la dernière énergie le massacre de Kilobelobe. La vie humaine, faut-il le répéter, est sacrée. On ne l’achète pas en pharmacie, ni nulle part ailleurs. La vie est un don, que seul Dieu sait faire, gratuitement et en toute générosité. Elle n’a pas de prix ou plutôt son prix est inestimable», a-t-il condamné.
Et de renchérir: «levons nos voix pour que le Seigneur accueille ces enfants, emportés par la fureur de la violence et de la haine, qu’une fois de plus, je condamne. Je leur rends un vibrant hommage et je salue leur mémoire, en exigeant une enquête indépendante et un procès crédible, jusqu’à ce que la vérité soit entièrement établie. Les auteurs de cette tragédie méritent une sanction exemplaire. En vertu de la mission prophétique de l’Eglise, que je représente, j’exige qu’ils soient sévèrement punis. Je présente mes condoléances à toutes les familles éplorées».
Puis: «de même, la dignité humaine est inaliénable. Logiquement, on ne peut donc pas supprimer bonnement cette vie et fouler au pied la dignité de telle ou telle autre personne, quelqu’en soit le motif. Aussi, je tiens à rappeler à ceux de nos compatriotes qui ont choisi de servir la nation sous le drapeau que porter une arme est une responsabilité pleine de noblesse. Cette arme qu’ils serrent à leurs poitrines n’est pas destinée à tuer des civils non armés, sans défense. Elle est destinée à autre chose: défendre l’intégrité du territoire devant la menace et combattre les ennemis de la République et non les compatriotes civils de surcroît, qu’elle que soient leurs opinions politiques, quelles que soient leurs idéologies».
Pour évêque Fulgence Muteba, dans une société organisée, les affaires entre civiles sont de nature à être réglées par la Police et non par l’armée. Aux commanditaires et aux exécutants de ce meurtre collectif, il a rappelé que personne au monde n’a le droit de décider de la vie ou de la mort d’un être humain.
A l’en croire, ce pouvoir revient au seul Dieu qui, comme dit le livre de Job, peut donner et peut reprendre. «Le sang des innocents a toujours crié vengeance. Il faut arrêter l’insécurité et les tueries aveugles. Elles ne sont dans l’intérêt de personne; ni de ceux qui ont la charge de diriger la population, ni dans celui des dirigés. Je tiens à rappeler que Lubumbashi, pour ne parler que de notre ville, a une histoire faite des hauts et des bas. Le Katanga aussi. En effet, il y a 30 ans, dans cette ville, a eu lieu le massacre des étudiants de l’UNILU, qui a suscité une grave controverse et une crise politique qui a largement affaibli le régime en place et a entraîné une crise diplomatique avec certaines puissances mondiales, dont on se souvient encore avec amertume. Du sang et des larmes ont coulé. Abondamment. L’histoire étant chargée de leçons, il faut arrêter les tueries et les massacres. Il serait téméraire de répéter les moments tragiques de cette histoire mouvementée qui ne fait que repousser le bonheur de la population RD-congolaise», a indiqué l’évêque Muteba, avant de rappelé que le chemin de la paix, de la cohésion sociale et de la réconciliation est le plus sûr pour asseoir une réelle démocratie et un type de développement durable.
Ci-dessous, la liste des victimes du meurtre de Kilobelobe recensées par l’église catholique locale, dont les corps ont été ramassés ou disparus.
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La liste des victimes du meurtre de Kilobelobe recensées par l’église catholique locale, dont les corps ont été ramassés ou disparus
1. Nyembo Lodrick
2. Muyumba Norbert
3. Ngoy Karikubu Wadilwe
4. Lusanga Tambwe
5. Muyamba Jenovick
6. Majita
7. Kabari Romain
8. Kamwangu Kabashi
9. Banza Lenge Sammy
10. Ilunga Daniel
11. Kalota Jean
12. Kabangu Mutombo
13. Samy Tetu
14. Kayinda Ilunga Gelord
15. Tshibangu Genovick Matthieu
16. Ebondo Kyungu Patrick
17. Kabongo Ema
18. Mbaya Kaloji
19. Mbayo Jules
20. Mijibu Lilolo
21. Ilunga Gloire
22. Mbuyi Shadrac
23. Mwala Alain
24. Kapend Gloire
25. Tambwe Enoc
26. Kasholu Amisi
27. Mwamba Ilunga
28. Ngoy Kasonge François
29. Kabeya Mwamba
30. Katoka Justin
31. Lenge Ndayi Samy
32. Nkulu Vincent
33. Senga Tambwe
34. Kazdi Kyungu
35. Tshomba Ken
36. Kisimba Mwamba Ben
37. Tshisola Mujinga
38. Mwamba Lubangula
39. Kainda Ilunga Guelord
40. Kasanula Emmanuel
41. Nday Nyembo Patien
42. Mbaya Kalungu Justin
43. Kabalu Mwala Romain
44. un corps d’une femme inconnue
45. un corps d’une femme inconnue vendeuse