Le gouverneur de la ville de Kinshasa, André Kimbuta, a convié les responsables de la plateforme «Ensemble pour le changement» à une séance de travail. Cette réunion fait suite à la volonté de cette plateforme de tenir un meeting le 2 juin à l’espace Sainte Thérèse dans la commune de N’djili. La réponse de Kimbuta est vivement attendue tant l’on sait que les dernières manifestations d’Ensemble ont été empêchées dans certains coins de la République. La récente déclaration du Conseil de sécurité, demandant à Kinshasa de lever toute interdiction de manifester, a l’air d’accentuer la pression sur le gouverneur de la ville.
Pour le compte d’Ensemble pour le changement, plateforme électorale soutenant la candidature de Moïse Katumbi à la prochaine présidentielle, les Katumbistes ont annoncé la tenue d’un meeting populaire le samedi 2 juin 2018 à la place Sainte Thérèse dans la commune de N’djili. Le même endroit où Félix Tshilombo Tshisekedi a, mardi 24 avril dernier, présidé son premier meeting après son élection à la tête de l’Union pour la démocratie et le progrès social -UDPS. Ce rassemblement populaire de la fille aînée de l’Opposition a été le premier officiellement accordé à un parti, regroupement ou mouvement politique de l’Opposition depuis plusieurs mois de refus du pouvoir.
Selon certaines sources, cet accord trouve sa raison d’être dans les tractations secrètes menées entre Félix Tshilombo Tshisekedi et les tenants du pouvoir en place qui lui proposaient le poste de Premier ministre en contrepartie de la prolongation du processus électoral. Ces allégations ont été rejetées en bloc par Fatshi pendant et après le meeting, affirmant: «vous m’avez investi comme candidat Président de la République…». Loin de tordre le cou à ces rumeurs, cette déclaration a plutôt mis de l’huile au feu, car, explique-t-on, en politique un non peut être l’expression voilée d’une affirmation.
Jusqu’à ce jour, cette déclaration a du mal à être digérée par une frange importante de l’opinion tant l’on sait que la veille du meeting, précisément le 21 avril 2018, un accord sur le rapatriement du corps d’Etienne Tshisekedi wa Mulumba, décédé depuis le 1er février 2017 à Bruxelles, avait été signé entre le gouvernement, l’UDPS et la famille biologique du défunt. Cet accord, à en croire certains analystes, était annonciateur d’un rapprochement entre Fatshi et le pouvoir et devait conduire le fils Tshisekedi à la primature.
Séance de travail très attendue sur le respect de l’Accord de la Saint Sylvestre
Attendant de pied ferme la réponse du Gouverneur de la ville province de Kinshasa, André Kimbuta, après l’avoir informé de leur intention d’organiser un meeting le 2 juin, les responsables d’Ensemble ont été conviés à une séance de travail ce mercredi 22 mai. Au cours de cette réunion, les deux parties vont, selon la note du gouv’ Kimbuta, échanger sur les contours de ce meeting. L’opinion se souviendra qu’une séance technique du genre a précédé la tenue du meeting de l’UDPS du 24 avril 2018. Les observateurs avisés attendent impatiemment la réponse du gouverneur de Kinshasa qui va projeter à l’écran les dispositions du pouvoir en rapport avec le respect de la tenue des manifestations publiques tel que repris dans l’Accord de la Saint Sylvestre. Si dans certaines provinces à l’intérieur du pays, des manifestations programmées par l’Ensemble ont été empêchées, notamment à Bunia en Ituri le samedi 19 mai, l’on croit savoir dans les milieux proches de l’Hôtel de ville que le premier Kinois ne commettra pas une telle incartade.
Cela est d’autant plus plausible que la projection du meeting populaire de l’Ensemble tombe au moment où les Nations unies, à travers le Conseil de sécurité, viennent d’appeler le gouvernement RD-congolais à créer les conditions pour la pleine expression de la démocratie. Les opérateurs politiques membres de l’Ensemble espèrent ainsi voir cette déclaration du Conseil de sécurité des Nations unies produire des effets immédiats.
Lundi 21 mai 2018, cet organe faîtier de l’ONU a demandé à Kinshasa de lever toutes les entraves, notamment l’interdiction de manifester, dans la perspective de l’organisation des élections voulues, par tous les acteurs impliqués, crédibles, transparentes et inclusives. Cette recommandation a été formulée lors d’une réunion axée sur l’évaluation du processus électoral en RD-Congo, sollicitée par la France. «Les membres du Conseil de sécurité ont appelé le gouvernement de la République Démocratique du Congo à appliquer immédiatement et pleinement des mesures de confiance, dont la fin des restrictions aux accès à l’espace public, en l’encourageant à lever l’interdiction de manifester», lit-on dans le communiqué publié par le Conseil de sécurité.
Katumbi et Fatshi déterminés à apporter le changement
Pendant ce temps, le chef de fil d’Ensemble pour le changement, Moïse Katumbi Chapwe, séjourne aux USA, en compagnie de Félix Tshilombo Tshisekedi. Selon un post sur le compte Twitter de cette plateforme politique, les deux acteurs sont «déterminés à en finir avec la dictature». Ce post fait savoir qu’au pays de l’Oncle Sam, Katumbi et Fatshi travaillent main dans la main pour la tenue des élections crédibles au 23 décembre prochain et pour offrir à la RD-Congo «la toute première passation pacifique du pouvoir». «Le tandem porte les espoirs d’une nation qui aspire au changement!», y lit-on.
Laurent OMBA