Bénéficiaire d’une nomination sous le boisseau, Augustin Matata Ponyo signe, avec l’aide du recteur Ngoma, une deuxième forfaiture après la soutenance controversée de sa thèse de Diplôme d’études approfondies -DEA
L’ancien Premier ministre Augustin Matata Ponyo est depuis quelques jours assistant «Ngulu», entendez «clandestin», à la Faculté d’économie de l’Université de Kinshasa -UNIKIN. Alors que les us et coutumes exigent que la nomination des assistants soit rendue publique par le Rectorat afin d’en informer le monde scientifique et académique, celle de Matata et d’autres conseillers des cabinets ministériels l’ont été sous la table du recteur de l’UNIKIN, Daniel Ngoma, ancien collaborateur de Matata pendant plusieurs années au ministère des Finances. Nommé en 2015 à la tête de cette institution d’enseignement supérieur, Ngoma avait visiblement des missions précises que son ancien boss lui avait assignées.
Premièrement, il devait l’aider, à la faveur de son règne comme Premier ministre, à soutenir son DEA en catimini, à l’insu même du Doyen de la Faculté de l’économie qui a été suspendu pour avoir dénoncé cette tricherie. Ensuite, l’embaucher comme assistant alors qu’il y a des candidats qui attendent d’être nommés depuis plus de 5 ans.
À l’UNIKIN, les dernières nominations d’assistants datent des années 2012-2013, note un administratif approché par AfricaNews. Pendant ces temps, les effectifs d’étudiants ont considérablement augmenté, beaucoup d’assistants d’alors devenus chefs des travaux, bref, l’UNIKIN s’attendait en principe, cette année, à la nomination d’au moins 200 candidats assistants afin de répondre à la demande. À la place, seuls les membres d’un club des privilégiés dont fait partie l’ancien Premier ministre se sont vus notifier au noir leurs nominations. Au total, une cinquantaine de nommés, pour la plupart de membres des cabinets ministériels et autres proches de Daniel Ngoma, dont bon nombre ne remplissent même pas les critères. Les candidats remplissant tous les conditions et qui attendent depuis des années sont, eux, priés de patienter encore, le temps de servir les «VIP».
Pour la plupart, d’ailleurs, ils ne savent même pas qu’il y a eu des nominations parce que l’information leur a été privée. Les privilégiés ont été contactés discrètement au téléphone et sont passés incognito chercher leurs notifications auprès du secrétaire général académique. Or, à l’université, les décisions de nomination sont toujours affichées à la valve afin d’en informer toute la communauté estudiantine et scientifique. Ça sera, peut-être, pour la prochaine fois! Pour l’instant, l’identité de ceux qui ont bénéficié de la grâce de l’ère Ngoma ne mérite pas d’être dévoilée surtout pour éviter les curieux, dont certainement AfricaNews qui a été pourtant informé de si tôt! Au sein du corps professoral, ça murmure grave.
En principe, les professeurs, titulaires des cours, devaient être consultés en amont avant les nominations car ce sont eux qui doivent travailler avec ces assistants. Le nouveau recteur avait pourtant promis de combattre les antivaleurs à l’UNIKIN mais se retrouve pris au même piège. Il a même fait pire, en nommant des gens sans qualité, au nom du clientélisme. L’université est pourtant censée être un lieu où règnent la méritocratie et l’excellence. DEA soutenu à huis clos et à l’insu du doyen de la Faculté, nomination comme assistant sous le boisseau, tout le monde attend désormais voir quel genre d’enseignant sera l’ancien Premier ministre qui a bénéficié de toutes les faveurs du monde afin de satisfaire son complexe d’infériorité développée vis-à-vis des certains professeurs, anciens membres de son gouvernement.
YA KAKESA
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