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Massacres de Beni, l'ONU accuse les officiers FARDC

C’est probablement le sujet le plus sulfureux que le rapport contient. Depuis septembre 2014, la région de Béni, dans le Nord de la province du Nord-Kivu, a vu plus de 550 civils se faire massacrer, souvent à l’arme blanche. Ces exactions sont généralement attribuées aux rebelles ougandais des Forces démocratiques alliés (ADF). Mais, selon les experts onusiens, plusieurs groupes seraient impliqués, et notamment « un groupe de locuteurs kinyarwanda qui sont arrivés dans la zone depuis l’Ouganda et le territoire [congolais] du Rutshuru ».
Surtout, les experts accusent des officiers des Forces armées congolaises (FARDC) de soutenir les responsables des massacres. Le groupe cite notamment le brigadier général Muhindo Akili Mundos, qui aurait incité des individus à les commettre. Ce dernier a démenti les accusations. Malgré la mutation de cet officier en juin 2015, les massacres se sont poursuivis dans la région. Le colonel Katachandjo Hangi est également accusé d’avoir fourni « des munitions, des uniformes et de la nourriture » ainsi que des « renseignements sur les positions des FARDC » aux ADF.
Selon certains de ces anciens rebelles, des officiers des FARDC font en outre pression pour faire libérer les combattants des ADF lorsqu’ils sont arrêtés.

Soutien rwandais aux rebelles burundais

Le groupe a interrogé « 24 combattants de trois groupes armés burundais différents [présents] dans l’est de la RD Congo ». Ces derniers « ont confirmé avoir reçu un entraînement militaire et d’autres formes de soutiens d’individus au Rwanda ». « Dix-neuf de ces combattants ont affirmé avoir eu des interactions directes avec des personnels militaires rwandais. »
Ces combattants disent avoir reçu un entraînement au Rwanda ainsi que de fausses cartes d’électeurs congolaises, avant d’être envoyés dans l’est de la RD Congo avec pour objectif de se battre contre le régime de Pierre Nkurunziza.
Les combattants interrogés disent avoir été recrutés dans le camp de réfugiés de Mahama (est du Rwanda) en mai-juin 2015, avoir été transportés en camion militaire et reçu un entrainement pendant deux mois aux côtés de « quatre compagnies de 100 hommes chacune ». En revanche, ils n’ont pas pu préciser la localisation de ce camp d’entraînement ni identifier leurs instructeurs. De son côté, le gouvernement rwandais a répondu « ne pas avoir connaissance du recrutement de réfugiés au camp de Mahama ».

Les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) : affaiblies mais toujours actives

Cette rébellion hutu rwandaise « reste le plus important groupe armé » présent sur le territoire congolais, note le groupe d’experts. Selon ses estimations, il lui reste encore entre 1400 et 1600 combattants. Certains de ses dirigeants « continuent de voyager en Tanzanie », pointent les rapporteurs, qui ne sont pas parvenus à obtenir d’explications de Dar-es-Salam.
Ceci étant, les FDLR auraient été sérieusement affaiblies. Notamment par des opérations des FARDC et de groupes armés avec lesquels ces dernières collaborent. Les experts citent notamment la vigueur du Nduma défense du Congo – Rénové (NDC-R), du chef rebelle Guidon Shimiray Mwissa, et de l’Union pour la protection des innocents (UPDI), groupe « principalement ethniquement kobo et nande » créé fin 2015.
Le groupe d’experts s’inquiète par ailleurs des tensions croissantes entre communautés hutu et nande. Il cite notamment un discours du député national Nande Venant Tshipasa en février 2016, qui aurait dit : « Nous n’avons qu’un seul ennemi, c’est le Hutu. »
Malgré la signature d’un accord de coopération entre les FARDC et la Mission de l’ONU en RD Congo (Monusco) en février 2016, la coopération militaire sur le terrain n’avait en revanche toujours pas repris début mai 2016, remarque le rapport.

Livraison d’armes nord-coréennes

Le groupe d’experts a remarqué la présence, dans les rangs de l’armée et de la police congolaise, de pistolets avec des caractéristiques « similaires à ceux fabriqués en Corée du Nord ». « Trois officiers des FARDC ont dit au groupe qu’ils ont été livrés au port de Matadi début 2014 et que les armes arrivaient avec une formation des gardes présidentiels congolais et des forces spéciales de la police par 30 instructeurs nord-coréens. » Le groupe n’a pas obtenu de réponse de la part des gouvernements congolais et nord-coréens. En revanche, après la révélation de cette partie du rapport par l’agence Reuters, le porte-parole du gouvernement congolais, Lambert Mende, a démenti toute présence d’armes ou de formateurs nord-coréens.
Avec Jeune Afrique

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