«Soutenir le Président de la République Félix Antoine Tshisekedi, les institutions de la République, les FARDC et la Police». Tél a été l’objectif de la marche de la Ligue des jeunes de l’Union pour la démocratie et le progrès social -UDPS- qui a pris d’assaut les rues de Kinshasa samedi 20 mai, rivalisant d’ardeur avec la marche de l’Opposition.
Partis du rond-point Ngaba sous la conduite d’Amisi Makutano et Gecko Beia, les jeunes de l’UDPS ont longé l’avenue de l’Université pour atteindre Kianza où cette marche pacifique s’est vite transformée en un affrontement quand la procession pro-pouvoir a rencontré les marcheurs de l’Opposition. Machettes en mains, les jeunes estampillés «Force du progrès», une sorte de milice opérant impunément à Kinshasa, ont pourchassé plusieurs manifestants de l’Opposition.
Sous l’œil impuissant et suspicieusement complice de la police, cette «brigade spéciale de l’UDPS» a attaqué un cortège de motos de l’Opposition au niveau de la 10ème rue à Limete. Sur place, plusieurs blessés graves ont été enregistrés. Motos arrachées, drapeaux retirés, brûlés et jetés…, les jeunes de «Force du progrès» semblaient déterminés à tout détruire sur leur passage, au grand dam des témoins. «C’est la terreur autorisée», s’est scandaleusement exclamé un policier, avouant son impuissance.
A l’Ouest de la ville, la scène a été presque identique. Un autre groupe de marcheurs de l’Opposition, parti du rond-point Sakombi à Ngaliema, a, plusieurs fois, été ralenti dans sa procession sur l’avenue Kasa-Vubu par des groupes pro-pouvoir. D’abord à la hauteur de l’arrêt Bloc, à Bandal Bisengo, où l’Opposition s’est vu barrer la route par des jeunes aux couleurs du parti «ACP» du gouverneur Gentiny Ngobila. Puis, au rond-point Moulaert où la situation a dégénéré. A la base, un groupe de jeunes, officiellement en «marche de santé» organisée par David Mukeba, conseiller du Président Tshisekedi, a brandi des machettes et pèles en guise de menace pour contraindre les opposants à rebrousser chemin.
Ces scènes ont diversement été commentées. A Ngaba, un commerçant a fustigé le comportement complice de la police qui, selon son récit, a fait preuve de deux poids deux mesures. «C’est déplorable. Quand ce sont les jeunes de l’UDPS, ils laissent faire. Quand ce sont les opposants, ils sont poursuivis comme des malfrats», a-t-il dénoncé. Au croisement des avenues Université et Kianza, nos reporters ont pu immortaliser à travers les photos l’exhibition des armes blanches par des manifestants pro-Pouvoir.
Scénario similaire à Bandal où un mécanicien a demandé ouvertement à la police de laisser chaque camp «marcher librement et dans la démocratie». Ce à quoi le colonel chef de mission a répondu: «On s’en tient aux ordres».
Selon les informations d’AfricaNews, le coup a été bien préparé pour étouffer la marche de l’Opposition. «Ces jeunes ont été préparés pour la sale besogne, recrutés par un certain TH et équipés en machettes pour créer des incidents pendant la manifestation», a confié une source bien renseignée.
De l’avis de plusieurs observateurs, le gouverneur Ngobila a failli à sa mission de sécuriser la ville en autorisant plusieurs activités politiques le même jour, dressant ainsi le lit aux scènes macabres. Le concerné a préféré botter en touche, promettant une plainte contre l’Opposition alors que le rapport officiel de la Police fait fi des dégâts causés par les jeunes de l’UDPS. Pendant ce temps, le ministère des Droits humains, encore apparemment humain ou pour des raisons cosmétiques, a condamné ces violences et promis des enquêtes.