Tout est désormais clair: les bonzes du G7 en avaient marre d’avoir manqué, chacun en ce qui le concerne, de retourner ou d’entrer au gouvernement ou encore d’y avoir trois maroquins… Soudain, ils ont juré de faire bloc et régler les comptes à Kabila
C’est un sale coup, un coup de couteau dans le dos de Kabila qui, cette fois, a cru avoir carte blanche pour débarrasser sa majorité des frondeurs du G7. Curieux qu’il y ait eu peu de commentaires sur les raisonsjamais ouvertement expliquées d’une trahison assez cynique à moins que la résignation ne tienne désormais lieu de mode de pensée. Faux héros de l’alternance, les frondeurs du G7 se font désormais mettre les points sur les «i».
Les fissures maintes fois dénoncées au sein de la Majorité présidentielle se sont concentrées dans la trahison de Kabila par le G7. Deux éléments nouveaux s’y sont greffés: d’une part, le fait que la trahison s’est accomplie comme l’aboutissement d’une patiente opération de destruction interne de la MP et, d’autre part, la réaction musclée que Kabila a daigné opposer aux frondeurs.
Qui donc a la responsabilité de ce qui se passe? Cette responsabilité incombe, de toute évidence, aux ténors du G7. Quels sont les critères d’une telle appréciation? Afin d’accuser de traitrise Pierre Lumbi, Olivier Kamitatu et leurs amis, il convient avant tout de prendre en considération les devoirs de tous les sociétaires de la MP envers leur Autorité morale.
Ces devoirs contenus dans la Charte de la Majorité présidentielle consistent, entre autres, à marquer son adhésion et son soutien sans faille à la vision politique de Kabila; veiller à la stabilité des institutions et à l’efficacité des hommes qui impulsent et conduisent ces institutions; remporter également massivement les échéances électorales à venir… et à ne pas entreprendre des actions isolées susceptibles de créer la confusion et ou de compromettre les objectifs de la MP définis dans la Charte. Pour sa part, l’autorité morale doit garantir à tous les partis membres de la MP un traitement équitable et une même considération.
Il va sans dire que le deal repose sur le partage des postes politiques. Kabila a-t-il rempli ou non sa part du contrat? Oui, au regard de la présence des mandataires membres du G7 dans les institutions politiques, à tous les niveaux.
Les membres du G7 ont-ils rempli ou non leurs devoirs? La réponse est non. La réalité de l’histoire politique récente de la RD-Congo est telle que le fait de juger le comportement des animateurs du G7comme une trahison à l’égard de Kabila ne peut susciter aucun doute chez l’observateur objectif. Ils ont initié une action isolée, le G7, à la base de la confusion actuelle. Quand les velléités de déloyauté se sont fait constater à l’époque où l’ARC Olivier Kamitatu, le PDC José Endundo et l’indépendant Modeste Bahati ont fait vaciller la Majorité pour la première fois, il n’y a eu personne dans la plateforme pour sévir contre ce trio et prendre envers lui les mesures qu’il est d’usage d’adopter contre les traitres ou les indisciplinés.
Cette tentative de trahison est restée impunie parce que ses initiateurs, Endundo, Kamitatu et Bahati sont restés dans les institutions. Le boulevard est resté ouvert: toutes sortes de dérapages pouvaient désormais se produire.
Club des récidivistes et aigris
Si Bahati, devenu patron de son propre parti, AFDC, s’efforce de mettre un peu d’eau dans son vin, Kamitatu et Endundo s’avèrent des récidivistes et ont un défaut commun: ils sont les persécuteurs de la Majorité depuis ses débuts. Ils coalisent cette fois-ci avec le MSR Pierre Lumbi, l’UNAFEC Gabriel Kyungu, l’UNADEF Charles Mwando, le MSDD Christophe Lutundula et l’ACO Dany Banza pour signer, sous le label G7, trois lettres ouvertes successives à Kabila, dans lesquelles ils se font passer pour des héros, épousant les thèses de l’Opposition et appelant Kabila à respecter la Constitution et le principe d’alternance en 2016.
Pourtant, la réalité est tout autre. Au Bureau politique de la Majorité, les frondeurs du G7 se font désormais mettre les points sur les «i». On fait savoir qu’il ne s’agit nullement d’un engagement pour la démocratie. Il s’agit d’un sale coup dans le dos de Kabila de la part du club des aigris. On martèle que, sous leur airs des démocrates, Kamitatu et ses amis seraient des félons, spécialistes des coups bas et des chantages. Le procédé qui consiste à faire un procès d’intention à Kabila et la Majorité présidentielle dans la perspective de 2016 est méprisable parce qu’il ne repose pas sur des faits objectifs. Les causes de trahison sont plutôt personnelles, égoïstes. «Alors qu’il avait sa part dans chaque marché gagné par certaines entreprises chinoises en RD-Congo, Pierre Lumbi n’a jamais digéré son départ du juteux ministère des Infrastructures», affirme une source proche de la MP sous le sceau de l’anonymat. Son rêve a toujours été d’y retourner avant la fin de la mandature. «Plus le retour devenait incertain, plus se précisait le plan de porter le coup d’estocade à Kabila», croit savoir la source.
José Endundo est devenu un dégoûté, affirme-t-on. Il n’a jamais pardonné au Président de la République de lui avoir préféré tour à tour Bavon N’Sa Mputu et Bienvenu Liyota au ministère de l’Environnement. Plus chanceux que son complice, Olivier Kamitatu, retourné au Plan après quelques mois de mise à l’écart, a retrouvé ses réflexes et s’est révélé plus avide des postes ministériels. «Il en voulait deux de plus», précise un ministre introduit au dossier. Jugé plus tiède et politiquement moins engagé depuis son départ du Bureau Kamerhe, Christophe Lutundula s’est plus que jamais refroidi depuis qu’il s’est rendu à l’évidence qu’il ne pourra pas être ministre aux côtés de Kabila.
Ancien ministre du Développement rural, puis de la Défense national passé informateur à l’issue des législatives de 2011 casé au Bureau de l’Assemblée nationale à la place de l’allié PALU, Charles MwandoNsimba passe pour la plus grande déception aux yeux des Kabilistes. Si Gabriel Kyungu est traité d’éternel insatisfait, Dany Banza, lui, s’en tire avec l’image d’un homme de peu de conviction, «qui ne sait même pas pourquoi il s’est embarqué dans cette aventure».
AKM
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