La situation est grave dans l’Est du pays et appelle non seulement à la réponse diplomatique, politique et humanitaire mais aussi militaire car la RD-Congo occupée doit défendre son intégrité territoriale. Bien entendu, l’agression du Rwanda sous couvert des terroristes du M23 dans l’Est de la RD-Congo se poursuit en dépit de condamnations de la Communauté internationale.
Depuis la nuit du lundi 13 juin, la cité de Bunagana, frontalière avec l’Ouganda, dans le territoire de Rutshuru, au Nord-Kivu, est sous contrôle des envahisseurs rwandais. C’est ainsi que le vice-premier ministre en charge des Affaires étrangères, Christophe Lutundula, a échangé lundi 13 juin avec les ambassadeurs des pays membres du Conseil de sécurité de l’ONU. Le chef de la diplomatie RD-congolaise leur a présenté la situation consécutive aux attaques du M23 à Bunagana, la nuit de dimanche à lundi.
Les ambassadeurs de la Russie, des USA, de France, de Chine et de Grande-Bretagne ont condamné de façon unanime cette agression et appelé à trouver une solution diplomatique, politique et humanitaire. Ils se sont tous exprimés à l’issue de ces échanges. «Le VPM Lutundula nous a informés de la prise de Bunagana, une ville de la RD-Congo, depuis hier -lundi-, et a demandé de s’exprimer et condamner des attitudes du Rwanda au niveau du Conseil de sécurité dans le cadre des relations bilatérales entre les deux pays», a fait savoir le chargé d’Affaires de la Russie, Victor Tokmakov, annonçant que «nous allons transmettre le message à notre hiérarchie pour la prise de la décision».
Puis: «Je vais rassurer le vice-premier ministre que la Russie soutient toujours la RD-Congo et son Président Félix-Antoine Tshisekedi dans les efforts de trouver une solution qui pourrait apaiser la situation à l’Est de la RD-Congo et dans la région en générale».
Les Etats-Unis disent prendre au sérieux cette situation. «Nous suivons la situation dans l’Est du pays. Nous restons à l’écoute de la situation des attaques transfrontalières. C’est une situation qui n’est pas normale et à prendre au sérieux», a déclaré la chargée d’Affaires des USA, Marion Erpuk. Même son de cloche de la part de la Grande-Bretagne, classée comme les USA parmi les pays qui subventionnent le Rwanda.
«Je suis contente de parler avec le VPM de la situation très sérieuse à l’Est de la RD-Congo. Nous avons parlé de la poursuite du retour de la paix. Tous les gouvernements de la région font les efforts maximums pour cela. La Grande-Bretagne est saisie du dossier et fait les efforts pour amener tous les pays à résoudre les problèmes surtout pour la population de l’Est de la RD-Congo qui a beaucoup souffert de cette situation», a laissé entendre la chargée d’Affaires de la Grande-Bretagne, Sophia Willitts-King.
La France n’est pas du reste. Son ambassadeur, Bruno Aubert, a déploré cette situation d’occupation de Bunagana. «Le VPM a souhaité nous rencontrer afin que nous puissions parler de la situation actuelle qui est marquée par les tensions que vous savez notamment sur le plan militaire. L’enjeu c’est d’orchestrer des efforts de désescalade. A cet égard, nous avons des responsabilités en tant que membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU et aussi ami proche de la RD-Congo et des Etats de la région. Donc, nous avons examiné toutes les propositions par rapport à cette situation avec le VPM qui a fait part de notre mobilisation diplomatique pour amorcer la désescalade qui se traduit par les différentes démarches auprès de partenaires», a indiqué Bruno Aubert.
Puis: «La RD-Congo peut tout à fait compter sur la France. Sur le plan historique, nous sommes du côté de la RD-Congo et de ses populations qui souffrent particulièrement de cette situation, c’est ça qui est déplorable. Donc, nous voulons entant que partenaire orchestrer une réponse diplomatique, politique et humanitaire à cette crise qui doit trouver une solution rapidement».
La Chine, quant à elle, se dit consternée par le nombre élevé des déplacés et des morts enregistrés. «Nous avons eu une discussion sur la tension entre la RD-Congo et le Rwanda, et aussi sur les activités des groupes armés, notamment le M23 qui combattent les FARDC. J’ai tenu à exprimer au vice-premier ministre la consternation de la Chine vis-à-vis de cette situation. Nous sommes consternés de voir de nombreux civils déplacés et d’apprendre qu’il y a des morts», a déclaré Zhu Jing, ambassadeur de la Chine.
Et de poursuivre: «j’ai tenu aussi à exprimer le soutien de la Chine à la RD-Congo dans la défense de sa souveraineté et son intégrité territoriale et de la défense de la sécurité nationale. Il s’agit d’un principe fondamental de la Charte des Nations unies, mais aussi du Droit international selon lequel la souveraineté et l’intégrité territoriale de chaque Etat doivent être bien respectée».
Zhu Jing a également salué les efforts déployés par le gouvernement RD-congolais et d’autres pays des organisations régionales et internationales en faveur de la paix. «Nous apprécions hautement les efforts inlassables du gouvernement Tshisekedi dans la recherche de la solution pacifique à la crise sécuritaire en RD-Congo. Ce sont les efforts qui méritent d’être soutenus et accompagnés par la Communauté internationale. Je le rassure en tant que membre permanent du Conseil de sécurité et partenaire stratégique de la RD-Congo. Nous sommes prêts à accompagner les efforts en faveur de la paix pour trouver une solution aux conflits», a rassuré l’ambassadeur de Chine. Pour Christophe Lutundula, la RD-Congo se réserve le droit d’agir par tous les moyens pour la sécurisation de son territoire.
Octave MUKENDI
