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L’idée d’un référendum suscite une passe d’armes

Si André-Alain Atundu, porte-parole de la MP, estime que la consultation populaire au travers du référendum est un droit constitutionnel, à l’Opposition, Baudouin Mayo, président fédéral de l’UNC, rétorque que celui-ci doit s’exercer toujours sous réserve de la Loi et de l’ordre public
Ça y est. La piste d’un référendum vient d’être, une fois de plus, évoquée. Dans une déclaration faite à la presse le samedi 13 mai 2017, le porte-parole de la Majorité présidentielle -MP, André-Alain Atundu, estime que le respect de la Constitution de la République implique également l’application du référendum. Il précise qu’il n’y a que les parties prenantes aux négociations, sous l’égide des évêques catholiques, qui se sont engagées à ne pas actionner le référendum, à ne pas changer les dispositions de la Constitution.
«Le peuple qui n’est pas partie prenante, n’a pas pris cette décision de suspendre son droit aux élections ainsi qu’au référendum. Le référendum est un droit du peuple», indique-t-il. Etant un droit constitutionnel, Alain Atundu fait savoir que le référendum est la seule disposition qui garantit au peuple RD-congolais le droit d’intervenir à tout moment. Pour lui, il n’est pas normal qu’une classe politique ou un régime démocratique, basé sur la volonté authentique du peuple, puisse extorquer à ce dernier la liberté de se prononcer dans telle ou telle circonstance. «Nous sommes des démocrates, la Constitution s’impose à tous. Nous avons pris l’engagement par ailleurs de respecter la Constitution dans toute son intégralité et dans toute circonstance», soutient-il.
Ce n’est pas la première fois qu’un responsable politique pense à un référendum. Atundu est encore revenu le samedi dernier, rappelant qu’il s’agit d’un droit constitutionnel inaliénable. Bien entendu, il exhorte les acteurs politiques à ne pas empiéter aux RD-congolais le pouvoir de s’exprimer à travers ces dispositions de la Constitution RD-congolaise. «Le référendum est la seule disposition qui garantit au peuple RD-congolais le droit d’intervenir à tout moment», profère Atundu avant d’interpeler: «il n’est pas normal qu’un régime démocratique, basé sur la volonté du peuple ou une classe politique, puisse confisquer et extorquer le peuple qui est souverain, l’expression de sa volonté». Les faits sont clairs, indique-t-il, les parties prenantes aux négociations, sous la médiation de la CENCO, s’étaient engagées à ne pas actionner le référendum pour changer les dispositions de la Constitution. A l’en croire, le peuple ne faisant pas partie prenante aux pourparlers du Centre interdiocésain qui a abouti à un accord politique, a le droit de se manifester quand il veut. «En tant que chef de nous tous, le peuple peut dire sur telle chose, je veux ceci ou cela. Il peut s’exprimer soit par référendum, soit par les élections», tape-t-il.
Envisager pareil référendum, c’est violer la Constitution
Via cette déclaration du porte-parole Atundu, la MP donne l’impression de vouloir défier les opposants. Ces derniers y sont catégoriquement opposés. De leur avis, évoquer cette modalité serait un coup d’Etat constitutionnel. Cependant, nombreux sont ceux qui jugent le recours à ces dispositions de la Constitution comme une tentative permettant au Pouvoir en place d’atteindre ses objectifs: la modification de la Constitution et le prolongement du mandat du Président Kabila, arrivé à sa fin depuis décembre 2016.
Réagissant à cette annonce d’André-Alain Atundu, le président interfédéral de l’Union de la nation congolaise -UNC-, Jean-Baudouin Mayo, signe que: «le référendum est certes un droit du peuple RD-congolais mais qui doit s’exercer dans le respect des lois et de la Constitution, tel est d’ailleurs le cas pour tous les droits et libertés fondamentaux, ils s’exercent toujours sous réserve de la Loi et de l’ordre public».
Baudouin Mayo argue qu’envisager un tel référendum, c’est déjà violer la Constitution. Ce qui est passible de haute trahison pour certaine catégorie au sein de la société. «Si ceux qui parlent du référendum croient avoir trouvé la voie royale pour assurer la pérennité du régime actuel, ils peuvent déchanter et poursuivre leurs recherches, car ils n’ont encore rien trouvé, à moins qu’ils soient, sans le savoir, en train de chercher l’inanition de la nation», entrechoque Mayo. Pour le président fédéral de l’UNC, le porte-parole de la MP ne vise pas la révision constitutionnelle, mais bien pire, le changement de Constitution de la République, donnant à son mentor la possibilité de demeurer au Pouvoir. «Atundu et ses siens viennent d’annoncer la préparation et la perpétration prochaine d’un coup d’Etat», conclut-il.
L’idée et/ou le projet d’un référendum date de longtemps. «C’est un projet de loi à rejeter», cognait le secrétaire général de l’UNC Jean-Bertrand Ewanga en 2016. «Nous voulons les élections. Ils disent qu’ils n’ont pas l’argent pour la tenue des élections, où est-ce qu’ils trouveront l’argent pour organiser le référendum», s’interroge Ewanga.
Néanmoins, la Constitution de la République est claire. Pour transférer la capitale, la ville de Kinshasa, à un autre endroit, il faut recourir au référendum précisément dans l’Article 2, alinéa 3, de la Constitution. L’Article 214 prévoit également le référendum toutes les fois que le pays aura besoin soit de céder une partie de son territoire, soit de faire l’échange de son territoire national avec un autre Etat, ou encore, faire jonction entre son territoire et celui d’un autre Etat.
Schilo TSHITENGA

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