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Levée de boucliers : Tshisekedi dévoile ses intentions de changer la constitution, l’opposition y voit la tentation d’un troisième mandat

À Kisangani, où il séjourne depuis le mercredi 23 octobre dernier, Félix Tshisekedi a jeté le pavé dans la mare en dévoilant, à la faveur d’un meeting à la Place de la poste, ses intentions de changer la Constitution. De l’avis du Président de la République, cette Constitution «n’est pas bonne», car elle «contient des faiblesses» qui résultent du fait de sa rédaction «par des étrangers avec leur mode de fonctionnement» qui n’est pas adapté au quotidien des RD-Congolais.

Pour donner corps à ces intentions, Félix Tshisekedi a annoncé la mise en place d’une commission nationale des intellectuels RD-congolais chargés de «réfléchir pour une nouvelle Constitution adaptée à nos réalités». Alors que Tshisekedi s’engage résolument sur la voie de changement de la Constitution, l’Opposition se mobilise contre cette tentative, l’accusant de vouloir se maintenir au pouvoir au-delà de 2028, année d’expiration de son second et dernier mandat constitutionnel.

Une levée de boucliers spontanée a été constatée dans les rangs des opposants peu après la sortie populaire du Président Tshisekedi. Du camp Fayulu à celui de Katumbi en passant par les fidèles de Sessanga, tout le monde est unanime: «la Constitution est bonne». Par conséquent, ni sa révision ni son changement ne doit et ne saurait être à l’ordre du jour. «La Constitution qu’il tente péniblement de vilipender a cimenté l’unité du pays par voie référendaire», relève Prince Epenge, allié de Fayulu au sein de Lamuka, rappelant, dans la foulée, que «son père Étienne Tshisekedi, docteur en Droit, avait prêté serment sur la même Constitution».

«Notre constitution est bonne», coupe, tout sec, Hervé Diakiese, porte-parole d’Ensemble pour la République de Moïse Katumbi. Cet avocat se souvient en même temps que Félix Tshisekedi et son parti, l’UDPS, avaient exigé le respect lors des négociations du Centre interdiocésain ayant accouché de l’Accord de la Saint Sylvestre.

«C’est la même dont on avait exigé le respect lors des accords de la CENCO. Félix Tshisekedi était le président de la délégation de l’Opposition qui en avait exigé le respect», dit Hervé Diakiese. Et de recadrer: «l’incapacité de constituer un gouvernement dans les délais n’est pas la faute de la Constitution. C’est la difficulté d’attribuer des postes à une majorité issue de la tricherie dont personne ne vaut exactement les voix lui attribuées arbitrairement». Et Diakiese de cogner: «ce sont les entraves à l’exercice d’un pouvoir à vie, au retour d’un parti unique et à la dépendance de l’Etat vis-à-vis d’un potentat qui font que l’on trouve la Constitution problématique. C’est faux de prétendre qu’une Constitution votée au referendum par des RD-Congolais, après débat au Parlement de transition, soit une Constitution des étrangers».

Très inspiré, Me Hervé Diakiese fait comprendre à Félix Tshisekedi que «nous parlons français, une langue étrangère; nous n’avons jamais exigé d’en modifier la grammaire parce que nous commettons des fautes d’orthographes ou de syntaxes, au motif que c’est une langue étrangère». Une allégorie pour soutenir, au titre de conclusion, que «ce régime cherche des fausses solutions à des vrais problèmes». De son côté, Me Rodrigue Ramazani, secrétaire général d’Envol, parti politique de Delly Sesanga, est d’avis que «le discours de M. Félix Tshisekedi à Kisangani sur le changement de Constitution trahit la mémoire de Rosy Mukendi, Thérèse Kapangala et des RD-Congolais tombés en refusant le troisième mandat sous l’ancien régime».

Quant à son homologue de l’ ECiDé, Devos Kitoko, le changement ou la révision constitutionnelle est «une distraction et -une- diversion… pour détourner l’attention des RD-Congolais.e.s sur la cohésion nationale qui, aujourd’hui, demeure notre seule arme invincible pour recouvrer l’intégrité territoriale de notre pays». Précédemment, Devos Kitoko avait démenti la rumeur faisant état de l’adhésion de son parti à l’idée de cette révision constitutionnelle, faisant savoir que «l’information abondamment diffusée par les organes de presse, selon laquelle l’ECiDé serait favorable à la révision constitutionnelle sous certaines conditions, est une arnaque politique et une intox nauséabondes. Pour l’ECiDé, il n’y aura pas de changement de Constitution en RD-Congo».

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