La fête a été gâchée. Les premières élections générales organisées cinq ans après la première alternance pacifique à la tête du pays auraient dû et pu se solder soit par une réélection sans tache de Félix Tshisekedi, sacre de Moïse Katumbi ou revanche de Martin Fayulu, avec une majorité parlementaire véritablement issue des urnes…
Mais les faits indiscutables sont en train de prouver qu’elles sont en train de déboucher sur une fraude électorale abyssale, caractérisée par des images de détention des machines à voter et autres effets électoraux par plusieurs candidats, presque tous sociétaires de l’Union sacrée, d’incitation à la violence électorale ou d’intimidation. CENCO, ECC et Opposition font part de plusieurs violations du cadre légal et de l’administration électorale en plus de nombreuses irrégularités ayant caractérisé le déroulement des scrutins au point de coûter leur intégrité. Après la publication des résultats provisoires de la Présidentielle le 31 décembre, les scores attribués au vainqueur, Félix Tshisekedi, par la Commission électorale nationale indépendante -CENI- ont été remis en doute par l’Opposition.
Certains ténors de ce camp redoutent des scores pré configurés dans les mêmes machines à problème. Suspicions renforcées après l’analyse de différents tableaux officiellement rendus publics par la Centrale électorale et le constat de la valse des chiffres accordés aux différents candidats. On y relève des baisses et hausses étranges.
«Certains candidats se retrouvent à perdre des voix au fil des jours, d’autres à en gagner», fait constater la journaliste Sonia Rolley sur son compte X. Selon les tendances des 29, 30, et les résultats provisoires proclamés le 31 décembre, «AfricaNews» note, pour sa part, que Moïse Katumbi a aligné respectivement 2.503.838.29 voix, 3.375.220.30 voix et 3.258.538.31 voix. Il a donc perdu 124.681,99 voix entre le 30 et le 31 décembre au lieu de dépasser la barre de 3.376.000 voix après la publication des résultats provisoires.
Martin Fayulu a récolté 820.827 voix le 29 décembre. Il est passé à 979.376 le 30 décembre avant de rechuter à 960.478 voix le 31 décembre à la publication des résultats provisoires. Le 29 décembre, Adolphe Muzito a enregistré 226.104 voix. Le 30 décembre, 245.251 voix. Mais le 31 décembre, il a chuté à 201.066 voix, perdant donc 44.189 voix entre les deux derniers jours. Rajabho s’est contenté de 63.928 voix le 29 décembre, 72.428 voix le 30 décembre et 70.149 voix le 31 décembre. Soit une inexplicable perte de 2279 voix.
Même sort pour Denis Mukwege. Le Prix Nobel de la paix arrivé en politique a respectivement engrangé 42.864; 46.662 et 39.728 voix. Entre le 30 et le 31, la CENI lui a donc retiré 6.934 voix alors qu’il aurait dû dépasser la crête de 47.000 voix. Seul Félix Tshisekedi, proclamé vainqueur, a enregistré une hausse constante avec 10.956.374 voix le 29 décembre, 12.848.573 voix le 30 décembre puis 13.215.366 voix le 31 décembre.
Scrutins jumelés à bulletin unique, sort lié!
Denis Kadima n’a donc pas vu ça? Sa responsabilité est engagée aux yeux des Catholiques et Protestants. «Ces résultats provisoires ont été publiés sur base de la machine à voter sans être compilés», dit dans une vidéo postée dans les médias sociaux le 5 décembre Mgr Nshole, secrétaire général de la CENCO, précisant que les évêques sont pour la légalité, appelant la justice à se saisir d’office de certains cas emblématiques, affirmant qu’il est important que la CENI apporte la lumière sur beaucoup de choses.
«Une des lumières que la CENI peut apporter c’est d’abord publier dans son site ces résultats bureau de vote par bureau de vote. Ça permettra à ceux qui ont les PV de l’un ou l’autre bureau de se rendre compte si, en dehors de ces PV-là, il y a eu des votes qui ont été pris en compte ou pas», plaide Nshole.
Dans leur déclaration conjointe publiée quelques heures plus tôt, Mgr Marcel Utembi et le Révérend André Bokundoa insistent sur l’autre exigence relative au nombre exact des machines à voter mises en circulation et des bureaux de vote ouverts le 20 décembre et après, appelant à la mise en place d’une Commission d’enquête indépendante mixte pour faire la lumière complète, sans laquelle serait difficile l’acceptation des résultats à tous les niveaux de ces scrutins combinés. Les réponses du président de la CENI sur ces questions précises se font encore attendre.
Denis Kadima paraît encore être le problème après l’invalidation par son équipe des 82 candidats députés nationaux pour fraude, corruption, bourrage des urnes et détention illégale des Dispositifs électoraux de vote -DEV. L’opinion est toujours sur sa soif. Elle veut à tout prix savoir comment les machines à voter et autres effets électoraux se sont retrouvés entre les mains des candidats députés. Plus d’un RD-Congolais estiment que la CENI doit approfondir son enquête pour non seulement chercher à savoir comment tous ces fraudeurs ont réussi à obtenir facilement ces machines et autres dispositifs électoraux de vote mais aussi évaluer le niveau de ses propres responsabilités et défaillances. Dans l’entendement des uns et des autres, la CENI doit également faire la lumière sur cette grande question qui revient sur les lèvres des RD-Congolais.
Sans nul doute, le public reste très attentionné sur les conclusions de l’enquête de la Centrale électorale pour démonter toute la chaîne en vue de mettre la main sur des personnes ayant distribué des DEV auprès des candidats en compétition alors qu’au regard de la Loi, seule la CENI est habilitée à commander, acheminer, détenir, transporter et sécuriser ces machines à voter. C’est cette démarche qui, selon plusieurs observateurs, permettra à la justice de faire son travail.
Dans un état de droit, une enquête sérieuse, dans le cadre de la fraude électorale, doit donner de la matière à la justice pour permettre à la communauté de comprendre comment les bulletins de vote, les PV et autres machines à voter étaient sortis de la Centrale électorale. L’enquête de la CENI qui a abouti à l’invalidation des 82 candidats députés nationaux doit être approfondie pour servir des leçons lors de prochains cycles électoraux. Cette grande décision de la CENI a provoqué beaucoup de dégâts collatéraux au niveau des états-majors politiques de l’Union sacrée de la Nation -USN.
Désolation, mécontentement, colère et dénonciations sont pratiquement au rendez-vous comme en témoignent les déclarations qui fusent de quatre points cardinaux de la République. Les territoires de Mweka dans le Kasaï, de Yakoma au Nord-Ubangi ou la ville de Boende, chef-lieu de la province de Tshuapa, et les districts de la Funa et de Mont-Amba à Kinshasa ont donné le ton. Ne voulant pas mourir seuls, les invalidés quasi tous estampillés USN ne cessent de dénoncer les autres gros poids lourds de la famille qui ont véritablement trempé dans la tricherie électorale. Comme on en a l’habitude, d’autres parlent des coups bas ou des montages politiques.
En réalité, des loups bouffent et se bouffent dans l’enclos de l’USN. Voilà pourquoi les explications claires de Kadima et les investigations de la CENI doivent aller au-delà pour faire toute la lumière sur la question de la fraude électorale. Sinon, il sera difficile de détacher les résultats de la présidentielle de la saleté de la fraude électorale aux législatives via la machine à voter, surtout que la même CENI s’est efforcée, pour la première fois de son histoire, d’organiser le même jour des scrutins jumelés à bulletin unique. Pour l’expert Kadima dont le régime Tshisekedi s’est tant vanté, la copie est trop pâle et ridicule.