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La réunion de Bruxelles vue du Pouvoir

Dans les cercles du pouvoir, on s’étonne que l’Opposition dont des ténors étaient demandeurs d’un dialogue et d’un facilitateur international chamboulent tout et se ruent sur une réunion à l’étranger, autour d’Etienne Tshisekedi et de Moise Katumbi
Des opposants RD-congolais se réunissent du 7 au 8 juin à Bruxelles, la capitale belge, pour décider du sort du pays, dénoncent des cercles proches du pouvoir, affirmant que l’Opposition a trahi et contredit le héros national Patrice Emery Lumumba, auteur d’une citation restée célèbre: «l’histoire du Congo s’écrira par les Congolais au Congo et non ailleurs». Les tenants de cette thèse affirment que Bruxelles est la suite logique du plan concocté à l’issue de la rencontre de l’Ile de Gorée, au Sénégal et s’apparente à un complot contre les institutions tant un homme comme Gabriel Kyungu, jadis persona non grata dans certains pays occidentaux, et Moise Katumbi, prévenu autorisé à se faire soigner en Afrique du Sud, ont reçu l’autorisation à se rendre en Belgique autour d’Etienne Tshisekedi.
A Kinshasa, particulièrement dans les milieux de la Majorité présidentielle, le rendez-vous des opposants à Bruxelles, abandonnant dans la capitale RD-congolaise Edem Kodjo, le facilitateur international, mettant en péril le dialogue qu’ils avaient pourtant réclamé est mal perçu. Ici, faits et gestes de chaque leader de l’Opposition sont passés au peigne fin. A commencer par Tshisekedi, président de l’UDPS, la première force de l’Opposition, demandeur d’un forum devant réunir les protagonistes RD-congolais en vue de lever les options sur le destin du pays au moment où la CENI, dans l’impasse, avait fini par avouer son incapacité technique à organiser les élections dans le délai constitutionnel. Un avis que partagent diverses organisations internationales, les mêmes que Tshisekedi et l’UDPS ont approchées pour leur demander d’adjoindre un panel des facilitateurs à Edem Kodjo. Le revirement du lider maximo interroge.
Quelques mois avant Tshisekedi, Vital Kamerhe, président de l’UNC, avait battu le rappel des troupes et monté une structure dénommée Coalition pour le vrai dialogue -CVD. Objectif: discuter entre autres avec le Régime sur les questions politiques majeures dont celles liées aux élections. «Quand le Président de la République et sa Majorité a entrepris d’accorder une attention à leurs doléances, ils ont changé d’agenda. Ils sont partis créer Dynamique, la même qui a d’abord refusé de prendre part à la réunion de Bruxelles, exigeant d’en connaitre les bailleurs ou les sponsors avant de faire une courbe rentrante», analyse un cadre MP. Selon lui, la participation d’un groupe aux travaux de Bruxelles signifie que quelque chose s’est passée, l’argent a circulé!
Les inquiétudes grandissent quand on se rend compte que même Gabriel Kyungu, jadis persona non grata dans certaines capitales occidentales depuis le dossier de l’épuration ethnique des Kasaïens, a pu obtenir un visa.
Comme ils ne prennent rien au hasard, la présence annoncée de Katumbi à Bruxelles renforcent les suspicions. L’ex-gouverneur de l’ex-Katanga, candidat du G7 et de l’Alternance pour la République -AR- à la présidentielle de novembre 2016, a des démêlés avec la Justice qui l’a inculpé d’atteinte à la sûreté de l’Etat dans l’affaire de recrutement présumé des mercenaires mais lui a donné l’autorisation d’aller se faire soigner en Afrique du Sud.
Que Katumbi soit signalé dans la capitale belge passe aux yeux de Kinshasa pour un affront à la Justice. Ce sentiment partagé à la Majorité ne manquera pas de s’accentuer avec la révélation d’une nouvelle affaire. Celle d’un présumé contrat conclu entre l’ancien gouverneur et une société américaine dénommée Akin Gump, propriété d’un certain Donald R. Pongrace, chargée de faire du «lobbying»  pour le candidat à la présidentielle.
Les pourfendeurs de Katumbi laissent entendre que la société Akin Gump s’était engagée d’œuvrer en toute confidentialité en sa faveur et de lui offrir «tous les services qu’il demanderait en échange de 30.000 dollars». Katumbi, affirment-ils encore, aurait versé 180.000 dollars via MCK, soit l’équivalent de six mois de contrat qui s’étalerait de mars à novembre 2016. Du coup, les accusateurs de l’ex-gouverneur établissent un lien entre Akin Gump et Jones Group international, la société dont est issu l’ex-commando Darryl Lewis. Les défenseurs de cette thèse pensent avoir trouvé les raisons à la base du refus des opposants de dialoguer avec Kinshasa: un projet de renverser les institutions.
Des opposants abordés qualifient de «procès d’intention et provocation irresponsable de telles accusations dénuées de tout fondement». Ils affirment que nul n’a le droit de les empêcher de se réunir et d’aller réfléchir pour l’avenir de la RD-Congo où ils voudront, au pays comme à l’étranger.
Tino MABADA

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