La localité de Kimbondo dans la commune de Mont-Ngafula au sud de la ville de Kinshasa abrite 149 villas d’une superficie d’un hectare chacune, inventoriées dans les immeubles du domaine privé de l’Etat et gérées par le ministère de l’Urbanisme et habitat. Sur ce site, le patron du secteur, le ministre Crispin Mbadu, a fait, samedi 17 août, un «constat amer», au terme d’une visite d’inspection qui lui a permis de faire l’inventaire de ce patrimoine public de l’État. Plus aucune villa n’appartient à l’État sur ce site. Toutes ont été spoliées, vendues ou encore morcelées sur le dos de l’État.
Les bénéficiaires de cette forfaiture sont, selon les échos reçus, des hauts gradés de l’armée et de la police, des hauts magistrats et autres «puissants de la République». Cette «besogne» a été réalisée, selon les mêmes sources, «avec la complicité de certains agents de l’Urbanisme et habitat et des Affaires foncières». «Sidéré», le ministre Mbadu a eu du mal à dissimiler sa peine face à cette situation préoccupante des villas et terrains de l’Etat occupés sans titre ni droit, avant de jurer de lancer la traque contre les auteurs de cette forfaiture. «Grande est mon amertume de constater que ceux qui sont censés montrer l’exemple et faire respecter les lois sont les mêmes qui ont spolié le site de Kimbondo avec ses 149 villas appartenant au domaine privé de l’Etat, mais morcelées, vendues comme des biens sans maîtres», a-t-il regretté.
«Restaurer l’autorité de l’État et protéger les biens publics contre toute forme de spoliation»
Aux grands maux, de grands remèdes, dit-on. Hic et nunc, le ministre Mbadu a fait stopper les travaux en cours sur ce site. En légaliste, il a prêché le respect des biens publics et des procédures légales en vigueur. Après ces mesures conservatoires, Crispin Mbadu a promis de s’impliquer pour un traitement rigoureux de ce dossier, notamment avec la création prochaine d’une commission interministérielle chargée d’examiner en détail les cas de spoliation et de proposer des mesures pour récupérer ces patrimoines de l’État. Le dossier doit, dans un premier temps, être porté en Conseil des ministres du gouvernement Suminwa, déterminé à «restaurer l’autorité de l’État et protéger les biens publics contre toute forme de spoliation».
Comme la Première ministre, le Président de la République a également fait de la traque des spoliateurs son cheval de bataille. En 2023, il avait créé, au sein de son cabinet, l’Agence nationale pour la protection du patrimoine immobilier de l’État -ANPPIE. Dans l’histoire, la spoliation des biens de l’État semble avoir la peau dure. En 2007 déjà, une Commission de récupération des immeubles et terrains de l’État -CRITE- a été mise en place. Si les initiatives précédentes se sont butées à des «lobbies» des prédateurs, le ministre Crispin Mbadu attend trouver une solution durable à ce fléau.
Natine K.