Dossier à la UneNationPolitique

Kabila parle: Acte 1

«La souveraineté du pays a été bradée avec plus de 5 armées étrangères sur le territoire national, qui contrôlent ensemble avec les rebelles et les groupes armés plusieurs territoires de notre pays. Tout ceci n’existait pas en janvier 2019 lors de la passation pacifique du pouvoir, il n’existait pas un groupe rebelle appelé M23», a cogné le Raïs, non sans évoquer le tribalisme, l’exclusion ainsi que l’instrumentalisation de la justice et des services de sécurité…

Joseph Kabila a décidé de revenir sur la scène et de s’exprimer, à six mois de la tenue des élections. Avant la prise de parole devant un grand public, l’Acte 1 marqué par sa sortie, vendredi 16 juin sur le mont Ndeke à Kingakati devant une poignée de lieutenants restés fidèles, a suscité des tonnes de commentaires. D’aucuns y ont vu, à la suite des informations relayées récemment dans les médias, une manière de renvoyer un signal de sa capacité de résistance et ou de nuisance face aux présumées menaces de son arrestation par le Pouvoir en place.

D’autres ont estimé que la réapparition vise à renforcer l’Opposition dont les activités sont contrées par le Régime ces derniers jours. D’autres encore y ont décelé le retour d’un leader qui est loin d’avoir abandonné la politique active, décidé de reprendre la main sur ses troupes du FCC diminuées après les départs de certaines têtes couronnées parties renforcer les rangs de l’Union sacrée de Félix Tshisekedi. C’est donc ce leader assis face à une troupe loyale qui a dressé un tableau sombre de la situation politique, sécuritaire et sociale du pays.

«Au bord de l’implosion, la RD-Congo est plus divisée qu’elle ne l’a jamais été depuis 1960. La situation sociopolitique, sécuritaire et économique est calamiteuse, dramatique et profondément chaotique. Le tribalisme, l’exclusion, la concussion, la corruption, la prédation, l’instrumentalisation de la justice et des services de sécurité ont fait ériger une grande fissure et une grosse méfiance entre la population et les différentes communautés. La cohésion et l’unité ont été détruites par le pouvoir en place», a-t-il décrit.

Et d’ajouter: «la souveraineté de la RD-Congo a été bradée avec plus de 5 armées étrangères sur le territoire national qui contrôlent ensemble avec les rebelles et les groupes armés plusieurs territoires de notre pays. Tout ceci n’existait pas en janvier 2019. Lors de la passation pacifique du pouvoir, il n’existait pas sur le territoire national un groupe rebelle appelé M23, un mouvement des criminels appelé les Mobondo, le pays était entier, sa sécurité n’était pas externalisée auprès de plus de 5 pays de la région, il y avait une stabilité macro-économique avec un taux de USD non galopant, les fonctionnaires étaient régulièrement payés et aucun mouvement de grève ne s’observait sur le territoire national».

Kabila s’est posé, à titre illustratif, des questions sur l’organisation des élections dans des zones sous contrôle des rebelles du M23 et d’autres forces négatives. L’ancien Président de la République avait déjà évoqué cette question sensible avec notamment Bintou Keita, la patronne de la MONUSCO, et quelques diplomates rencontrés ces dernières semaines.

Au sujet des élections prévues en décembre prochain, Kabila a donc rappelé le refus du FCC d’y prendre part tant qu’il n’y aura pas une CENI et une Cour constitutionnelle consensuelles, avant d’inviter les cadres du FCC à résister, à se mobiliser et à mobilisation la population contre, a-t-il dit, «la dictature qui s’installe». «Le FCC n’accompagnera pas un processus électoral frauduleux et chaotique qui ne vise qu’à renforcer et à consolider la tyrannie désormais érigée en mode de gouvernance de la RD-Congo. Ces élections, organisées dans ces circonstances vont imploser le pays et diviseront davantage les RD-Congolais et la RD-Congo», a-t-il fait savoir.

Selon ces inconditionnels contents du rétablissement des contacts avec l’autorité morale et dont certains se sont organisés pour prendre note, Kabila a promis de multiplier, dans les prochains jours, les réunions avec ses lieutenants dont les parlementaires. Il est aussi revenu sur la rupture de la coalition FCC-CACH rejetant la faute à son ancien partenaire.

«La rupture FCC-CACH est intervenue non pas parce qu’il y avait dispute des postes ministériels et des responsabilités mais parce qu’il y avait nomination illégale et anticonstitutionnelle de 2 juges à la Cour constitutionnelle le 5 août 2022», a dit le Président honoraire, cité par des participants à la messe de Kingakati.

Puis: «Ces fameuses nominations fondamentalement illégales étaient intervenues à l’absence du Premier ministre Ilunga Ilunkamba alors que ce dernier était piégé malignement et subtilement par la Présidence en l’envoyant dans une prétendue mission à Lubumbashi. Curieusement, à son absence et violant intentionnellement la Constitution, le vice-Premier ministre en charge de l’Intérieur, sous ordre, a apposé allègrement et illégalement un contreseing sur les Ordonnances controversées des juges. Le PM Ilunkamba, l’apprenait à sa descente d’avion à Lubumbashi. Le FCC avait vigoureusement protesté et avait de manière républicaine demandé que cela soit refait en respectant la Constitution, c’est malheureusement cet entêtement à vouloir torpiller la Constitution à tout prix auquel le FCC s’opposait, que certains ont qualifié de blocage».

Kabila a eu des mots durs pour critiquer la transhumance de ses anciens collaborateurs aujourd’hui membres de l’Union sacrée. «Beaucoup d’élus du FCC se sont ignoblement vendus en se faisant acheter par l’argent et les Palissades. Qu’ils sachent que ce n’est pas le FCC qu’ils ont trahi, mais leurs électeurs, la population RD-congolaise, la République et leur dignité», a-t-il asséné.

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page