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Gouvernorales : les députés provinciaux appelés à recaler les candidatures de Masuka et Kyabula

L’Institut de recherche en Droits humains -IRDH-, une organisation de la société civile basée à Lubumbashi, n’a pas mis de gants pour accuser Jacques Kyabula Katwe et Fifi Masuka Saini, respectivement gouverneurs sortants du Haut-Katanga et du Lualaba, de se livrer à la «corruption» pour rempiler à la tête de ces deux provinces issues du démembrement du Katanga.

Cette ONG, dans son bulletin du contrôle citoyen, publié le jeudi 7 mars 2024 depuis la ville cuprifère, a relevé, outre le fait de corruption, des motifs supplémentaires pour lesquels les élus provinciaux du Lualaba et du Haut-Katanga ne devraient pas reconduire Masuka et Kyabula aux commandes des provinces.

Selon IRDH, Fifi Masuka a déjà épuisé les deux mandats possibles reconnus par la Constitution à un gouverneur de province sur pied de l’article 198 de la Loi fondamentaux, éditant que «le gouverneur et le vice-gouverneur sont élus pour un mandat de cinq ans renouvelable une seule fois par les députés provinciaux au sein ou en dehors de l’Assemblée provinciale».

Élue vice-gouverneure du Lualaba en 2019 comme colistière de Richard Muyej et pour le compte du PPRD -parti de l’ancien président Joseph Kabila-, Fifi Masuka a pris les rênes de la province à la suite d’un long rappel à Kinshasa de son titulaire qui a commencé début 2021.

Ce mandat finissant, conquis en mars 2019, est consécutif à celui entamé trois ans plus tôt et qui a fait de Masuka, pour la première fois, vice-gouverneure du Lualaba. Suffisant, à en croire l’IRDH, pour que la patronne d’une plateforme politique dénommée Fifi Masuka, qui revendique 25 députés nationaux et 30 députés provinciaux, ne rempile au sommet de la province RD-congolaise la plus riche.

Contrairement à Fifi Masuka, Jacques Kyabula vient de finir son premier quinquennat en tant que gouverneur du Haut-Katanga. Ce qui, constitutionnellement, lui ouvre la voie d’un second bail. Seulement, au cours du premier mandat, a brillé par une «gestion opaque», caractérisée par des «malversations des redevances -minières-».

Ces redevances, conformément à l’article 242 du Code minier, tel que révisé en 2018, sont perçues à la source par les provinces minières. Dans le Haut-Katanga, sous la gestion de Kyabula, elles ont tendance à «prendre une destination inconnue».

L’IRDH, pour soutenir ses allégations, a avancé l’exemple de la commune Annexe de Lubumbashi où sont basées les sociétés minières Congo dongfang mining -CDM- et Société minière du Katanga -SOMIKA.

«Les fonds de construction de la route Kipopo-Tshamalale-Poleni-Inakiluba sont perçus chaque année, depuis 2019, par une certaine entreprise ATC d’un certain Miguel Kashal. Mais, la route est toujours impraticable, les travaux demeurant à la phase inaugurale», a révélé cette organisation de défense des Droits humains, avant de lancer un appel aux députés provinciaux pour recaler les candidatures de Fifi Masuka au Lualaba et Jacques Kyabula dans le Haut-Katanga.

Il leur recommande de «recouvrer un sursaut d’orgueil et d’agir dans le sens à faire respecter le nombre de mandats prévus par la Constitution et d’empêcher que durant les cinq prochaines années les redevances minières continuent à prendre la même destination

inconnue».

L’appel de l’IRDH se décrypte, par ailleurs, comme une invitation aux élus provinciaux à faire preuve de probité morale en résistant aux sirènes des espèces sonnantes et trébuchantes. A la suite de la Commission électorale nationale indépendante -CENI-, qui a dénoncé une campagne de corruption visant les députés provinciaux de la part des candidats aux sénatoriales et aux gouvernorales, l’IRDH a alerté sur le danger encouru par la RD-Congo à cause de cette «réalité catastrophique». Par conséquent, l’IRDH a demandé aux députés provinciaux de «jouer un rôle actif en sanctionnant les candidats gouverneurs et vice-gouverneurs qui agiraient en marge des lois de la République». Faute de s’exécuter, a-t-il prévenu, les élections des gouverneurs, prévues le 7 avril prochain, ne vont déboucher que sur la «consécration de la corruption».

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