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Gouvernorales à Kinshasa : des véhicules saisis et des proches du candidat Bumba interpellés à l’ANR

Ce lundi 29 avril, à Kinshasa comme dans d’autres provinces de la RD-Congo, les députés provinciaux ont la lourde responsabilité d’élire des gouverneurs. Dans la capitale, une trentaine de candidats vont se disputer le fauteuil jusqu’ici occupé par Gentiny Ngobila. Sur l’un d’entre eux pèsent de forts soupçons de corruption des députés provinciaux, promis d’acquérir des véhicules pimpant neufs, stockés dans le parking souterrain des immeubles River Tower à Gombe où l’UDPS Daniel Bumba a ses bureaux.

Un scandale de corruption présumée, révélé en exclusivité le week-end dernier via les plateformes numériques d’AfricaNews, secoue l’élection du gouverneur de Kinshasa, prévue ce lundi. L’affaire, soigneusement camouflée jusqu’à la veille de ce scrutin, a commencé à s’effriter quand la curiosité des vigiles et des visiteurs de l’immeuble River Tower -Sicilia-, localisé à quelques encablures du QG du Casier judiciaire à Gombe, a été piquée par le nombre impressionnant des véhicules garés dans les parkings souterrains dudit immeuble. Les noms de quelques députés provinciaux de la capitale sont inscrits sur ces véhicules, présumés dons d’un candidat gouverneur de Kinshasa. Parmi les noms visibles, celui de Patricia Tshala Mwela, reconnue comme suppléante du député Auguy Kalonji, de Wema Nicolas et Steve Mulumba, identifiés membres de 4AC et de l’UDPS.

Coïncidence ou indice de corruption à ciel ouvert? Daniel Bumba, l’un des candidats à la succession de Gentiny Ngobila, porté par l’UDPS, a ses bureaux dans l’appartement 102 chez River Tower où, habituellement, il reçoit ses invités. De quoi raviver les soupçons. Au nombre de ses concurrents au scrutin de ce lundi, cinq ou six se distinguent par leurs peaux claires. Des sources confient que parmi eux, un candidat entretient des bons rapports avec les propriétaires de River Tower. Il a donc eu un accès facile aux bâtiments pour s’enquérir de la situation des véhicules suspects, neufs et sans plaques, y stationnés. C’est par ses services que des agents de sécurité alertés sont arrivés sur place et ont interrogé des proches de Bumba. Ces derniers ont nié tout lien entre ces engins et le candidat mais ont voulu mentir de sang froid en leur affirmant que ces bagnoles seraient les propriétés du Procureur général près la Cour de cassation. Outrage. Les caméras de ces immeubles pourront bien montrer qui sont venus retirer 4 des 20 véhicules stockés dans l’immeuble River Tower.

L’alerte a trouvé écho favorable auprès des services des renseignements qui sont entrés en action samedi soir et ont saisi 7 Toyota Prado TXL, acheminés à l’Agence nationale des renseignements -ANR. Le reste de ces automobiles a été saisi et gardé dans les installations de River tower. Dans la foulée, un major de la police, proche du candidat Daniel Bumba, a été interpellé alors que trois membres de son équipe ont été entendus à l’ANR. L’affaire a pris une tournure davantage plus inquiétante quand les services ont lancé un avis de recherche contre 6 suspects en cavale, contraignant Daniel Bumba et son colistier, Eddy Iyeli, à se retrancher dans leur tanière sans donner de leurs nouvelles.

Au sein des renseignements, l’affaire divise, a-t-on appris. Officiellement candidat UDPS aux gouvernorales à Kinshasa, Daniel Bumba jouit d’un certain soutien des cadres du parti au pouvoir, opposés à une autre frange des agents, déterminée à sévir durement contre l’alter ego d’Eddy Iyeli. Et, les instructions de la hiérarchie leur donnent du courage, non sans placer le procureur Firmin Mvonde devant ses responsabilités en ce temps où des dénonciations de corruption font rage.

Dans les réseaux sociaux, d’autres commentaires favorables à Bumba ont tenté de le dédouaner, attribuant ce qu’ils qualifient de coup monté à certains de ses concurrents. Mais qui aurait bien pu s’offrir autant de véhicules neufs, venir les stocker dans les parkings de River Tower, inscrire les noms des députés provinciaux et placer des personnes avec des codes secrets pour organiser la livraison? Qui sont les députés déjà servis étant donné que quatre ou cinq véhicules ont été sortis du lot bien avant l’arrivée des flics? D’où sont venus les fonds ayant servi à l’achat de ces véhicules? Ont-ils été achetés à l’étranger ou auprès des concessionnaires installés à Kinshasa? Autant de questions qui renforcent le mystère que les flics devraient percer après les premières auditions de premiers suspects interpellés.

Candidat aux sénatoriales, l’ancien Premier ministre Samy Badibanga s’est retiré de la course aux sénatoriales, dénonçant un «système électoral enclin à la corruption et à d’autres pratiques illégales». A son instar, Martin Kabuya, ancien gouverneur du Kasaï Central, a aussi renoncé de participer aux élections des sénateurs pour les mêmes raisons de corruption, confirmant, selon des observateurs, le recours à une pratique qui creuse la tombe de la démocratie et de ses valeurs ô combien pertinentes pour le redressement de la RD-Congo. Membre du regroupement AAND, Michel Omba a fait autant dimanche, après avoir lui aussi dénoncé la corruption et la capitalisation des députés provinciaux.

Natine K.

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