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Gouv' de l'Equateur, Tony Bolamba interdit de bouger

Alors qu’une lettre ouverte fait part de l’appel à sa destitution, des sources bien informées révèlent que le tout premier gouverneur de la nouvelle province de l’Equateur est frappé d’une interdiction de quitter la capitale voire le territoire de la RD-Congo
Les carottes seraient cuites pour Tony Bolamba, le tout premier gouverneur de la nouvelle province de l’Equateur issue du découpage territorial de l’ancienne province portant le même nom. Alors que ses administrés cherchent encore à connaitre celui qui les dirige du fait qu’il n’a pas vécu là-bas, la gestion conflictuelle de ce dernier avec tous les services de sécurité provinciale -ANR, FARDC, PNC, DGM, Parquet général- jette un discrédit sur lui. Alors que plusieurs sources sérieuses affirment qu’il lui est interdit de quitter Kinshasa voire le territoire national, son portrait robotique l’expose à une destitution par l’Assemblée provinciale qui l’a élu sinon par le Président de la République. Dans une lettre ouverte lui adressée par un compatriote du terroir, Wina Lokondo, cadre du Mouvement de libération du Congo -MLC-, la principale force politique dans cette province, les qualificatifs décrits étonnent tout le monde: «dictateur, coléreux, agité, vaniteux, irrespectueux des gens et des -bons- usages établis, mégalomane, soupe au lait, irreconnaissant, brouillon dans la méthode, dur à la détente, grande ignorance du fonctionnement de l’Etat et du jeu politique».  Dans moins de 3 mois de prise de fonctions, certains ministres de son gouvernement provincial ont déjà rendu le tablier, le vice-gouverneur est réduit au silence de cimetière, des altercations avec un comptable public. Le verdict populaire à l’égard de Bolamba est sans circonstances atténuantes: sa destitution à la tête de la province de l’Equateur. Ci-dessous la missive adressée au gouv par WinaLokondo, cadre du Mouvement de libération du Congo -MLC.
LETTRE OUVERTE À TONY BOLAMBA
Gouverneur de la Province de l’Equateur
Monsieur le Gouverneur,
La bienséance politique veut que l’on accorde une période de grâce à tout nouveau gouvernement qui entre en fonction. Période au cours de laquelle il est appelé à prendre ses premières et importantes décisions, habituellement révélatrices des priorités qu’il donne à son action, et pendant laquelle observateurs neutres et adversaires s’interdisent tout jugement «hâtif» et malveillant à son endroit. La récente démission de madame Mimi Engumba Mulongo, ministre de votre gouvernement, votre scandaleuse dispute publique avec plusieurs autorités locales le samedi 30 juillet dernier à l’aéroport de Mbandaka et des informations inquiétantes et persistantes vous concernant viennent d’abréger ce temps de ménagement.
Comme vous pouvez bien l’imaginer, les habitants de notre province -qui ne vous connaissent pas du tout pour n’y avoir jamais vécu auparavant- n’ont pas arrêté, depuis votre élection le 26 mars dernier, de suivre et de scruter, avec des loupes aux grosses lentilles, tous vos gestes et tous vos discours. Exercice auquel je me suis également adonné pour plusieurs raisons et qualités, particulièrement comme membre du MLC, parti actuellement à l’Opposition, ici à l’Equateur comme au niveau national.
Le besoin de vous connaître a jusque-là été grand de la part de la majorité de vos «administrés» et tout autant les espoirs d’une autre et meilleure gouvernance que votre élection les a fait nourrir. Mais c’est la grande déception aujourd’hui. Depuis votre entrée en fonction et en très peu de temps, vous tendez déjà à égaler un de vos prédécesseurs qui s’était distingué en bêtises de toutes sortes, lesquelles avaient justifié sa révocation par le chef de l’Etat.
D’aucuns se convainquent et parlent d’une malédiction qui frappe l’Equateur: jamais nulle province n’aura connu une succession de gouverneurs dont aucun, ces dernières années, n’aura été à la hauteur de la charge, ni en compétence ni en dignité.
A plusieurs personnes -plus d’une cinquantaine, anciennes connaissances à vous et vos amis de fraîche date- que j’ai rencontrées, qui ont ainsi eu l’occasion de vivre un moment avec vous ou d’être reçues par vous dans le cadre de votre actuelle fonction, j’ai chaque fois posé aux unes et autres les questions suivantes. Aux unes: «Quel genre de personne est Tony Bolamba?». Aux autres: «Comment avez-vous trouvé le gouverneur après votre rencontre avec lui?».
 
Leur description de votre personne est unanimement la même, substantifs et adjectifs qui vous sont collés n’étant tous pas élogieux: dictateur, coléreux, agité, vaniteux, irrespectueux des gens et des -bons- usages établis, mégalomane, soupe au lait, irreconnaissant, brouillon dans la méthode, dur à la détente, grande ignorance du fonctionnement de l’Etat et du jeu politique. Tout, chez vous, montre que vous ne disposez pas de prérequis managériaux ni de ressorts moraux nécessaires pour diriger valablement et avec sérénité une province.
Le désenchantement est aussi grand du côté de vos électeurs, les députés provinciaux, aujourd’hui torturés par des remords pour avoir porté leur choix sur votre personne et vous avoir confié les commandes de notre province.
Vous entretenez actuellement des rapports très tendus avec presque tous les membres du Comité provincial de sécurité -ANR, FARDC, PNC, DGM, Parquet général-, qui se plaignent de vos incessants et incorrects comportements.
Concentrant tout -argent et pouvoirs- en vos seules mains, la plupart de vos ministres -qui ne connaissent pas, à ce jour, le taux définitif de leur salaire et qui ne l’ont ainsi pas encore perçu depuis…trois mois qu’ils sont en fonction- n’ont déjà plus le cœur à l’ouvrage, se sentant par ailleurs inutiles car dépossédés de leurs attributions que vous tenez à exercer à leur place. La démotivation est palpable dans tous leurs cabinets respectifs qui ne reçoivent pas de frais de fonctionnement et qui sont donc dépourvus de moyens matériels de travail.
Le comportement dédaigneux que vous adoptez à l’égard de votre seconde, madame la vice-gouverneur -ainsi que les attitudes discourtoises qui ont été les vôtres envers votre ministre Mimi Engumba qui a fini par démissionner-, relève d’un cas particulier de misogynie et confirme, d’une part, le malsain et désespérant climat politique et de travail qui prévaut au sein de votre gouvernement et, d’autre part, votre manière de gérer la province sans concertation avec les personnes habilitées, selon vos  sautes d’humeur et en dehors des principes.
Alors que vous-même et vos ministres avez nommé vos connaissances parmi le personnel politique de la province, et puisque ne témoignant ni confiance ni considération à l’endroit de votre vice-gouverneur, vous avez refusé qu’elle puisse aussi caser les siennes. Elle n’a ainsi placé personne, nulle part.
 
Et pour bien l’humilier, vous lui avez «imposé» deux proches  à vous comme secrétaire particulière et comme assistante de cabinet! Est-ce pour bien la surveiller minute par minute et pourquoi? Interdiction lui est également faite, par vous, d’accuser réception des courriers qu’elle reçoit. Vous ne l’associez ni à la réflexion ni à la prise de décisions importantes, elle qui, pourtant, est appelée constitutionnellement à gérer  par intérim la province à votre absence.
Les Mbandakais avaient constaté avec étonnement ses absences -bien qu’elle était à Mbandaka et pas malade-  successivement lors de votre discours de campagne électorale à l’Assemblée provinciale et aussi le jour de votre investiture comme gouverneur de province, moment hautement solennel. Et dire que c’est vous-même qui l’aviez choisie comme colistière! Apparemment,   c’est à contrecœur que vous acceptez sa présence à vos côtés. Elle est, à vos yeux, une partenaire encombrante, et encore moins, un simple -et inutile-«objet» d’ornement du décor.
La protection que vous avez voulu apporter au comptable de la division provinciale de la santé alors que vous étiez bien informé de sa convocation par le  Parquet -raison de votre violente prise de bec avec le Procureur général  à l’aéroport  devant des centaines de Mbandakais médusés- ainsi que vos autres et nombreux dérapages comportementaux  ont fini par convaincre tous ceux qui en doutaient encore que votre personne a été une grande erreur de choix lors de la dernière élection du gouverneur de notre province.
Ainsi, au nom de la population de l’Equateur et pour la tranquillité politique dont a grandement besoin la province pour son essor économique et social, je demande à nos députés provinciaux ou au Président de la République d’enclencher urgemment la procédure de votre destitution afin de lui épargner d’autres préjudices que vos imprévisibles actes pourraient encore occasionner, ceux que vous lui avez déjà fait subir, en si peu de temps, étant largement et  malheureusement  suffisants. Il y va aussi de l’image de notre province que vos prédécesseurs ont, ces dernières années, tristement contribué à ternir, également par leurs indignes agissements.
Wina LOKONDO
Cadre du MLC
Mbandaka, 5/8/2016

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