La Banque centrale du Congo a, mercredi 9 novembre, rejeté la décision prise la veille par la troisième banque commerciale de la RD-Congo de se dissoudre. Mais Me Pierre Okendembo, avocat de la BIAC, soutient que ladministration provisoire de la Banque centrale remplace les organes de gestion dune banque en difficulté, mais ne fait pas delle une actionnaire ou propriétaire de la banque qui est une société privée
En difficulté depuis des mois, les actionnaires de la Banque internationale pour lAfrique au Congo -BIAC- ont décidé, mardi 8 novembre, de dissoudre leur banque et de désigner un liquidateur afin darrêter leur surendettement vis-à-vis de la Banque centrale du Congo -BCC- qui avait placé cette banque privée sous sa gestion. La nouvelle défraie la chronique à Kinshasa. En revanche, 48 heures après cette annonce, la BCC a vite fait de reprendre le dossier en main en sopposant, dans un avis au public, à toute tentative de dissolution de la BIAC.
Cest un retournement de situation. La Banque centrale du Congo -BCC- a, jeudi 10 novembre, rejeté la décision prise 48 heures plus tôt par la troisième banque commerciale de la RD-Congo de se dissoudre, alimentant la guéguerre entre les deux institutions bancaires. La nouvelle est tombée mardi dernier, quand les actionnaires de la Banque internationale pour lAfrique au Congo -BIAC-, en difficulté depuis des mois, avaient décidé de dissoudre leur banque et de désigner un liquidateur afin darrêter leur surendettement vis-à-vis de la BCC qui avait placé la banque privée sous sa gestion.
Deo Gratias Mutombo na pas tardé à réagir. Dabord par le truchement de son porte-parole. «La BCC déclare nulle et de nul effet la dissolution de la BIAC par les actionnaires pour vice de procédure et violation de la législation», a indiqué mercredi dernier à Jeune Afrique, Plante Kibadi, porte-parole du gouverneur de la BCC. Et daffirmer: «A la BCC, tout est fait pour sassurer du remboursement de plus de CDF 150 milliards, soit USD 145 millions de créance sur la BIAC, avec larrivée dici la fin de lannée dun repreneur chinois qui frappe déjà à la porte».
Sappuyant sur la loi, Plante Kibadi a signifié que dès quune banque est mise sous administration de la Banque centrale, personne na le droit de la liquider, y compris les actionnaires ou le tribunal du Commerce.
Puis via un avis au public publié le 10 novembre. «La Banque centrale du Congo attire lattention du public en général et des clients de la Banque internationale pour lAfrique au Congo, en sigle BIAC, en particulier sur le fait que les informations diffusées récemment sur la dissolution volontaire de cette banque sont non fondées», lit-on dans lavis.
Motif: «La décision de dissolution a été prise par les actionnaires défaillants sans le concours de lAdministrateur provisoire, ni de lAutorité de régulation et contrôle bancaire qui ont à leur charge la responsabilité du redressement de la BIAC».
Sauvegarde de lépargne du public
La BCC rappelle que la BIAC se trouve sous gestion dun Administrateur provisoire, désigné conformément aux dispositions des articles 41 et 48 de la loi n°003/2002 du 2 février 2002 relative à lactivité et au contrôle des établissements de crédit, pour préparer le processus de résolution de la crise, visant à la fois la protection de lépargne du public ainsi que la préservation de la solidité et de la stabilité du secteur financier RD-congolais.
Lavis invite les déposants disposant des avoirs à la BIAC à la sérénité et au calme, en attendant laboutissement imminent du processus de résolution de crise sévissant au sein de cette banque, qui devra se solder impérativement par la sauvegarde de lépargne du public.
De son côté, Me Pierre Okendembo, avocat de la BIAC, soutient que ladministration provisoire de la Banque centrale du Congo remplace les organes de gestion dune banque en difficulté, mais ne fait pas delle une actionnaire ou propriétaire de la banque qui est une société privée.
«A 20 jours de la fin légale de la gestion du comité provisoire, les actionnaires nont jamais été saisis de larrivée dun éventuel repreneur. Tout repreneur qui viendrait au-delà de cette limite serait hors délai», a indiqué Me Pierre Okendembo.
Selon des analystes, les difficultés rencontrées par les institutions bancaires en RD-Congo surviennent au moment où les finances publiques du pays sont mises à rude épreuve par la chute des cours des matières premières, limitant les marges dintervention budgétaire de lÉtat.
Pour ceux qui ne savent pas, le capital de BIAC est détenu à 100% par le Groupe américain Blattner Elwyn, actif dans plusieurs secteurs dactivités économiques en RD-Congo, dont lagro-industrie, industries, service et distributions.
Olitho KAHUNGU
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