Ça tire dans tous les sens contre l’Eglise catholique. Quelques jours après la virulente sortie du Président Tshisekedi depuis Mbujimayi où il a accusé certains évêques «d’avoir pris une tendance dangereuse», c’est au tour du chef du parti présidentiel de prendre le relais. A la faveur d’une matinée politique mardi 27 juin, Augustin Kabuya, secrétaire général de l’Union pour la démocratie et le progrès social -UDPS-, a braillé pendant plus d’une heure, usant des mots peu tendres, contre l’Eglise catholique qui, selon lui, s’est immiscée dans la politique. «Les évêques font maintenant des déclarations politiques», s’est-il exclamé, amnésique, oubliant l’apport de la même Église quand l’UDPS militait dans l’opposition.
De son avis, les récentes déclarations de Mgr Nshole, secrétaire général de la Conférence épiscopale nationale du Congo -CENCO-, sont pleines d’incongruités. D’entrée de jeu, Augustin Kabuya a démenti l’existence d’une milice au sein de l’UDPS, tout en invitant N’Shole à «assumer ses propos» et «rembourser l’argent d’autrui qu’il a bouffé».
Le patron de l’UDPS n’a pas épargné le Cardinal Ambongo dans son verbiage. «Pour qu’il soit nommé cardinal, le président de la République a donné son point de vue», a-t-il berdassé quand ses ouailles répétaient en chœur: «ingratitude!».
La tête de Katumbi, encore!
Multipliant des verbigérations, le chef de l’UDPS a contesté à Mgr Nshole le droit de parler au nom de la CENCO qui, selon lui, ne s’est pas réunie. «Sur base de quel rapport, de quelle instruction ou de quelle réunion, N’shole s’est permis de parler au nom de la CENCO», s’est-il interrogé.
Cette séquence est rapidement devenue la risée de la toile qui a opposé à «AK-47» la récente déclaration de la CENCO, signée par 45 évêques sur 48. «Mgr N’shole a même été tendre dans son rendu. La déclaration des évêques est encore plus virulente», a commenté un twittos.
Toutefois, pour Kabuya, les relations entre l’Eglise catholique et le pouvoir sont au beau fixe. «Il y a juste deux individus qui sont au service de Katumbi», faisant allusion à Mgr N’shole et au Cardinal Ambongo. «Après son divorce d’avec Kabila, c’est N’shole qui a conseillé à Katumbi de se rapprocher de l’UDPS pour son blanchissement», a-t-il invectivé.
Plusieurs fois, Kabuya a cité Katumbi comme «donneur d’ordres» aux évêques qui font désormais «tout sous son instruction». «Katumbi doit laisser les hommes de Dieu tranquilles», a-t-il tancé, avant de prononcer une sentence contre le président d’Ensemble pour la République: «Il sera maudit jusqu’à la 3ème génération». A N’shole, «agent propagandiste» du candidat Katumbi, Kabuya a conseillé de «restituer» l’argent qui a servi à l’achat de sa conscience.
Dans le camp Katumbi, c’est un air du déjà-vu. Il y a tout juste quelques jours, ce dernier se déconcertait que sa tête était vue dans tous les échecs du régime. La nouvelle sortie «hasardeuse» de Kabuya est donc loin d’étonner. «Il voit la tête de Katumbi partout. Il n’a jamais parlé du bilan de son maitre, toujours dans les débats de caniveaux. Comment un pays peut se développer avec ça», a commenté un proche de Katumbi sur Twitter. Un autre internaute a plutôt vu la «peur bleue du régime contre un candidat redoutable». D’autres internautes se sont plutôt plu à brandir le discours du cardinal Ambongo, tenu en décembre dernier à Isiro, comme réplique à la gouaille de Kabuya. «La culture du mensonge est en train de gagner du terrain en RD-Congo. On ment comme on respire, on ment pour couvrir ses propres inepties, on ment pour couvrir son incompétence, et parfois pour justifier son irresponsabilité», avait dénoncé l’archevêque de Kinshasa. Pour plusieurs, Augustin Kabuya a donc fait chou blanc.
Natine K.