48 heures après l’interpellation de François Beya Kasonga, le Conseiller spécial en matière de sécurité du chef de l’État, aucun officiel n’a pu s’exprimer. Difficile à ce stade d’avoir les premiers éléments de ses premières auditions en dehors de quelques versions en circulation, que la Rédaction a pu regrouper.
40 minutes d’audition
Indiscrétion: la durée de premiers interrogatoires, soit 40 minutes, autour de deux ou trois premières informations dont disposeraient les services mettant en cause l’ancien Directeur général de la DGM, à en croire des sources recoupées.
Participation à des rencontres menaçant la sécurité nationale
Selon le responsable de l’ONG ACAJ, l’avocat Georges Kapiamba, relayé par certains médias en ligne, François Beya est cueilli pour avoir participé à des réunions mettant en cause la sûreté nationale. Une telle activité ne saurait se faire en solitaire et devrait impliquer plusieurs personnalités dans différentes sphères du pouvoir. Voici que Beya est, jusque-là, la seule personnalité prise et ça fait jaser.
Réquisition d’information adressée au DG de la société Orange!
Une lettre datée du 7 janvier 2022, attribuée à l’AG de l’ANR, Jean Mbelu Biosha, et adressée à la société de téléphonie mobile Orange, lui demandant de relever les appels téléphoniques du numéro 0896073187, est venue susciter la curiosité du public et raviver les débats dans les salons politiques. Les observateurs ont établi un lien entre ce courrier et l’affaire Beya.
Guerre de palais
Des analystes ont aussi leur lecture de la situation. Ils parlent d’une guerre de palais, d’un querelle d’influence autour du Président de la République entre François Beya, le Spécial, et le conseiller privé Fortunat Biselele, aussi bien positionné dans l’entourage. Le conflit aurait pour origine essentiellement le contrôle des carrés miniers au Grand Katanga et au Nord-Kivu. Certains carrés contenant un produit hautement sensible auraient été vendus à un pays asiatique avec la bénédiction du Spécial. Avant cette étape, Beya aurait entendu Biselele dans une autre affaire des carrés miniers dans les Grand Katanga et la Grande Orientale. Pour ces analystes, «les ennuis que connaît Beya sont plutôt les signes d’un régime en pleine déconfiture, qui n’hésite plus à s’humilier lui-même publiquement, et à se fissurer gravement».
Passivité dans la gestion de certains dossiers sensibles
Parmi les versions répandues, il circule aussi celle relative à la passivité supposée ou réelle du sécuritocrate du Président Félix Tshisekedi dans la gestion de certains dossiers présumés sensibles liés à la surveillance de quelques anciens dignitaires de l’ancien régime «ciblés» par le pouvoir en place, notamment le général John Numbi, l’AG honoraire de l’ANR Kalev Mutondo ou l’ancien parsec de Kabila, Barnabé Kikaya, tous sortis du territoire national incognito, sans être inquiétés.
Ces soupçons d’immobilisme ou de complicité se seraient renforcés voire accélérés avec le tweet attribué à Barnabé Kikaya et effacé depuis, mettant Kinshasa sur la liste de prochains théâtres des coups d’État, et le fait que les 3 téléphones du surnommé «Fantomas» soient restés éteints pendant tout ce temps. Mais selon ses proches, Beya, malade et affaibli, s’était éloigné de ses portables sur recommandation de son médecin.
Condition d’interpellation et de détention
La dernière histoire racontée, reliée aux conditions d’interpellation et de détention du Conseiller spécial, laisserait entendre qu’il aurait été arrêté dans une tenue à ne pas décrire et aurait passé sa première nuit à l’ANR sur un canapé -photo balancée dans les réseaux sociaux-, après avoir décliné l’offre de dormir sur un matelas venu d’ailleurs. Selon les auteurs de ce récit, Beya n’a pas pu parler à sa femme, contrairement aux affirmations de l’activiste Georges Kapiamba. Alors que Beya aura déjà totalisé 48 heures de détention dans les locaux de l’ANR, la logique voudrait qu’il soit déféré devant le Parquet ou son juge naturel.
YA KAKESA