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Franck Diongo, l’arme cloche: après le scabreux feuilleton SK Della, un autre opposant traqué et coffré à l’ex-Demiap

Alors que plusieurs sources évoquent un port illégal d’arme pour justifier l’arrestation du président du MLP, des documents du ministère de l’Intérieur et de la DGRAD prouvent qu’il est légalement autorisé à détenir une arme d’autodéfense…

Après Salomon Kalonda Idi Della et Jean-Marc Kabund…, Franck Diongo allonge la liste des prisonniers politiques. L’opposant, président du parti politique Mouvement lumumbiste progressiste -MLP-, a été arrêté le mardi 20 juin au croisement des avenues des Huileries et Kabinda à Kinshasa. Selon des sources citées par le média Ouragan.cd, l’ordre d’arrêter le président du MLP a été donné par le colonel Kasongo Longange du camp Lufungula.

Selon Maître Becy, garde du corps de Diongo, ce dernier revenait d’un deuil auquel a également assisté le Président Félix Tshisekedi. «Nous étions au deuil du docteur Kabamba à l’hôpital du Cinquantenaire où était également présent le président de la République. Ce dernier a déposé sa gerbe de fleurs et il est parti. Juste après, le président Diongo a été également appelé pour déposer sa gerbe, ensuite nous avons quitté le lieu. Mais quand nous sommes arrivés au croisement des avenues des Huileries et Kabinda, il y a eu embuscade. Le colonel Kasongo Longange du camp Lufungula, accompagné des hommes en tenue militaire et civile, l’ont enlevé et l’ont amené vers une destination inconnue», a-t-il relaté dans des propos rapportés par Okapinews.net.

Tentatives de raccordement avec le dossier Kalonda

Aux dernières nouvelles, Diongo serait détenu par les renseignements militaires, les mêmes services qui ont détenu Salomon Kalonda, conseiller spécial de l’opposant Moïse Katumbi, avant qu’il ne soit écroué à la prison militaire de Ndolo. A en croire le média 7sur7.cd, les deux affaires seraient liées. Une information démentie par le Secrétaire général adjoint du MLP en charge de la communication, Jonathan Makoba.

«Nous sommes allés à la DEMIAP, au camp Tshatshi et partout ailleurs, notre président national n’est pas là. A ce stade, nous vous affirmons que notre héros vivant est introuvable», a-t-il tempêté dans la soirée tout en dénonçant le retour de la «dictature» dans le pays. Un autre membre du MLP a alerté sur «des preuves en cours de fabrication» pour clouer son président.

Franck Diongo aurait été «cité plus d’une fois» dans le dossier Salomon Kalonda. «Franck Diongo a plus d’une fois été contacté sans succès par les services habilités pour écouter sa version des faits, étant donné qu’il est accusé de complicité», a rapporté 7sur7.cd qui a cité des sources  militaires.

Sur les réseaux sociaux, Maître Richard Mpinda, ancien membre de l’UDPS et président d’un parti membre de l’Union sacrée, connu pour avoir été poursuivi en 2022 pour «faux et usage de faux en écritures, diffamation et imputations dommageables», s’est empressé de balancer une image montrant comment une arme à feu a été trouvée à bord du véhicule de Franck Diongo, sous-entendant qu’il aurait été interpellé pour port illégal d’arme à feu.

«Un montage amateur pour charger le nouveau prisonnier politique de Tshisekedi», a tout de suite recadré un cadre de Lamuka. Un avocat de Diongo y a également vu un montage. «Mais qui a donc poussé Mpinda à se prononcer avant même l’ex-Demiap?», s’est-il interrogé.

Très vite, cette thèse est tombée en pâture quand une «attestation d’enregistrement tenant lieu de permis de port d’arme à feu» au nom de Diongo et signée par l’ancien ministre de l’Intérieurs Daniel Aselo, a été mise sur la place publique. L’analyse du document a permis de constater que le «héros vivant» est légalement autorisé à porter une arme pour avoir acquis, le 6 février 2023, un permis valable de deux ans. D’autres documents, notamment une note de perception d’USD 250 établie le 29 novembre 2022 par la DGRAD suite à une note de taxation du ministère de l’Intérieur signée le même jour, dénotent la régularité de la procédure.

Un peu moins de trois mois avant d’obtenir son permis, le 28 novembre 2022, soit la veille du paiement à la DGRAD, l’avocat de Diongo avait saisi l’ex-PM Aselo pour «resollicitation de permis de port d’arme à feu d’autodéfense» en faveur de son client après avoir introduit deux premières demandes en date des 7 avril et 7 septembre 2022.

Musèlement de l’opposition à l’approche des élections

A en croire plusieurs membres du MLP, Franck Diongo est en fait victime de sa radicalisation contre le régime Tshisekedi qu’il a accusé de s’écarter des valeurs du combat de la démocratie. «Des menaces de mort se sont enchaînées», a indiqué un membre du parti de Diongo.

A six mois des élections, ce candidat déclaré à la présidentielle s’est rapproché de Katumbi. «Il ne manquait que cet enlèvement pour couronner le plan d’anéantissement de notre président», a râlé un cadre du MLP. «Inadmissible de voir les arrestations en cascade des opposants sous le règne d’un fils du père de la démocratie congolaise», a hurlé pour sa part Kabinda Hervé, un activiste des droits de l’homme.

Opposant de différents régimes qui se sont succédé en RD-Congo, Franck Diongo a désormais dans son CV une triste ligne: il aura été arrêté par les quatre derniers présidents de la République -Mobutu, Kabila père, Kabila fils et Félix Tshisekedi.

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