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Félix Tshisekedi : «Je ne discute pas avec le M23»

Devant les caméras, le président de la République a juré vouloir la paix, mais une «paix définitive», quitte à «mettre entre parenthèses» les velléités belliqueuses de la guerre contre le Rwanda…

Pas de négociations entre le gouvernement RD-congolais et le M23, mouvement rebelle qui terrorise les populations civiles au Nord-Kivu. C’est la position du président de la République, Félix Tshisekedi, qui l’a réaffirmée au cours d’un briefing spécial avec la presse, jeudi 22 février à Kinshasa. Pour son premier rendez-vous avec la presse RD-congolaise depuis sa réélection, Tshisekedi a donné priorité à la situation sécuritaire dans l’Est de la RD-Congo où les combats entre les forces loyalistes et les rebelles du M23, soutenus par le Rwanda, se sont intensifiés à une vingtaine de kilomètres de la ville de Goma. Malgré l’avancée des rebelles, Kinshasa est de marbre. Aucune négociation possible avec ces derniers. Félix Tshisekedi s’est dit cependant prêt à entamer des «discussions» en face à face avec Paul Kagame, véritable «agresseur» de la RD-Congo.

De Paul Kagame, Tshisekedi attend surtout deux éclairages: le pourquoi des massacres des populations RD-congolaises et le pourquoi des pillages des richesses du pays perpétrés par le Rwanda de l’autre côté de la frontière. Ces pillages, a précisé le Président Félix Tshisekedi, ne concernent pas uniquement le sous-sol mais aussi les produits de la terre, notamment le thé RD-congolais, estampillé «made in Rwanda». Pour Tshisekedi, le rôle de Kigali dans la déstabilisation de l’Est de la RD-Congo est clair: «Le Rwanda se cache derrière le M23». Tshisekedi a ainsi fait remarquer que «certains aventuriers» sont mis en avant pour faire de cette «coquille vide» une revendication RD-congolaise. «Le M23 n’est pas RD-congolais. Voilà pourquoi ils refusent d’aller en cantonnement puisqu’ils seront identifiés. Ils prennent quelques aventuriers qu’ils mettent devant pour en faire une revendication congolaise. C’est pourtant clair que le Rwanda se cache derrière le M23», a tranché le Président Félix Tshisekedi.

Aussi, le locataire du Palais du Mont-Ngaliema a juré qu’il n’y a jamais eu d’accord entre Kinshasa et Kigali depuis le début de son règne, en 2019, mais plutôt un mémorandum d’entente visant une «exploitation commune» des richesses. Autre démenti, celui concernant une invitation formelle adressée au M23 pour une rencontre à Kinshasa. «J’avais refusé de les recevoir», a recadré Tshisekedi, tout en reconnaissant avoir eu écho de la présence des représentants du M23 dans la capitale et des contacts initiés avec Gilbert Kankonde, alors vice-premier ministre en charge de l’Intérieur.

«Donner une chance à la paix»

Si Kinshasa s’est dit prête, par l’entremise de son Président, à se mettre autour d’une table afin de chercher une solution pacifique au conflit, cela ne devrait pas cependant s’obtenir au prix du bradage de sa souveraineté. Les «accords scandaleux» de 2013 sont particulièrement restés au travers de la gorge du gouvernement RD-congolais qui avait concédé l’inacceptable au nom de la paix. A Addis-Abeba lors du dernier sommet des Chefs d’État et de gouvernement de l’Union africaine, Félix Tshisekedi a dit vouloir la paix, mais pas à n’importe quel prix.

En signant pour la paix, Tshisekedi est conscient d’avoir mis en veilleuse sa promesse électorale de faire la guerre au Rwanda, «à la moindre escarmouche». Depuis cette réplique culte du 18 décembre, les escarmouches, il y en a eu dans tous les sens mais pas de déclaration de guerre. «Le contexte d’aujourd’hui ne nous permet pas de mettre en pratique ce que j’avais dit», a justifié Félix Tshisekedi, citant les nombreux mécanismes pacifiques actionnés, notamment la feuille de route de Luanda et le processus de Nairobi, dans lesquels Kinshasa est partie prenante et entend respecter ses engagements. Cette position de pacifiste prôné cette fois-ci par Tshisekedi, lui-même produit de la moule UDPS, un parti qui prône la non-violence, n’est nullement un «défaut de pouvoir» ou un «manque de volonté», le Président RD-congolais préfère plutôt «donner une chance à la paix» qui est, selon lui, une «attitude plus sage que de se mettre en posture de guerre».

«Je veux la paix mais une paix définitive pour mon pays et mon peuple. Pour ça, je suis prêt à accepter de mettre entre parenthèses mes velléités belliqueuses», a-t-il insisté. La posture pacifiste de Tshisekedi n’est cependant pas une fatalité. Le Président RD-congolais se réserve ainsi le droit d’opter pour la guerre si les voix pacifiques arrivaient à échouer. Sur ce volet, il estime être paré à l’attaque qui reste la meilleure défense, selon lui.

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