Entre août 2014 et juillet 2016, le président national de l’UDPS a séjourné de manière ininterrompue à Bruxelles, en Belgique pour des soins médicaux. Pourtant, des décisions datées du 28 janvier 2015 portant révocations et nominations des cadres des fédérations du parti dans certains pays étrangers lui attribuées ont porté la mention «Fait à Kinshasa», lieu où il n’avait pas résidé à cette date! Effarant!
C’une bombe explosive dans le landerneau politique RD-congolais et particulièrement sur la maison Union pour la Démocratie et le Progrès Social -UDPS-. Deux messages d’un haut cadre de la diaspora de l’UDPS adressés à un membre éminent de la Conférence épiscopale nationale du Congo -CENCO- étalent une autre vérité, jusque-là occultée: Etienne Tshisekedi wa Mulumba ne voulait pas du tout de son fils Félix Tshisekedi Tshilombo au poste de Premier ministre, notamment pour manque d’expérience professionnelle. A la place, le «Lider Maximo» avait plutôt jeté son dévolu sur Valentin Mubake Nombi Kamwanya, son fidèle compagnon de lutte depuis les années ‘90, à défaut d’un autre compagnon de lutte, Bruno Tshibala.
Mais face à la volonté du «Vieux», comme on l’appelait affectueusement, se dressait une redoutable armada composée de «Mama Marthe», l’épouse Thisekedi, ainsi que toute la garde rapprochée dont principalement l’abbé Tshilumba, le secrétaire d’Etienne Tshisekedi, engagés en faveur de Félix Tshisekedi. L’on apprend ainsi qu’un ordre donné par feu le président de l’UDPS désignant Valentin Mubake en qualité de chef de délégation du Rassemblement aux négociations de la CENCO aurait été dévoyé par l’abbé Tshilumba, avec la complicité des alliés du Rassemblement pour confier cette responsabilité à Félix Tshisekedi.
Expertise et expérience exigées
Dans un deuxième message, le même haut cadre de l’UDPS aborde la question de la fameuse lettre qu’Etienne Tshisekedi aurait adressée au président de la République et portant désignation d’un Premier ministre. Il y a peu, le G7 Pierre Lumbi a laissé entendre que Félix Tshisekedi est cette personnalité désignée à ce poste par Etienne Tshisekedi. Voici que depuis le 27 février 2017, la toile et les médias font une large diffusion d’une lettre destinée au Président Kabila, datée du 16 janvier 2017 et présumée signée par Etienne Tshisekedi, dans laquelle le leader de l’UDPS promet d’envoyer, «pour nomination, au moment opportun et par le même canal, le nom de la personne» qu’il aura «choisie conformément à la disposition pertinente de l’Accord du 31 décembre 2016, en son point III.3.3.».
La fameuse lettre ajoute: «Soyez rassuré que mon choix devra certainement tenir compte de l’expertise et l’expérience de la personne habilitée à conduire la nation dans un climat de fraternité et d’unité conformes à tout Etat de droit». Nulle part, la correspondance ne cite Félix Tshisekedi comme l’a prétendu Pierre Lumbi.
Questions: où est passé le courrier évoqué par l’ancien conseiller spécial portant désignation du «Premier ministre» Félix Tshisekedi? S’agit-il d’un faux? Fort possible.
Récurrence des faux et usage de faux à l’UDPS
En effet, à l’UDPS, le faux et usage de faux sont très fréquents, surtout lorsqu’il s’agit d’utiliser le nom d’Etienne Tshisekedi, d’imiter sa signature pour signer des lettres par lesquelles on se donne des avantages ou on élimine ses adversaires. Il faut préciser que jusqu’à présent, les fausses lettres ont toujours fait la part belle à un seul cadre du parti: Félix Tshisekedi. En témoigne cette série de lettres référencées notamment 001/UDPS/PP/05 et 002/UDPS/PP/05 du 28 janvier 2015 par lesquelles les représentants de l’UDPS extérieure au Bénélux Adolphe Mbuyi et au Canada Claude Kiringa Iluju, adversaires réputés de Félix Tshisekedi, ont été révoqués de leurs fonctions. Et la décision N°003/UDPS/PP/015 du 28 janvier portant nomination d’un représentant titulaire et d’un représentant adjoint de l’UDPS en Allemagne.
Mais le crime n’est jamais parfait: ces décisions ont été signées officiellement de Kinshasa alors qu’Etienne Tshisekedi résidait à Bruxelles depuis le 16 août 2014 pour raisons médicales. S’agit-il d’une erreur due au copié-collé? Pas possible, car la précédente décision d’Etienne Tshisekedi, référencée 132/UDPS/PP/14 du 17 décembre 2014 contient bien la mention «fait à Bruxelles». Le faux est donc patent.
Si l’auteur n’est pas bien connu, il n’y a pas le moindre doute sur l’identité du principal bénéficiaire de ces mesures: Félix Tshisekedi, secrétaire national aux Relations extérieures à cette époque où, dans une note adressée aux représentants de l’UDPS à l’étranger, il chargeait ses victimes de «multiples déviations». Aujourd’hui, face au forcing par lequel s’illustre le chef de la délégation du Rassemblement depuis la mort inopinée du Sphinx, il y a des fortes présomptions que cette prétendue lettre signée Etienne Tshisekedi en sa faveur soit aussi un faux.
YA KAKESA
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