Tout se dit, se raconte et se révèle devant la presse accréditée et, surtout, les évêques! Pas besoin de nier ou d’aller se confesser après!
Lancées depuis le 08 décembre 2016, les discussions sous l’égide de la Conférence nationale épiscopale du Congo -CENCO-, pourtant qualifiées de «directes», s’éternisent et se transforment finalement en un lieu où les politiciens viennent se régler les comptes. Après l’épisode des injures entre Vital Kamerhe, Jean-Lucien Busa et Martin Fayulu, vendredi dernier, les évêques ont de nouveau assisté à un accrochage à l’origine d’une révélation qui a défrayé la chronique tout le week-end. Irrité par Martin Fayulu qui a ouvertement accusé la MP de soudoyer certains opposants, André Kimbuta n’a pas tardé à tacler le président de l’Ecidé: «que diras-tu alors de 40.000 dollars que je t’ai personnellement donnés? Penses-tu être spécial que tout le monde ici?». Deux secondes de silence total…le tout, dans un climat polaire. Les princes de l’église Catholique sont interloqués. Puis, Fayulu se ressaisit et se lance dans des explications interminables. Sans convaincre!
La CENCO doit vite boucler ces discussions qui durent depuis plus de 3 mois. Sinon, l’Opposition risque d’en sortir émiettée, essoufflée et surtout, totalement décrédibilisée. Quand les opposants ne se déshabillent pas entre eux comme des gamins, ils le sont désormais par la MP qui a visiblement choisi de rompre avec le silence et de répondre coup sur coup à toutes les accusations du camp en face. On parle politique mais, une fois n’est pas coutume, bonjour les potins. La plénière de vendredi 17 mars 2017, pourtant consacrée à la reprise des travaux sur les arrangements particuliers à la CENCO, a tourné court. A la base, une contestation née au sein du Rassemblement des forces politiques et sociales acquises au changement.
Alors qu’ils s’étaient affichés jusqu’ici en soutiens à l’aile du Rassemblement dirigée par Félix Tshisekedi, Valentin Mubake et JP Lisanga ont fait volte-face, remettant en cause la restructuration de ce regroupement politique qui a vu Félix Tshisekedi élevé au rang de président et Pierre Lumbi à celui du président du comité des Sages. Ils soutiennent que soit d’abord réglé le problème du leadership au sein de leur famille politique avant la poursuite des discussions sur les arrangements particuliers.
Cette position renforce Olenghankoy et Bruno Tshibala, animateurs de l’aile du Rassemblement Kasa-Vubu, qualifiée de dissidente par Limete. Sans hésiter, les délégués MP ont applaudi la motion émise par Lisanga et Mubake. Fou de rage, Fayulu n’a pu se contenir. Il s’est violemment attaqué à ses camarades, les accusant d’avoir été acheté par la MP pour diviser le Rassemblement.
Puis l’escalade verbale s’en est suivie. Présent, André Kimbuta n’a pas du tout ménagé Fayulu. Il le charge suffisamment, l’accusant d’être le premier à passer aux caisses MP. Et pour preuve, il avance même le montant que Fayulu a perçu de ses propres mains.
Dans la foulée, Mubake traite également le président de l’Ecidé «d’être un salarié de Katumbi». Déstabilisé devant ses paires, le député de la Lukunga tente de reprendre la main, niant en bloc les accusations de Kimbuta, avant d’avouer finalement avoir perçu la somme mais en guise d’un prêt qu’il aurait déjà remboursé devant témoins.
Trop tard, la nouvelle fait déjà le tour des réseaux sociaux. «Fayulu était tellement fâché qu’il voulait en venir aux mains avec Kimbuta», commente un témoin. La situation est hors de contrôle des évêques qui avaient déjà affiché leur préférence à l’aile du Rassemblement Limete. Ils se mettent à l’évidence de la gravité de la situation et projettent une tentative de réconciliation entre différentes fractions du Rassemblement.
Pendant ce temps, totalement perdu, Fayulu cherche le réconfort. Heureusement qu’il en trouve très rapidement auprès de Katumbi, auteur de ce tweet: «soutien à @MartinFayulu victime de calomnies. @rassopp dont il fait partie est uni malgré les tentatives désespérées de la #MP de le diviser». Puis, tard dans la soirée de samedi, Félix Tshisekedi lui exprime à son tour son soutien, toujours via un tweet: «comme Moïse Katumbi, j’exprime toute ma confiance et ma solidarité avec Martin Fayulu, homme droit et honnête. Surement pas un corrompu».
Fayulu honnête, vraiment?
Allié à Kimbuta en 2007 dans la course au gouvernorat de Kinshasa, le député provincial élu de Mont-Ngafula qui attendait être nommé DG à la SNEL est décrit beaucoup plus comme un mécontent et non comme opposant. «Fayulu n’est pas différent des membres du G7», commente un opposant. A un autre d’enchainer: «il est loin d’être l’homme intègre pour qui il veut se faire passer…».
Effet, selon plusieurs sources, Fayulu a longtemps flirté avec le pouvoir qui lui aurait même accordé certains marchés. «Fayulu s’est fait payer pendant plusieurs années pour du carburant qu’il n’avait jamais fourni à la CENI. Trop de surfacturation…une arnaque qui visait tout simplement de saigner à blanc le Trésor public», dénonce un ancien membre du bureau Malumalu qui avait décidé d’arrêter cette saignée.
Pendant ce temps, au sein de l’opinion, il se fait passer pour un défenseur patenté de la bonne gouvernance. Mais ce vendredi-là à la CENCO, la scène vécue rappelle tristement celle des injures de décembre entre d’un côté Jean-Lucien Busa et Vital Kamerhe et, de l’autre, toujours le même Martin Fayulu. Traités de «vendus à la MP» par Fayulu pour avoir accepté le dialogue sous la médiation d’Edem Kodjo, le duo Busa-Kamerhe avait profité de l’ouverture des travaux au Centre interdiocésain pour régler les comptes à Fayulu.
C’est jour-là, c’est Busa qui ouvre le banc! Mungala de Budjala, il mitraille son vis-à-vis, allant jusqu’à le traiter d’un villageois à la bouche puante. Pendant ce temps, Kamerhe qui laisse ses deux anciens protégés de la Dynamique de l’Opposition se savonner devant les clergés quitte la salle et promet de revenir après qu’il ait pris un verre de vin.
Près de 45 minutes après, il revient et trouve les discussions désormais à une autre étape. La tempête est passée. Fayulu et Busa se sont expliqués… à leur manière. Mais aussi longtemps qu’il n’avait encore rien dit à Fayulu, VK ne pouvait se tenir tranquille. Il rouvre le front et tire sur son voisin de l’avenue de l’Enseignement, qu’il traite de «vilain et sale garçon souvent mal habillé sentant mauvais».
De quoi faire rire toute l’assistance, sauf Fayulu, poussé dans ses derniers retranchements, qui s’en prend au point faible de VK, «sa libido mal maîtrisée». Inspiré, le leader de l’UNC affirme que ces femmes-là le suivent parce qu’il est beau et a du goût. Heureusement, la scène se passe devant et en présence journalistes accrédités et des évêques…donc, pas besoin d’aller se confesser après.
HMK
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