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Elections ou révision constitutionnelle: le Dircaba de Kabila sème la confusion

A qui croire? A Kabila ou à son Dircaba? Jean-Pierre Kambila, directeur de cabinet adjoint en charge des questions politiques du Président Kabila, a relancé mardi le débat sur la révision de la Constitution dans un tweet posté sur son compte officiel. «Une Constitution, c’est certes pas la seule condition, peut et doit aider le pays à progresser, la notre nous fragilise. Il faut la changer, le plus vite possible, il n’y a pas de raisons démocratiques d’attendre. Courage citoyen», a carrément écrit le Dircaba de Kabila, au moment où tous les esprits sont focalisés sur les élections pointant à l’horizon, le 23 décembre 2018.


Pourtant, 24 heures plus tôt, le Président de la République a réuni, à la cité de l’OUA, 300 députés et 10 communicants de la MP, conduits par Aubin Minaku, et s’est déclaré confiant en l’avenir de sa famille politique dans la perspective des élections générales prévues en décembre 2018.
Pour le Chef de l’Etat Joseph Kabila, le peuple RD-congolais doit aller aux élections programmées le 23 décembre 2018 par la Commission électorale nationale indépendante -CENI. «Aucune formation politique ne peut battre la Majorité présidentielle au vu de sa bonne organisation», a souligné l’Autorité morale de la MP devant ses hôtes.
A la faveur de la même rencontre, Kabila se prononçant sur la double nationalité, a fait savoir qu’il était là pour défendre la Constitution. A l’en croire, l’article 10 est formel sur la double nationalité. «Si on veut changer la question de double nationalité, révisons alors la constitution! Mon devoir est de faire respecter la Constitution. Je suis respectueux de la constitution», a-t-il martelé. Difficile de savoir si le Dircaba a mal interprété les propos du Président de la République ou s’il a fait une indiscrétion sur une éventuelle existence d’un projet de révision de la Constitution.
A en croire Alain André Atundu, porte-parole de la MP, la rencontre de la Cité de l’Union Africaine est une réunion régulière au cours de laquelle le Chef de l’Etat a remobilisé ses troupes sur les questions de l’heure. La semaine passée, le Président de la République s’est livré à pareil exercice avec les membres du gouvernement dans sa ferme de Kingakati.
Cependant, les écrits sur le tweet de Kambila sèment la confusion. Ils sont considérés par certaines opinions comme une provocation. Les réactions vont dans tous les sens sur le même réseau social. «C’est un provocateur, ce JP Kambila. Le sujet aujourd’hui c’est l’organisation des élections par l’application de l’accord de la St. Sylvestre. Il cherche des distractions», a répliqué Vincent Harris, non autrement identifié, appuyé par un certain Stéphane Tshisuaka qui a estimé: «une chose à la fois, nous allons de prime abord changer de président puis voir s’il faut ou pas changer la constitution».
D’un ton dur et radical, le mouvement dénommé «UDPS Changement radical» a cogné: «La constitution n’est pas votre paillasson pour être piétinée vaille que vaille par vos bottes en sachet trempées de boue venues de Hewa Bora. Osez faire votre référendum vous nous enterrerez tous!».
La déclaration de Kambila sur la révision de la Constitution fait croire à l’Opposition RD-congolaise l’existence d’un agenda caché dans les officines de la MP pour maintenir le Président Kabila au pouvoir après l’expiration de ses deux mandats constitutionnels.
«Qui vous a dit que pour recouvrer la nationalité congolaise il faut changer la Constitution? S’il y a une révision de la Constitution, ce sera pour permettre à Joseph Kabila de se présenter à nouveau», a écrit Michael Tshibangu, secrétaire général adjoint de la plateforme Ensemble de Moïse Katumbi.


Sénateur MLC, le constitutionnaliste Jacques Djoli a lui aussi répondu à Kambila en ces termes: «Une Constitution est le fondement d’un Etat. On le la change pas pour le plaisir ou le désir d’un individu fut-il… Degaulle».

Tino MABADA

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