Alors qu’il espérait convaincre le Président RD-congolais de se rallier à la candidature botswanaise au poste de secrétaire général de la Communauté de développement d’Afrique australe -SADC-, Masisi revient de Kinshasa bredouille. Ayant déjà rendu visite à la plupart des acteurs de poids de cette élection, le Président botswanais ne peut désormais éviter un séjour chez son homologue sud-africain, avec qui le courant peine à passer.
La visite officielle du Président botswanais Mokgweetsi Masisi à Kinshasa le 15 mars n’aura pas été la victoire retentissante qu’espérait Gaborone. Masisi était notamment accompagné d’Elias Magosi, Permanent Secretary de la présidence botswanaise et candidat au poste de secrétaire général de la Communauté de développement d’Afrique australe -SADC.
Masisi dans une impasse
Masisi espérait convaincre son homologue Félix Tshisekedi de soutenir Magosi, mais le Chef d’Etat RD-congolais mène également de son côté une campagne discrète en faveur de son prétendant, Faustin Luanga Mukela. Malgré les formules de politesse échangées, les deux Présidents ne sont pas parvenus à un consensus autour d’une candidature unique, comme leur avait demandé le 17 février Verónica Dhlovo, ministre des Affaires étrangères du Mozambique, actuellement à la tête de la présidence tournante de la SADC.
Ramaphosa, faiseur de rois?
Face à cette impasse, la tournée internationale du Président Masisi devra désormais inévitablement passer par l’Afrique du Sud de Cyril Ramaphosa, qu’il devra convaincre de voter pour son candidat. Et ce malgré le climat polaire qui règne entre les deux hommes. Le dirigeant sud-africain est marié à Tshepo Motsepe, sœur du milliardaire Patrice Motsepe et de Bridgette Radebe-Motsepe. Cette dernière est une amie de longue date de l’ancien Chef d’Etat botswanais Ian Khama, avec qui Masisi entretient une relation conflictuelle.
Soucieux de voir Ramaphosa avant que son homologue RD-congolais ne le fasse, Gaborone a annoncé, le 18 mars, un voyage de dernière minute de Masisi en Afrique du Sud, prévu pour le jour d’après. Le vote de Pretoria est d’autant plus important que l’hégémon régional succédera en août à Gaborone à la présidence du puissant Organe de coopération en matière de politique, défense et sécurité -OPDS- de la SADC. Masisi ne peut pas se permettre de laisser Tshisekedi faire campagne seul auprès de l’Afrique du Sud, au risque de voir ses efforts de lobbying du mois dernier, lors de déplacements en RD-Congo, au Malawi et en Namibie, réduits à néant.
Magosi, l’homme le mieux payé de la fonction publique Botswanaise et proche du Président Masisi
Alors que la Communauté de développement d’Afrique australe traverse sa plus importante crise sécuritaire depuis dix ans, le Botswana a lancé la course au poste de Secrétaire général de l’organisation en désignant Elias Magosi candidat. La nomination de ce proche du Président Masisi atteste des ambitions de Gaborone. La bataille pour le poste de Secrétaire général de la SADC est désormais ouverte, et c’est le Botswana, où est situé le siège de l’organisation, qui a lancé les hostilités. Le 20 janvier, Gaborone a annoncé la candidature d’Elias Magosi pour remplacer la Tanzanienne Stergomena Lawrence Tax, dont le mandat à la tête de l’organisation régionale prend fin en août.
La candidature de Magosi, proche parmi les proches du Président Mokgweetsi Masisi, ainsi que la décision du Botswana d’être le premier Etat de la zone à désigner un candidat attestent de l’ambition de Gaborone d’avoir pour la première fois un secrétaire général. Acteur politique de premier plan, Magosi est l’actuel permanent secretary de la présidence -ou PSP- et est en tant que tel chargé de la fonction publique nationale. Il avait été recruté personnellement pour le poste de deputy permanent secretary en 2018 par le Président Masisi.
Ce dernier n’avait alors pas hésité à lui promettre un salaire annuel hors grille de près de 1,39 million de pula -environ 105 000 euros-, ce qui avait fait de Magosi l’homme le mieux payé de la fonction publique, devant le Chef de l’Etat lui-même. Ce salaire devait convaincre Magosi de quitter le poste bien rémunéré de directeur des ressources humaines de la SADC, qu’il occupait depuis 2017, et qui lui confère une connaissance de première main du fonctionnement interne de l’organisation.
Devenu permanent secretary par intérim en septembre 2019 suite à la mise en examen pour corruption de Carter Morupisi, son supérieur de l’époque, Magosi est devenu titulaire au poste en février 2020. Il est par ailleurs cousin direct de Peter Magosi, le puissant chef du Directorate of Intelligence Security Services -DISS-, les services de renseignement intérieurs du Botswana.
Avec Africa Intelligence