Jean-Bosco Bahala, le président suspendu du CSAC, a écrit à AfricaNews via le conseiller en communication Hubert Kimbambe, mandaté jeudi 18 septembre. L’homme-lige de l’abbé a tout faux. Si Bahala reconnait son forfait en privé et devant ses collègues, demandant une seconde chance pour faire amende honorable, le conseiller en communication se bat en vain pour soigner son image dans l’opinion.
Pour ce faire, il exhorte la Rédaction et ses nombreux lecteurs à lire les Points 1 et 4 de l’article 50 du Règlement intérieur portant sur les attributions du président du CSAC. Le Point 1 stipule: «le président veille au bon fonctionnement du Conseil et en rendre régulièrement compte à l’Assemblée plénière». Le Point 2 ajoute: «Faire observer le Règlement intérieur et toutes les dispositions légales et constitutionnelles relatives au Conseil».
Il y a des fortes présomptions que le Conseiller en communication fait intentionnellement une interprétation abusive du Règlement intérieur. Pourtant, même un profane n’as pas besoin d’un dessin pour comprendre que les deux points qu’il évoque ont été violés par le président -congédié- Bahala au regard des faits dont il est présumé porter la lourde responsabilité: l’octroi frauduleux des avis de conformité en violation de la procédure fixée sur pied de l’article 17 de la Loi organique n°11/001 du 10 janvier 2011 portant composition, attribution et fonctionnement du CSAC.
Le conseiller en communication doit avoir lu le Règlement intérieur du CSAC en diagonale pour des raisons évidentes sinon il aurait compris et fait savoir que l’article 9 Point 10 de la Loi organique et l’article 11 Point 10 attribuent à la Plénière du CSAC et à elle seule la compétence de donner un avis conforme avant toute attribution de fréquence. Nul n’est besoin de rappeler à Monsieur l’abbé Bahala qu’en matière administrative, les compétences sont d’attribution. Quant à l’avis, l’article 17 alinéa 2 est limpide: «les dossiers relatifs au secteur des médias audiovisuels ou en ligne sont instruits par le Conseil pour avis conforme en vue de l’attribution des fréquences par les autorités compétentes en la matière».
A partir du moment où cette disposition n’a pas été respectée, tout avis signé et octroyé par le président ou n’importe quel autre membre de la Plénière du CSAC est un faux. Le conseiller ne se donne même pas la peine d’analyser le vrai-faux document dont il a peut-être participé à la rédaction. En effet, alors que toutes les autres décisions portent la mention préliminaire soit «L’Assemblée plénière» comme pour le communiqué officiel n°CSAC/AP/017/2014 portant relatif à la suspension du président du CSAC, soit le Bureau, l’avis -vrai/faux- de Bahala porte la mention pompeuse «Le Président». Et le conseiller veut bien défendre cette irrégularité en RD-Congo, comme si ce genre de forfaiture passerait à Londres où il vit régulièrement.
Complicité et magouille établies
D’ailleurs, le droit de réponse de HubertKimbambe reconnait que Bahala a octroyé un avis. Il ne nie pas les faits. Il ne rejette pas non plus le fait que le papier à entête utilisé n’est pas conforme. La Plénière, elle, dit que cet avis est un faux parce qu’il n’a pas respecté la procédure prévue à l’article 17. Inutile d’affirmer que la Cour Suprême de Justice devant laquelle Bahala jure de se faire entendre ne statuera pas sur un faux.
L’abbé ne se rend même pas compte qu’il s’expose et s’accuse pour avoir apposé un cachet humide au bas de l’Avis de conformité n°004/CSAC/2014 contesté en lieu et place du cachet sec que son propre conseiller en communication a apposé au bas du droit de réponse transmis jeudi à AfricaNews. L’avis en question n’est jamais signalé dans le carnet de transmission du CSAC, apprend-on. Le conseiller ne fait aucune mention de la présence frauduleuse du numéro de téléphone du conseiller financier sur le même papier à entête de l’institution, où sont repris les numéros de téléphone de l’abbé Bahala, le 0818935002, du conseiller financier Kazimbika, le 0817160178, et le 0818124326 dont le propriétaire n’est pas identifié.
Dans le communiqué officiel remis à la presse, la Plénière du CSAC indique qu’elle n’a jamais examiné ni débattu de cet avis. Le droit de réponse de Bahala ne dément pas non plus le fait que le prêtre a toujours justifié ses actes illégaux au nom du chef de l’Etat, faute interdite par l’article 135 du Règlement intérieur qui proscrit tout trafic d’influence. Qui ne dit mot consent, dit-on. Entre celui qui triche et la plénière qui plaide le respect des textes et des institutions de la République, le fauteur de trouble est facile à dénicher.
En réalité, les écrits du conseiller en communication s’apparentent aux soubresauts d’un condamné en sursis. Ils prouvent l’existence d’une officine au sein du cabinet de l’abbé Bahala. Séraphin Baharanyi, cadre à la Banque centrale du Congo -BCC- et directeur de cabinet de Bahala est l’homme orchestre présumé de cette maffia. Des sources confient que le jour où Bahala présente les membres de son cabinet il a ces mots: «Ils savent chercher l’argent!» C’est tout dire. La magouille est sous la soutane.
Pas étonnant que l’équipe placée sous la responsabilité du duo Bahala-Baharanyi s’illustre dans la mise en place d’un réseau de trafic d’avis de conformité. Se confiant à AfricaNews jeudi 18 septembre, Baharanyi avoue peut-être naïvement la faute du «cabinet et du président suspendu» et déclare chercher à travailler pour un retour au calme avec la Plénière. Mais il balbutie quand on lui demande sa recette pour faire revenir la Plénière aux bons sentiments quand on a usurpé ses prérogatives en délivrant 18 avis de conformité à son insu.
Le banquier du CSAC avoue sa complicité et, par conséquent, tout le groupe ne peut se prévaloir de ses propres turpitudes. Bahala est mis au défi de justifier comment il a délivré à Startimes un avis daté -antidaté- le 7 février 2014 alors qu’il était le premier à dénoncer l’illégalité de la firme chinoise à la faveur d’une audience chez le ministre des PT-NTIC Tryphon Kin-kiey en avril dernier.
Le conseiller en communication semble être le dernier à s’informer sur cette rencontre suffisamment médiatisée. Il doit se demander s’il est vraiment à sa place.
KISUNGU KAS