AfricaNews a eu accès à la copie d’une mise au point de la province du Kasaï Central adressée à la rédaction de l’Agence France Presse -AFP- en réaction à un précédent article intitulé «Rébellion Kamuina Nsapu en RDC: un défi tribal à Kinshasa», à laquelle l’agence de presse mondiale a refusé de faire droit, évoquant, selon nos informations, une pratique maison. Une mise au point riche en révélations cependant. Comme celle de la duplicité du député provincial Daniel Mbayi, cité comme chef d’une milice privée née du phénomène Kamuina Nsapu. Le fief de la milice entretenue par Mbayi se trouve être la commune de Nganza.
«Votre article cite le député provincial Daniel Mbayi comme une de ses sources. Tout en saluant ce souci de professionnalisme, il est important pour vos lecteurs de savoir que ce député provincial n’a jamais été médiateur dans ce conflit comme il l’a prétendu dans l’entretien vous accordé. L’honorable Daniel Mbayi a plutôt fait partie des missions du Conseil provincial de sécurité auprès du Chef Kamuina Nsapu. A chaque mission, il allait donner des informations contraires à Kamuina Nsapu», lit-on. Puis: «Après avoir tourné casaque, il a lui-même adhéré au mouvement et a entrepris d’entêter Chef Kamuina Nsapu, à qui il a promis son soutien dans son projet de marcher sur Kananga, Mbuji-Mayi et Kinshasa.
La famille régnante estime que Daniel Mbayi n’a jamais été un interlocuteur sincère. Des membres de cette famille et des proches prêts à témoigner, affirment que c’est Daniel Mbayi qui a contribué à la radicalisation du Chef Kamuina Nsapu. Aujourd’hui, tout Kananga sait que ce Monsieur joue un rôle trouble dans ce conflit tant il a pris lui-même les commandes d’une faction de la milice Kamuina Nsapu dont le fief se trouve être la commune de Nganza». Puis encore: «On n’a pas besoin pour comprendre que dans sa soif de devenir gouverneur de province ou président de l’Assemblée provinciale, Daniel Mbayi n’a pas trouvé mieux que d’entretenir, à son tour, une milice afin de pouvoir assouvir ses ambitions. Ici encore, des gens s’impatientent pour témoigner contre lui. Il serait bon que la justice s’intéresse de près à ce dossier». Ci-après, la mise au point signée par Me Mpoyi Muadia Mvita pour le compte de la province.
Mise au point en rapport avec article intitulé «Rébellion Kamuina Nsapu en RDC: un défi tribal à Kinshasa»
Nous avons lu avec intérêt l’article consacré au phénomène Kamuina Nsapu dans la province du Kasaï Central. Cependant, en notre qualité d’avocat conseil du Gouverneur Alex Kande Mupompa, nous nous faisons le devoir de faire une mise au point compte tenu des contrevérités sur lesquelles se fonde l’article, susceptibles de désorienter l’opinion et l’induire en erreur.
Origine de la rébellion
A la suite du travail de la Communauté de renseignements et des soupçons de détention d’armes de guerre et formation d’une milice, l’auditeur supérieur militaire de Kananga a signé un mandat de perquisition de la résidence du Chef Kamuina Nsapu. A l’issue de cette information judiciaire, le Chef Mpandi, absent au moment des faits, fait part d’une présumée atteinte aux attributs de son pouvoir traditionnel et d’une supposée tentative de viol d’une de ses épouses. A son retour d’Afrique du Sud, les soupçons de détention d’armes de guerre et de création d’une milice semblent se confirmer. Le Chef Kamuina Nsapu fait ériger des barrières au grand carrefour de Mbondo, secteur de Dibatayi, dans le territoire de Dibaya, et sur toutes les routes menant vers Kananga, chef-lieu de la province du Kasaï Central.
Sa milice intensifie des attaques contre les édifices et les symboles de l’Etat, tuent ou brulent vifs les hommes en uniforme de Police et de l’Armée. Elle incendie le village Ntenda, groupement Bena Muanza MandeKanioka. Les populations innocentes y périssent. Les survivants se réfugient dans les villages situés de l’autre côté de la province, au Kasaï Oriental. La milice brûle aussi les maisons des agents des services de sécurité au village Kena Kalamba, dans le groupement des Bashila Kasanga/Kamuina Nsapu. Quelques jours après, la milice récidive en prenant d’assaut le sous-commissariat de la Police à Mfuamba, groupement Bakua Tshilundu, secteur Kasangidi. Le mouvement s’étend progressivement à travers tout Tshimbulu, où les miliciens de Kamuina Nsapu prennent pour cible les édifices publics, y compris les bureaux de la Commission électorale nationale indépendante-CENI.
Ils donnent la mort aux hommes en uniforme trouvés à bord des trains à Tshimbulu et Mfuamba. Le Conseil provincial de sécurité a également dépêché quatre missions pour prendre langue avec chef Kamuina Nsapu. En vain. Curieusement, les revendications d’ordre administratif cèdent à des revendications politiques consistant à renverser d’abord les institutions provinciales, ensuite le pouvoir central. D’autres tentatives du Gouvernement à travers des députés nationaux et provinciaux, des chefs traditionnels de la République Démocratique du Congo, chef Mwat Yav, chef Ndueshi, chef Kapena et Mfumu Bols se sont soldés par un échec. L’auditeur supérieur militaire a finalement signé un mandat d’amener. Pendant son exécution, il y a eu des échanges des tirs entre la milice et les forces de l’ordre. Chef Kamuina Nsapu, qui était armé, ne s’est pas empêché d’abattre six policiers.
Les forces de l’ordre l’ont malheureusement tué pour des raisons de légitime défense. Contrairement aux allégations selon lesquelles le gouverneur Alex Kande a refusé de signer l’Arrêté portant reconnaissance du Chef Kamuina Nsapu, les lois du pays indiquent clairement qu’un gouverneur de province n’a pas qualité pour délivrer ce document administratif. Le requérant doit plutôt fournir au chef de secteur pour enquêtes d’usage un procès-verbal de sa désignation par la Famille régnante. Après cette étape, le dossier est tour à tour transmis à l’administrateur du territoire, au gouverneur de province, au ministre du gouvernement central ayant les Affaires coutumières dans ses attributions. C’est ce dernier qui se charge de le faire signer par son collègue en charge de l’Intérieur et Sécurité. Chef Kamuina Nsapu n’a jamais fourni la moindre preuve attestant qu’il a initié cette procédure légale comme il n’a jamais sollicité une audience auprès du gouverneur de province. Les allégations selon lesquelles il aurait attendu pendant huit heures au cabinet du gouverneur de province sont complètement fausses. Ni Kamuina Nsapu, ni l’une de ses femmes ni un quelconque représentant mandaté par lui, personne n’a jamais fait le déplacement du bureau du gouverneur.
Les effectifs de ses miliciens
Chef Kamuina Nsapu a initialement opéré avec un effectif d’environ 800 miliciens recrutés dans différents groupements de Dibaya, parmi lesquels des enfants mineurs, baptisés après des rites traditionnels, contraints de traverser le feu, d’avaler vives des fourmis rouges appelées Mankenene et d’ingurgiter quelques gorgés de Tshizaba, un mélange de boissons alcooliques indigènes et des fétiches que leurs encadreurs présentent comme ayant le pouvoir magique de les rendre invulnérables face à la mort. Ce nombre a augmenté au fur et à mesure que le mouvement prenait de l’ampleur.
Comment opèrent les miliciens?
Outre les fusils de fabrication artisanale, les lance-pierres, les machettes, les flèches et les bâtons mystiques, les miliciens disposent d’armes de guerre arrachées aux forces de l’ordre pendant leurs nombreuses expéditions. Au départ, ils attaquent et tuent uniquement tous les hommes en uniforme. Aujourd’hui, tous ceux qui se réclament abusivement de Kamuina Nsapu égorgent policiers, militaires et civils. Ils troublent l’ordre public et empêchent les écoles de fonctionner en dispersant les élèves. Ils pillent commerces et habitations. Ils ont des revendications politiques suites à des manipulations de certains acteurs politiques.
Le rôle du député provincial Daniel Mbayi
Votre article cite le député provincial Daniel Mbayi comme une de ses sources. Tout en saluant ce souci de professionnalisme, il est important pour vos lecteurs de savoir que ce député provincial n’a jamais été médiateur dans ce conflit comme il l’a prétendu dans l’entretien vous accordé. L’honorable Daniel Mbayi a plutôt fait partie des missions du Conseil provincial de sécurité auprès du Chef Kamuina Nsapu. A chaque mission, il allait donner des informations contraires à Kamuina Nsapu. Après avoir tourné casaque, il a lui-même adhéré au mouvement et a entrepris d’entêter Chef Kamuina Nsapu, à qui il a promis son soutien dans son projet de marcher sur Kananga, Mbuji-Mayi et Kinshasa. La famille régnante estime que Daniel Mbayi n’a jamais été un interlocuteur sincère. Des membres de cette famille et des proches prêts à témoigner, affirment que c’est Daniel Mbayi qui a contribué à la radicalisation du Chef Kamuina Nsapu.
Aujourd’hui, tout Kananga sait que ce Monsieur joue un rôle trouble dans ce conflit tant il a pris lui-même les commandes d’une faction de la milice Kamuina Nsapu dont le fief se trouve être la commune de Nganza. On n’a pas besoin pour comprendre que dans sa soif de devenir gouverneur de province ou président de l’Assemblée provinciale, Daniel Mbayi n’a pas trouvé mieux que d’entretenir, à son tour, une milice afin de pouvoir assouvir ses ambitions. Ici encore, des gens s’impatientent pour témoigner contre lui. Il serait bon que la justice s’intéresse de près à ce dossier.
Fait à Kinshasa, le 29 mars 2017
Maitre Mpoyi Muadia Mvita Muena Kasaï
Avocat-conseil du Gouverneur
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