ONU, USA, UE, Royaume Uni, CENCO: des messages qui en disent long sur le cliché horrible et anti-démocratique que s’est construit le Régime Tshisekedi…
«Si nous étions un pays sérieux, composé des citoyens sérieux, personne ne pouvait accepter que ce genre de manifestation soit organisé». La déclaration de Peter Kazadi, vice-Premier ministre en charge de l’Intérieur, mercredi 24 mai en conférence de presse à Kinshasa, fait débat. Le n°2 du gouvernement Sama Lukonde s’est tiré une balle dans le pied, selon plusieurs analystes.
En tentant de défendre les dérives du régime et l’usage disproportionné de la force, l’ancien Directeur de cabinet de Félix Tshisekedi, alors président de l’Union pour la démocratie et le progrès social -UDPS-, qui a renfilé, le temps d’une sortie médiatique périlleuse, son costume de combattant, oubliant ainsi ses charges d’homme d’Etat, a craché sur près de 40 ans de lutte incarnée par un homme: Etienne Tshisekedi. Le défunt père du Président a en effet consacré les 3 dernières décennies de sa vie à lutter pour obtenir la démocratie avec la liberté d’expression et de manifestation qui va avec.
Sans aller par le dos de la cuillère, le VPM Peter Kazadi a laissé entendre que le régime n’a pas permis de bon cœur la marche de l’Opposition violemment réprimée le 20 mai. Le pouvoir, a-t-il sous-entendu, a laissé faire l’Opposition par contrainte afin d’éviter tout sermon d’«une communauté internationale», prête à «dicter chaque fois la ligne à accomplir». Selon lui, le régime est «obligé de tolérer des choses qui font mal, pour ne pas être accusé, être transféré devant la Cour pénale internationale, pour ne pas être sanctionnés financièrement, pour ne pas être interdit de passer ici et là».
Des propos «épris d’un militantisme effroyable» qu’a débités un homme d’Etat sans froid aux yeux, au lendemain d’un autre épisode malheureux après celui du samedi 20 mai. Mardi 23 mai, Katumbi s’était vu empêcher de traverser la frontière du Kongo-central où il devait tenir un meeting le même jour à Mbanza-Ngungu. Un événement qui a rappelé août 2018 quand le même Katumbi était bloqué du côté zambien de la frontière de Kasumbalesa par le régime, dictatorial selon l’UDPS, de Joseph Kabila. Comme si cela ne suffisait pas, jeudi 25 mai, l’Opposition a été empêchée de tenir son sit-in devant le siège de la Commission électorale nationale indépendante -CENI- pour protester contre le processus électoral «chaotique».
Pluie de condamnations
Ce cocktail de répressions et de restrictions de l’espace politique a suscité un vif débat dans les salons huppés et sur les réseaux sociaux. Cette dérive, signée UDPS avec, de surcroit, à sa tête un fils du Sphinx d’heureuse mémoire, laisse sans mot bon nombre d’observateurs. «Ces 6 derniers jours, sûrement qu’Etienne Tshisekedi s’est retourné dans sa tombe en voyant la honte que son fils lui fait», a regretté un acteur politique jeudi dans un groupe WhatsApp. Sur Twitter, un autre politique a fait remarquer que «l’exercice de la démocratie devient amer pour l’UDPS». L’auteur a dit ne pas comprendre qu’un parti politique, qui a fait 37 dans l’Opposition pour l’instauration d’un État de droit, soit auteur et, pire, vienne défendre la répression sanglante de la marche de l’Opposition du 20 mai et la perturbation du sit-in de ce jeudi 25 mai devant la CENI. «Cela démontre clairement que Félix Tshisekedi et sa cohorte se sont battus pour des valeurs dont ils n’avaient pas la maîtrise. Les dérives dictatoriales viennent de s’ajouter au tribalisme, au népotisme, au trafic d’influence, au clientélisme, au détournement, à la gabegie financière et à l’anarchie qu’ils ont érigés en système de gouvernance en RD-Congo», a-t-il conclu.
Ces derniers jours, le régime Tshisekedi a semblé clairement seul contre tous. Des Etats-Unis à l’Union européenne en passant par Londres, la CENCO et les Nations-Unies, tous ont condamné l’attitude de Kinshasa. Parmi les premiers à lever la voix, l’Eglise catholique avait exhorté «le peuple RD-congolais à ne pas céder à la peur face à la barbarie organisée pour l’intimider», expliquant que la force utilisée pour molester l’Opposition pouvait servir «au front pour sécuriser le pays et non pour brimer la population dans les villes». Pour l’Union européenne, le respect des libertés publiques, y inclus la liberté de réunion et d’association, est «essentielle et constitue un élément déterminant d’un scrutin apaisé». Elle a ainsi condamné «la répression violente» de la manifestation de l’Opposition et «l’usage disproportionné de la force à l’encontre des manifestants, y compris des mineurs».
Dans le même sens, les États-Unis ont exprimé leur préoccupation face aux «indications d’un usage disproportionné de la force par les forces de sécurité en réponse aux manifestations à Kinshasa le samedi 20 mai, y compris l’agression d’un mineur».
Depuis Pékin, où il est arrivé mercredi, le Président Tshisekedi a emboité le pas à son VPM de l’Intéieur, optant pour une posture offensive. Jeudi, il a eu des mots durs concernant ses opposants à qui il reproche de ne pas savoir exactement ce qu’ils veulent. «Elle -Opposition- a dénoncé la CENI, la Cour constitutionnelle et finalement ils ont rejoint le processus. Cela me rappelle 2018 lorsque les mêmes étaient en train de dénoncer la machine à voter, pour finalement appeler à voter à une semaine des élections. On ne sait pas ce que l’on veut», a déclaré Félix Tshisekedi devant la diaspora RD-congolaise de Chine, avant d’accuser une possible main noire de Kagame: «Ça rejoint les velléités de cet horrible voisin qui peut déstabiliser la RD-Congo à l’Est, et maintenant emmener le foyer de tension au cœur de Kinshasa tout en comptant sur une ébullition du côté du Katanga. Nous sommes au courant de tout ça. Ne vous en faites pas. Et nous allons nous défendre bec et ongles… Ce dont je suis sûr, ce que nous ne perdrons pas cette bataille». Des déclarations qui ont vite jeté l’huile au feu. «En 2018, il était aussi contre la machine à voter avant de l’accepter à la dernière minute, certainement après avoir obtenu des garanties de Kabila. Puis, l’Opposition d’aujourd’hui incarne l’UDPS, elle refuse tout. Rien de nouveau», a réagi un internaute sur le compte de la radio Top Congo. Et à un autre de conclure: «comme qui dirait, la critique est aisée, l’art difficile, très difficile. Qui aurait cru voir l’UDPS faire l’apologie de la démocrature?».
Natine K.