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Crise humanitaire: la Conférence internationale des donateurs fixée au 27 mars

C’est une victoire très bénéfique que vient de remporter Samy Badibanga, ancien Premier ministre, au profit de ses concitoyens gangrenés par une crise humanitaire sévissant à travers la RD-Congo. La Conférence internationale des donateurs pour le Congo a été programmée pour le 27 mars 2018 consécutivement à l’appel lancé par Badibanga au nom de la coordination Espoir avec le Cardinal Laurent Mosengwo, pour le compte de l’Eglise catholique, et le révérend Bokundoa, pour celui de l’Eglise protestante.
Lancé auprès des Nations unies, de l’Union européenne, de la France et de l’ensemble de la communauté internationale, cet appel a eu un écho favorable, une action humanitaire forte étant sur le point d’être initiée afin de sauver des millions de vies et redonner l’espoir d’un nouvel avenir.
«Au début de 2018, la priorité absolue est de protéger la vie de 13 millions de personnes menacées par la catastrophe humanitaire en cours au Kasaï, au Kivu, au Tanganyika et autres provinces du Congo», a dit l’élu de Mont-Amba dans une tribune parue dans les colonnes de Jeune Afrique, évoquant au passage que la réponse à cette catastrophe demeure impérativement la tenue d’une conférence internationale des donateurs pour financer USD 1,68 milliard du plan de réponse humanitaire des Nations unies pour la RD-Congo. «Sans conférence internationale des donateurs, le plan de réponse humanitaire des Nations unies pour 2018 ne sera même pas financé de moitié. À la fin janvier 2018, il était financé à 2 %, faisant des Congolais en détresse les oubliés de la planète», a-t-il martelé. Ci-après l’intégralité de la tribune de l’ancien Premier ministre, Samy Badibanga, parue chez Jeune Afrique.
LOI
 
Tribune de Badibanga sur la Conférence internationale des donateurs
Le casse-tête politique des élections nous a tous aveuglé : l’urgence en RDC est autant politique qu’elle est humaine et humanitaire. Oui, il faut tout faire pour que le peuple congolais puisse choisir ses dirigeants à la fin 2018. Mais, au début de 2018, la priorité absolue est de protéger la vie de 13 millions de personnes menacées par la catastrophe humanitaire en cours au Kasaï, au Kivu, au Tanganyika et autres provinces du Congo. Et cela passe impérativement par une conférence internationale des donateurs pour financer les 1,68 milliard de dollars du plan de réponse humanitaire des Nations unies pour le Congo.
Chaque seconde qui passe, cette catastrophe tue. Elle tue des femmes, des enfants et des hommes qui ont fui les violences, se sont cachés dans la forêt ou plus loin, et qui n’ont plus rien à leur retour. Cette catastrophe pourrait bientôt faire entre un et deux millions de morts si l’aide humanitaire n’est pas financée.
2,8 millions de personnes pourraient mourir de faim dans le Kasaï
Ces chiffres, qui donnent le vertige, traduisent pourtant très mal la réalité d’un enfant ou d’une femme qui rendent leurs derniers souffles, puisqu’ils vont mourir. Tués, non pas par les violences, mais par la famine ou la maladie.
Une crise humanitaire moins financée
La crise au Congo est négligée. Aujourd’hui l’une des plus grandes crises humanitaires de la planète, elle est aussi la moins financée, bien que placée au niveau maximum d’urgence humanitaire par les Nations unies. Le conflit entre pygmées et bantous au Tanganyika a déjà, à lui seul, déplacé 500.000 personnes, soit autant que de Rohingyas en Birmanie. Au Tanganyika s’ajoute le Kasaï, avec 1,5 million de déplacés, le Kivu, avec plus de 950.000 déplacés, et d’autres provinces, pour un total de 4,35 millions de personnes, selon l’Unocha.
En RDC, les besoins de financement de l’aide humanitaire s’élèvent à 1,68 milliard de dollars en 2018
En Ouganda, 238.000 Congolais se sont réfugiés pour fuir les violences au Kivu, et mille de plus arrivent chaque semaine. Au Burundi, 7.000 personnes s’y sont réfugié et 330.000 individus sont allés en Angola, pour ne citer que ces pays-là. Qui sait, aujourd’hui, que l’ensemble des déplacements de population au Congo est plus important qu’en Syrie, en Irak et au Yémen réunis ? Combien de ces 4,35 millions de déplacés rejoignent les routes de la migration par la Corne de l’Afrique vers les camps d’esclaves de Libye ?
Alors que le conflit né au Kasaï, en août 2016, a fait 5.000 morts jusqu’à maintenant, 2,8 millions de personnes pourraient y mourir de faim. Comment croire que ces populations, qui ont survécu au conflit et qui reviennent aujourd’hui avec la fin des violences, ne trouvent ni nourriture, ni eau, ni toilettes, ni vêtements, ni toit, ni abri, ni travail, ni écoles, ni service public, mais des villages brûlés, des centres de santé pillés, des routes détruites, le choléra et des plantations agricoles ravagées ?
Pour une conférence internationale des donateurs
C’est cet appel au secours venu des églises, où la population se réfugie, que nous transmettons depuis début novembre 2017, au nom de la coordination Espoir, avec le cardinal Mosengwo pour l’église catholique et le révérend Bokundoa, président de l’église protestante, aux Nations unies, à l’Union européenne, à la France et à l’ensemble de la communauté internationale. C’est au nom de cette population meurtrie, violée, déplacée et abandonnée que nous demandons l’organisation urgente d’une conférence internationale des donateurs.
Le 17 novembre 2016, la Conférence Internationale pour la République Centrafricaine avait permis de réunir 2,2 milliards de dollars. En RDC, les besoins de financement de l’aide humanitaire s’élèvent à 1,68 milliard de dollars pour 2018, selon les Nations unies. Le Congo, dont la population avoisine les 90 millions, vingt fois plus que la RCA et ses 4,59 millions de personnes, a grand besoin du même niveau de solidarité mondiale.
À la fin janvier 2018, le plan d’aide n’était financé qu’à 2%
Sans conférence internationale des donateurs, le plan de réponse humanitaire des Nations unies pour 2018 ne sera même pas financé de moitié. À la fin janvier 2018, il était financé à 2 %, faisant des Congolais en détresse les oubliés de la planète. Pourtant, une action humanitaire forte peut sauver des millions de vies et redonner l’espoir d’un nouvel avenir.
En ajoutant à l’aide d’urgence des actions post-conflit de réhabilitation des infrastructures socio-économiques, il sera possible d’envisager un progrès vers les objectifs de développement durable, dans un pays de près de 90 millions de personnes dont tout progrès peut avoir un impact majeur dans la région. C’est là que doit nous mener la conférence internationale des donateurs pour le Congo, que nous appelons la communauté internationale à organiser au plus vite.

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